Nuit d'été

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Chapitre I

Un silence pesant, une porte qui s'ouvre.
Des pas, des manteaux qui s'accrochent à l'entrée et la porte qui, cette fois-ci, claque.
Il y a des bruits étouffés de voix qui montent jusqu'à l'étage, puis un instant de calme et, pour finir, des chaises qui sont tirées de sous une table dans un raclement désagréable.

Je reste les yeux fermés, allongé sur mon lit. Mon mal de crâne d'il y a quelques heures s'est intensifié et le réveil est assez dur pour ne pas changer. Je n'ai pas envie de me lever tout de suite, alors, j'attends. Cette sensation agréable d'être sous la couette, qui vient épouser les formes de ton corps, couvert d'un simple caleçon, vainc l'envie de rejoindre les autres personnes en bas, et pourtant, une des voix que je ne cesse d'entendre vient recouvrir toutes les autres et, à chaque tentative pour se faire remarquer, se fait de plus en plus forte. Je n'ai pas besoin de chercher à comprendre à qui est destiné ce qui est dit, je devine instantanément  que c'est pour moi.

« Nono... Nono! Bordel, me dis pas que t'as encore la gueule de bois !

Je ne réagis pas.

-Nolwen Marcel, Bouge ton cul de ta piaule et ramène toi ! Je sais que t'es réveillé, t'as fini notre restant de pâtes d'hier pendant notre absence! »

Je soupire. Merde, je suis repéré.
Je repousse d'un coup de pied ma couverture et m'assied à l'indienne, en douceur, avec l'impression d'être frappé continuellement à coup de marteaux sur la tempe. Mes fringues sont à l'autre bout de ma chambre et posés sur ma commode de bois rapporté d'une foire-fouille. C'était une bonne affaire, d'ailleurs, sa véritable valeur dépassait les 47 euros que j'avais payé...
Je jette un coup d'œil par la fenêtre recouverte de mémos que j'avais accroché depuis mon emménagement ici, faute d'organisation, afin de voir le temps. Couvert avec une pluie fine. Génial.
Puis j'enchaîne en regardant mon réveil : 19 heure. Effectivement... que je le veuille ou non, il est temps que je me lève.

Je m'appuie de mes mains sur le rebord de mon lit pour soulever mon corps fatigué et me dirige vers mes vêtements. J'enfile rapidement mon jean dont la couleur vive du beige s'efface à cause des nombreux lavages, et mon pull en laine gris devenu un peu trop grand, il faudra que je fasse attention à l'avenir. Toute les soirées que j'enchaîne depuis quelques mois sans manger correctement me fait perdre du poids et je n'ai pas tellement envie de devoir changer de taille. Je passe ma main dans mes cheveux en bataille afin d'être un minimum présentable même si je doute que, sans aller me voir dans un miroir pour me recoiffer, ça ne changera pas grand chose; puis je quitte la pièce pour me retrouver sur le palier et descendre lourdement l'escalier en colimaçon. À peine suis-je arrivé en bas que je me fais agresser par Alexandre, mon pote de fac :

« Salut beau gosse! Tu foutais quoi ? on t'attend en bas depuis 1 heure !

Pendant qu'il me prend prend par l'épaule je remarque qu'il sent l'alcool. Je lui répond en riant.

- Déjà, mec, ça fait même pas 5 minutes que vous gueulez dans toute la maison pour me réveiller. Puis depuis quand vous faites la bringue sans moi ? Tu sens la vodka.

- Oh fait pas le blessé, j'ai le droit de prendre deux trois verres sans toi. Puis je te rappelle que t'étais avachi là-haut à ronfler comme un ours, je voulais pas arrêter tes rêves de gosses.

- Ah ? t'as peut-être pas tord. »

Il me traîne dans le couloir, et j'en profite pour l'observer. Depuis le collège -je m'en souviens encore- nous avions toujours été de bon camarades; je pourrai le considérer comme mon meilleur ami bien que tout le monde nous voit comme des jumeaux à cause de notre forte ressemblance. Il faut dire qu'elle est frappante : Nous avons tout deux les yeux d'un bleu proche de la couleur de l'océan (je ne trouve pas mieux comme comparaison), un nez ni trop long ni trop fin, plutôt arrondi; puis des lèvres qui, selon mon ancienne copine, détiennent un certain charme. Je pense que nous faisons aussi la même taille, c'est à dire aux alentours des 1m80.  Les seules choses qu'il ne semble pas "tenir" de moi sont mes cheveux frisés d'un noir corbeau et ma mâchoire assez carré où se présente une fine barbe. Puis il y a autre chose qui nous sépare vraiment malgré que nous soyons proche.

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