« -Alex.Mon ami me regarde d'un air amusé. Il sait qu'il me tient dans les mailles de son filet et qu'il peut facilement jouer avec moi. Il faut dire que je suis si facile à comprendre, à ses yeux, que ce n'est pas un problème pour lui de savoir jusqu'où il peut maintenir son petit jeu.
- Je ne suis pas certain de ce que je dis. Je pourrais me tromper, qui sait ?
- Alex, répété-je.
Bien que je lui souris nerveusement il sait que la situation risque de me lasser. Je lui lance un regard noir.
- Dis-le moi, allez !
- Mec, commence-t'il, on croirait voir un enfant suppliant ! C'est kiffant !
Je prend vivement l'oreiller de velours -qui n'a rien demandé, le pauvre- derrière mon dos et le lui lance au visage avant même qu'il ne puisse comprendre ce qu'il lui arrive. Il part dans un fou rire et, complètement hilare, me le repasse gauchement.
- Un vrai gamin, j'ai juré. Plus sérieusement...
Il reprend sa tasse sur la table juste à côté de la mienne pour en siroter bruyamment le contenu. Il la pose, avec méfiance, entre ses jambes et relève la tête vers moi. Un rictus causé par sa soudaine crise de rire est toujours dessiné sur ses lèvres lorsqu'il m'adresse de nouveau la parole :
- Je pense vraiment la connaître. Des belles filles rousses, dans le coin, il n'y en a pas 1000. Ne crois-pas que j'ai quelque chose contre les roux, au contraire....
- Je sais, je sais, le coupé-je, ne t'inquiète pas. Tu ne veux pas plutôt me raconter la suite ?
Il soupire d'amusement. Je tilte tout de suite pourquoi et comprends sa réaction, c'est vrai que je donne cette impression d'être un enfant avec l'impatience la plus totale... Je me passe la main dans les cheveux par gène tout en continuant de l'écouter.
- Pour tout de dire je ne la fréquente pas non plus tout le temps mais il me semble souvent la croiser au bar, trois rues plus loin de chez nous, qui propose des petits concerts. Tu sais, celui en face de mon bar gay...
- Oui, je vois. Je n'y suis jamais allé mais il a l'air bien. Elle est si proche d'ici ?
- Hein ?
- Cloé, dis-je. Je ne l'ai jamais vu moi.
- Je ne sais pas non plus où elle habite si c'est ce que tu veux dire, dans tous les cas je l'ai déjà croisé à plusieurs reprises du café et discuté avec elle. C'est une fille vachement timide.
J'en crache presque mon café. Timide ?! Ce n'est pas l'impression que j'ai eu lors de notre rencontre d'hier !
Sans laisser à mon ami le temps de m'expliquer plus amplement je me relève brusquement pour quitter la pièce. Pendant que je balance presque mon bol dans le lave-vaisselle, je l'entend crier derrière moi:- Mais, tu fous quoi ? Nolwen ?!
- À ton avis ? Je veux aller la voir !
- Tu crois vraiment qu'elle sera là-bas à 7 heure du matin ?!
Je me raidis en me sentant un peu bête. Je n'avais pas fait attention à l'heure, ce qui est plutôt rare. Cette fille me hante-elle l'esprit à ce point ?
- Oui, tu as raison, répliqué-je. On aura qu'à y aller vers, hum...
Je réfléchis le temps de quelques secondes, puis reprend :
-Vers 17 heures ? Tu penses que...
Je l'entend tousser puis hausser la voix afin de mieux se faire comprendre. Il me coupe la parole.
- Avant toutes choses on se calme ! Sinon, oui. Elle y est presque tous les soirs pour les chanteurs s'y produisant. Ta futur copine a l'air d'adorer la musique du coin.
-Futur copine ? Répété-je avec un rictus aux coins des lèvres en le rejoignant de nouveau sur le canapé.
- Comment ne pas voir que tu l'as déjà dans ta ligne de mire ? Dire que je te surnomme Cœur de pierre. Je n'y crois pas !
- Disons qu'elle m'intrigue.
Il ne me répond pas et se concentre sur son portable qu'il sort des poches de son survêtement bleu. Un sourire est pourtant toujours dessiné sur son visage, il est vraiment amusé par la situation et je dois dire que moi aussi.
Je me lève alors -toujours pensif- pour me diriger vers l'écran de la télé et l'allumer afin de briser le silence. Le bruit assourdissant d'une pub pour des enceintes Bluetooth explose dans nos oreilles, Alex semble dérangé.
Alors que je me baisse pour pouvoir atteindre de ma main la télécommande cachée derrière le meuble, je repère une sacoche qui ne me laisse pas indifférent. J'abandonne ma première quête pour en agripper sa bandoulière et la ramener contre mon torse, puis la regarde. Elle n'est pas très grande mais s'impose tout de même. Je caresse, doucement, le tissu noir où prône aussi du bleu et l'ouvre en tirant sur la fermeture éclair pour y découvrir, à l'intérieur, un appareil photo que j'avais acheté il y a maintenant deux ans.Je l'avais complètement oublié.
Alex remarque mon manège et s'adresse à moi :
- Ah, oui, c'est moi qui l'ai mit ici. C'est dommage que tu ais arrêté la photo, j'adorais tes clichés de paysages un peu fantaisistes.
- Merci.
Je ne répond plus que dans un murmure indistinct tandis que je me remémore douloureusement mon passé.
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Souviens-toi
RomanceLes sourires et l'amour ne sont-ils pas les pansements de l'âme ?