Retour à la maison

Chapitre 10 (suite)

Toujours PDV de Clarke

Je reconnaissais la forêt alentour pour l'avoir parcourue des dizaines de fois. En effet, nous nous trouvions entre le Dropship et le Camp Jaha. Je pense que dans moins d'un quart d'heure nous serions arrivés. Et, dans un quart d'heure, je devrais repartir, seule.

Bizarrement,je ne ressentais aucun stress face à cette idée. De la tristesse de devoir les abonner, oui. De même que du désespoir et de la haine envers moi-même pour ce que j'avais fait. Mais de appréhension,non. Jamais. Je n'avais que ce que je méritais. Si j'avais agis différemment, si je n'avais pas tué autant de personne, si je pouvais me pardonner, alors j'aurais pu rester. Mais on pourrait refaire l'histoire du monde avec les « si ». Par exemple, s'il n'y avait pas eu cette dernière guerre nucléaire, nous n'aurions pas été obligés de fuir dans l'espace et rien de tout cela ne serai arrivé. Je serais une adolescente lambda, avec des soucis de jeune adulte, tout comme les autres 100.

Mais je ne pouvais pas me permettre de penser comme cela. Ce qui était arrivé, était arrivé. Et c'était ma faute. Point.

Je n'appréhendais même pas le fait que je ne savais pas où j'allais aller quand je partirais.Pourtant,aucun endroit au monde ne me semblait assez reculé pour que je me remette de tous mes mauvais choix. Pour que ce désespoir et cette tristesse cesse de m'envahir. Pour que j'arrête de croire que je suis un monstre.

Peut-être devrais-je essayer de rejoindre la City of Lights comme Jaha, Murphy et quelques autres ont tentés de le faire ? Cet échappatoire n'étais peut-être pas la meilleure décision à prendre, du moins de leur point de vue, à ce moment de notre histoire. Mais maintenant, moi, pourquoi pas ? A moins qu'une autre destination soit meilleure ?

Avant sa trahison, Lexa m'avait proposé d'aller, avec elle à Polis. Que cette ville m'étonnerai et supprimerai tous les préjugés des Grounders que j'avais en tête. Mais, pour m'évader et ne plus entendre parler de guerre, d'alliance ou quoi que ce soit d'autre,ce n'étais pas non plus le meilleur choix. De plus je n'avais rien pardonné à Lexa. Et je n'étais pas sûre de réussir à le faire un jour. Sa trahison avait été le déclencheur de tout ce qui c'était passé. Et c'était suite à ça que je m'étais brisée. Que j'étais devenu un monstre dépourvu de tout sentiment. Tout comme elle. Je crois que si je la retrouvais, je lui trancherai la gorge. Elle n'avait pas le droit de me faire ça. Elle n'avait pas le droit de faire cela à mon peuple.Surtout après notre baiser...

Alors que faire ? Où aller ? Si je restais toute seule dans la forêt, je prenais beaucoup de risques. Les soucis de nourriture,d'eau, d'abris, de survie... Et surtout, je risquais là aussi de croiser Lexa, ou d'autres Grounders...ou pire : je risquais de me faire repéré par un Sky people qui me ramènerai au Camp Jaha alors que je n'étais pas prête.

Peut-être devrais-je aller me réfugier dans un autre clan Grounder. Un clan qui ne souhaiterai pas se mêler de ces guerres. J'avais entendu Lincoln et quelques autres Grounders parler de l'Ice Nation. C'était un peuple qui vivait un peu plus vers le Nord et qui ne prenait jamais part aux manigances. Qui ne vivaient que pour eux-même. Dans la mesure où ils m'accepteraient, peut-être étais-ce une bonne idée d'aller là-bas.En espérant que les Sky people ne prennent pas ça pour une trahison, bien sûr. Mais je craignais que rien que mon départ ait cet effet là sur eux...

D'un coup, je m'arrêtais. Nous venions de sortir de la forêt et nous trouvions dans une grande clairière, une plaine. Le Camp Jaha. Nous y étions finalement arrivés. Et le moment était bientôt venu pour moi de faire mes adieux. Je ne savais pas encore ce que j'allais dire à Bellamy. Je n'avais pas eu le temps d'y réfléchir posément.Mais, je trouverais bien quelque chose sur le moment de naturel à dire. Du moins, je l'espérais.

Les autres Sky people me dépassaient pressé d'être en sécurité derrière les barrières du Camp. J'apercevais d'ailleurs ceux qui y étaient restés et n'avait pas participé au massacre du Mount Weather. Ils s'afféraient à soigner les blessés qui étaient déjà entrés. Je repérais même Jackson, qui travaillait, depuis aussi longtemps que je m'en souvenais, avec ma mère. J'étais contente qu'il aille bien. Je continuais de regarder notre longue procession rentrer dans le Camp.Ils étaient enfin hors de danger. Repérant Bellamy qui tenait la porte, je décidais de m'avancer un peu vers lui. Mais, c'est Monty qui vint le premier à ma rencontre. Il me regarda longuement d'un air triste avant de me dire :

-Tune viens pas avec nous.

Ce n'était pas une question, mais une affirmation.

-Non.Je ne peux pas. Comment l'as-tu deviné ? Lui demandais-je.

-Le regret dans tes yeux m'a mit sur la voie. De même que le regard d'adieu que tu lance à ce moment même à tes proches. Tu ne vas pas leur dire au revoir ?

C'est vrai que je les regardais. Ma mère, Marcus, Raven, Octavia et Lincoln, ... Je répondis :

-Je ne serais pas capable de les regarder en face. Pas après tout ce que j'ai fait. Je suis désolée. Mais, je crois que je vais quand même prévenir Bellamy. Il doit savoir que, maintenant, c'est à lui qu'incombe l'entière responsabilité de vous protéger.

Il me répondit seulement par un hochement de tête.

-Net'inquiètes pas, ça va s'arranger avec Jasper, ajoutais-je me souvenant de ce qui le tracassait. Il ne t'en voudras pas éternellement.

-Je l'espère, me répondit-il avec une infinité de regrets dans la voix.

Lui aussi était brisé. Peut-être pas autant que moi, mais c'était un fait.

Je m'avançais vers lui et le pris dans mes bras. J'eus le sentiment qu'en faisant ça, je ne disait pas seulement au revoir à Monty,mais à tous les 100, à tous les Sky people.

Et quand je le relâchais, quelques secondes plus tard, j'eus l'impression d'un immense vide à la place de mon cœur. C'était comme si je disais au revoir à une partie de moi-même. Je ne redeviendrais jamais celle que j'étais auparavant. C'était une certitude.

Il parti à l'intérieur du Camp, m'abandonnant seule au dehors, comme j'allais tous les abandonner dans quelques minutes.