Six

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Elsa

_ J'aime bien me caler ici, et écouter l'eau qui coule. Ce bois, c'est vraiment un sanctuaire pour moi, un lieu où je peux respirer à nouveau.

C'est étrange de ce dire que la dernière fois que je suis passée devant ce ruisseau, j'ai pensé à elle, en me disant que j'aimerais l'emmener ici. L'idée au début semblait débile, mais maintenant que je sais qu'elle aussi adore cet endroit, ça me fait plaisir.

Après avoir quitté la balade, nous nous sommes dirigées dans ce bois, en passant par des sentiers vides, au dehors de la ville. Comme je peux aimer le sud. Cela fait longtemps que je ne me suis pas sentie en si grande paix avec moi-même. L'air doux de cette fin d'été, le chant reposant des oiseaux, la petite bise qui me caresse les joues ainsi que sa voix chantante, envoûtante et sexy à souhait qui me compte toute sorte d'histoires, contribuent à me sentir bien.

Elle s'assoie près du ruisseau, et me regarde. Je marque une pause.

_ Je ne sais toujours pas ton nom.

_ Oh bien sûr, où avais-je la tête ? Je m'appelle Ebonie, enchantée de te connaitre, elle me dis avec un sourire enfantin.

Je ris.

Nous passons un bon bout de temps à rester allongée dans l'herbe, à parler de tout et de rien, à écouter le son immuable de la nature. Près d'elle, le temps ne semble pas s'écouler.

Je lui raconte mes projets d'avenir, qu'est ce que je fais ici. Je lui parle de ma famille, de ma mère. J'ai l'impression d'avoir trouvé en elle une oreille attentive qui ne porte aucuns jugements. Elle m'écoute, me conseille. Elle me fait également beaucoup rire.

On peut parler de tout et n'importe quoi.

_ Tu dis qu'il doit baiser un cochon ? Les ravisseurs n'ont rien trouver de mieux que de lui demander de BAISER un cochon ?

_ Oui, c'est un truc de fou. Le pire c'est qu'il le fait, parce que à cause des réseaux sociaux, de la médiatisation, tout prend un ampleur gigantesque. Et des millions de gens ont regardés ça et...

Sa bouche parle, ses yeux parlent, ses mains parlent. Elle est captivante. Mon dieu, pourquoi je ne peux m'empêcher de la bouffer des yeux ? Qu'est ce qui m'arrive. J'aurais envie de la prendre dans mes bras. De sentir son parfum... De sentir sa peau...

Arrête ça Elsa.

_ Oh non c'est pas possible ce chien !

Je me retourne vers le ruisseau. Ginger patauge dans l'eau, en essayant vainement d'attraper des poissons. Il se marche sur les pattes, et tombe.

J'explose de rire. Elle se lève et part le rejoindre. Ils chahutent, se battent comme de vrais copains. Elle l'arrose et le pousse, il lui saute dessus. Je n'avais jamais vu un lien aussi fort entre un être humain et son compagnon domestique.

Elle lui murmure à l'oreille en me regardant. Je souris, en me les imaginant s'allier afin d'accomplir de vils machinations. Soudain, les deux se dirigent vers moi en courant, Ebonie m'attrape par la taille, et me soulève. Je me débat en riant.

_ Non, non s'il te plait, elle est froide l'eau !

En un rien de temps je me retrouve dans le ruisseau, assiégée par deux casses coups qui m'aspergent. Je balance Ebonie à l'eau, elle s'accroche à moi et nous manquons de tomber. Puis sans que je m'y attende, elle me serre fort dans ses bras.

Ebonie

Je sens son cœur battre contre ma poitrine. Sa respiration joindre la mienne. Son souffle chaud contre mon oreille. Son corps, trempé, collé au mien. Cela fait un éternité que je ne me suis pas sentie aussi bien dans les bras de quelqu'un... 

Oui,elle est là, dans mes bras. Ce matin encore, je pensais lâcher l'affaire, l'oublier, et voilà que maintenant je la prend dans mes bras. Je pourrais passer l'éternité dans ses bras. Qu'elle conne je fais.

Je la lâche soudainement, et lui souris. Elle me regarde si intensément que je détourne mon regard.

C'est vrai qu'avec elle, le temps passe vite,et que les minutes sont des secondes. Avec elle, je me suis plus exprimée qu'avec quiconque d'autre ces derniers mois.Je me suis sentie bien, et je me sens toujours bien. Heureuse. Mais à quel prix ?

Je vais surement lui faire du mal tôt où tard... C'est une personne merveilleuse et éclatante de vie. Je vais la souillée.

Je me dirige vers mes affaires et les récupères.

_ Où est ce que tu vas ?

_ Je rentre. Et il faut que tu rentres aussi... La nuit va bientôt tomber. Et tu vas avoir froid toute mouillée.

_ Mais non, j'ai pas froid. Laisse moi te raccompagner.

_ Non c'est pas la peine. Prend ma veste.

Elle fais la moue et refuse de prendre ma veste. Elle est craquante, et je me mordille la lèvre pour réprimer mon envie de l'embrasser. 

_ Et si je te raccompagne ? Tu prends ma veste ?

Elle me souris.

Elsa

Arrivée devant chez moi, elle se prépare à repartir. 

_ Et tu me dis pas au revoir ? 

_ Désolée.

Elle me dépose un baiser sur la joue gauche et me souris. Je fronce les sourcils. Mon ventre se contracte.

_ T'as une drôle de mine depuis toute à l'heure. 

_ Je suis fatiguée.

_ Tu récupères pas ta veste ?

_ Non, garde la. Tu me la rendra plus tard.

Elle descend les escaliers. J'ai un pincement au cœur, je voudrais qu'elle reste encore. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un drôle de pressentiment. Depuis qu'on est partie, elle s'est montrée plus distante. Cela me trouble. J'aimerais lui courir après, la prendre dans mes bras, lui demander ce qui ne va pas, ce que j'ai fait, m'excuser, lui dire de rester, que je ferais n'importe quoi pour.

Mais je fais rien de cela. Je ne suis pas comme ça.

_ D'accord. Du coup on va se revoir ? 

Elle se retourne. Marque une pause. Puis elle me sourit. Timidement mais sincèrement.

_ Bien sûr, princesse.

En rentrant chez moi, je m'affale sur mon lit. Je ne suis pas descendue manger. Je n'ai pas arrêté de penser à elle. A ma journée, à ma joie d'être à ses côtés, à notre embrassade, à son cœur contre le mien, à ses mains posées sur mes reins, à son sourire,sa voix, ses yeux, à sa froideur quand elle m'a raccompagnée, son silence, comme si il s'était passé quelque chose de mal, dérangeant, mais non rien, je ne comprends, je deviens folle. 

Pourquoi ? Pourquoi je n'arrête pas de penser à ça comme si ma vie en dépendait ? Il y a des choses plus important auxquelles je ne devrais pas rester de marbre. Je déteste les gens qui passent leurs vies à dépendre d'une autre personne. Je n'ai jamais été comme ça; dépendante. Je n'ai jamais eu que quelques potes, avec qui je ne partageais presque rien et cela me convenait très bien.

Alors pourquoi je me sens soudainement dépendante ? Je ne pense qu'à une chose : la retrouver. Devrais-je m'inquiéter ? Comment pourrais-je concevoir cette dépendance ?

De l'amitié ? De l'attirance ? Je ne suis pas débile, je sais que l'homosexualité existe, mais je ne me suis jamais sentie comme telle. Je ne suis pas lesbienne, je le sais. 


Bonjour, alors voilà comme promis le sixième chapitre de "Mon étincelle". Maintenant que je suis relancée, je vais être plus régulière dans mes travaux; n'hésitez pas à poster dans commentaires ou à aimer (si vous aimez bien sûr hihi) ça m'encourage. 

Merci d'avance, des baisers. 

* Amanda :D



Mon étincelle [annulé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant