La cabane

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Je trébuchais sur une branche et me relevais je la revis. Cette fois-ci, je restai clouée sur place, pétrifiée, le coeur battant à tout allure. Comment m'avait-elle retrouvée? La silhouette s'approchait; je voulais reculer mais mes pieds ne m'obéissaient plus. C'est là que tous se passa au ralenti: elle tendit le bras, mais retrouvant le contrôle de mon corps, je me retournai et filai.
Sur mon chemin, j'entendis un grincement, un grincement presque inaudible mais assez pour que je puisse l'entendre, un grincement me rappelant le portique dans mon jardin... Le portique! Je courus vers le bruit, je reconnaissait la route menant à ma maison!
Mais quand j'aboutis à la fin du chemin, ce n'était pas mon joli pavillon de vacances qui se dressait devant moi mais une cabane. Une cabane en bois sombre et seul dans cette vaste forêt. Une vieille cabane.
Térrifiée à l'idée de rester seule dehors, une nuit de pleine lune, dans le froid, avec une étrange créature à ma suite, j'entrais dans la vieille et petite bicoque... Je m'y barricadais, un banc, un bureau, un tabouret, tout ce que j'avais sous la main: devant la porte.
J'attendais, à l'écoute d'un bruit, d'un craquement. Mais rien. Pas un bruit. Plus personne. Silence total.
Je poussais un long soupire, me laissant glisser contre le mûr, je ramenais mes genoux près de moi, les entourant de mes bras et posant mon menton dessus.
A l'intérieur, il ne faisait pas plus chaud qu'à l'extérieur, il ne faisait pas plus chaud qu'à l'extérieur, ni plus clair d'ailleurs. Dans toute cette pagaille, je vis un petit cadre, par terre, la photo à l'intérieur était vieille mais l'on pouvait encore distinguer une jeune femme, qui me ressemblait un peu en fait mais en plus vieille, avec un jeune homme.
Malgré l'oscurité, j'étais encore capable de voir les petites inscriptions sur les bordures du cadre, il y avait une date:le 13 août 1905 et à côté ,il y avait des mots d'une langue étrangère :" anathemate quicquam".
Je n'eus pas le temps de voir plus que la porte s'ouvrit brusquement, je me relevais d'un coup et courus à l'opposé de la pièce, la "créature" s'avança, ses pieds effeurant à peine le sol.
Epouvantée, tremblante, je reculais doucement tandis qu'elle s'approchait; mon dos percuta le mur. Ne lui laissant pas le temps de s'approcher plus, je pris la fuite et partis dans le vieil escalier. Dans mon élan, une marche céda sous mon poids. J'aurais du tomber si je ne m'étais pas retenue à la rambarde, mais elle aussi se brisa. Je m'étendis de tout mon long contre le sol.
Tout ce bruit n'avait pas échappé à la "bête"; elle se trouvait maintenant debout derrière moi, grognant mon nom...
"Qui êtes-vous? Que me voulez-vous?" lui demandais-je, debout moi aussi.
Elle marmonnait quelque chose que je ne pu comprendre, alors je me rapprochais.
"Chaque siècle en ce jour....... Pleine lune...... Malédiction....... Toi........ et maison......."
Je ne comprenais rien à ce charabia; je reculais, me rapprochant du vieux miroir sale et taché près de la cheminée, je me retournais et vis à ma place: la dame sur la photo, je pivotais pour la chercher mais elle n'était pas là et l'ombre avait disparue. Je regardais encore une fois dans le miroir et la dame était toujours là, à ma place. Je levais le bras pour essuyer la crasse mais j'arrêtai mon geste quand je vis que la femme m'imitait, je levais alors le deuxième bras, elle continuait, je bougeais la tête, les bras, sautais, encore et encore et elle n'arrêtait pas! Tout n'était que confusion dans ma tête. J'approchais ma main de mon visage et sentis une peau sèche, rèche, vieille et toute frippée... Je levais ma main devant mes yeux: elle était frippée, comme la main d'une vieille.
Je me rapprochais du miroir et écarquillais les yeux quand je compris que cette dame n'était rien d'autre que mon reflet! J'étais horrifiée.
Je voulus m'assurer de ce que je voyais, donc j'essuyai la crasse du miroir; et je me vis.
Seule.
Stupéfaite.

La maison GaultierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant