GARDIEN

James

Le soir, Jenny et moi étions de sortie au bar du Spectre ( Une boîte de nuit très mal famée ). Presque tous les ados de la ville fréquentaient cet endroit, ce qui n'était pas notre cas. C'était une soirée un peu spéciale car nous n'avions vraiment pas l'habitude de sortir. La musique résonnait dans toutes les rues, et à l'extérieur du bâtiment, on pouvait voir des personnes danser par les fenêtres.
Nous nous installâmes sur les tabourets du bar.
- Tu vas voir, ça va être la meilleure soirée de ta vie ! Déclara Jenny, en souriant.
Je levais les yeux au ciel. Je n'étais pas vraiment convaincue de cette sortie. Le Spectre n'était pas réputé pour être un endroit très saint et la police avait l'habitude de s'y rendre.
- On verra. Répondis-je.
Un barman s'approcha. Jenny fit une drôle de grimace en voyant son visage. Celui-ci était très beau, et elle était peut-être en train de tester une de ses fameuses techniques de drague. Je souris. Le barman leva les sourcils en nous voyant.
- Je vous sers quelque chose ? Fit-il.
- Un coca s'il vous plaît, dis-je.
Je me tournais vers Jenny qui n'avait toujours pas changé d'expression.
- Enfin, deux cocas, poursuivis-je.
- Je vous les apporte tout de suite.
Il partit. Jenny le suivit du regard.
- Qu'est ce que tu as, Jenny ? Demandais-je.
Elle se tourna vers moi.
- Rien.
- Arrête ! Tu fixes le barman comme si c'était une torture de le regarder.
- C'est un peu le cas.
Je fronçais les sourcils. Que me cachait-elle ? Le barman revint avec deux cocas.
- Et voilà. Dit-il.
Il glissa un papier dans le plateau. Mes yeux inquisiteurs se sont levés vers lui. Il avait les cheveux noirs en bataille, un regard perçant et ténébreux, une carrure svelte et splendide et ses vêtement étaient tous sauf colorés: noirs, encore une fois.
Je désignais le papier d'un signe de tête.
- Regardez par vous-même, rétorqua-t'il d'une voix mielleuse.
Je lui lançais un regard suspect. Je pris le papier en main et le dépliais. Son numéro de portable. Mon sourire forcé a dû se voir sur mon visage fermé. Génial. Je le lui tendis.
- Je n'en veux pas.
- Vous pouvez très bien le garder mais ne pas m'appeler.
- Elle n'en veut pas, t'as compris ?
Mes yeux s'élargirent lorsque j'entendis la voix de Jenny. C'était d'une telle violence que ma gorge se noua.
Le sourire du barman s'agrandit.
- Je m'appelle James. Toi c'est Dabria, je me trompe ?
Il me fixa avec une telle intensité que j'en devins mal à l'aise. Comment savait-il mon nom ? La mâchoire de Jenny se crispa.
- Oui... comment... ?
- Je le connais, c'est tout, a-t-il ajouté brusquement. C'est un joli prénom.
-  Euh... merci...
Ce type me faisait un peu peur mais je voulais tout de même garder son numéro. Je le rangeais bien précautionneusement dans la poche de mon jeans. Voyant mon geste, Jenny m'attrapa par le bras et m'entraîna vers la sortie.
Le barman eût un sourire moqueur et me fit un signe de la main pour me dire au revoir. Géniale comme soirée. Jenny et moi rentrâmes à la maison. Nous habitions en plein centre-ville. C'était une belle maison moderne mais elle ne ressemblait en rien à une maison de riche. Jenny travaillait en tant que caissière dans un centre commercial et il n'y avait donc que mon salaire qui comptait le plus même si pour l'instant je débutais dans ma carrière. Elle ouvrit la porte et s'arrêta d'un seul coup pour se tourner vers moi.
- Heureusement que je t'ai sortie de là, ce type avait sûrement de mauvaises intentions. 
Elle était à bout de nerf, cela ne lui ressemblait pas.
- Je ne savais pas que tu étais soucieuse à ce point là ! Il a seulement discuté un peu avec nous. Il travaillait, Jenny !
- Et bien justement, pourquoi il discutait avec nous alors ?
Je levais les yeux au ciel tout en soupirant.
- Tu voyais d'autres clients à servir à par nous ? Non.
Jenny me dévisagea.
- Dis-moi ce qui ne va pas. Je suis psy et je suis aussi ta meilleure amie.
- J'aurai bien aimé te le dire, mais c'est classé top secret.
- Quoi ? Je croyais juste que tu étais amoureuse du barman !
Jenny fit une grimace et haussa les sourcils en hochant nerveusement la tête.
- Lui ? Non ce n'est pas ça du tout ! Sinon c'est sur que je te l'aurai dis.
- En tout cas, il m'a donné son numéro, j'imaginais que tu pouvais être jalouse...
Elle leva les yeux et eût une mine triste.
- Ma pauvre, il est loin d'être amoureux de toi, crois-moi. Ne t'imagine pas des choses. Ce qu'il veut peut être mortel pour nous deux.
Sur ce, elle alla dans sa chambre, me laissant complètement seule dans le salon.