Nuit d'été

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J'attends...
j'attends que le moment tant attendu commence.
Et en voici le début.

Une petite boule de lumière apparaît. Puis deux. Puis trois, quatre, dix et enfin ! Une centaine.

Ce sont les lucioles.

Elles emplissent tout l'espace présent face à moi, et de leur ailes, les minuscules créatures entament une danse entraînante. Ce sont comme des milliers d'étoiles descendues de tout là-haut afin de venir jusque ici.

Je me plonge dans ce magnifique spectacle qui ne fait que commencer et me prépare à la suite.

Je suis vraiment touché de voir tout cela, et parfois, je regrette de ne pouvoir le partager. 
Mes camarades ne savent pas -évidemment, ils ne peuvent pas le savoir en sachant que je n'en ai jamais parlé sauf à mon meilleur ami- à quel point ils ratent quelque chose de magnifique qui en plus de sa beauté apporte une petite touche de douceur dans un monde bouffé par la haine et le désespoir.

Dans ces moments, j'hésite presque à les appeler pour leur gueuler dessus. "Venez là, dépêchez-vous ! Vous allez tout rater !"

Des vrombissements légers me sortent de ma rêverie, je regarde alors tout autour de moi en fronçant les sourcils pour au final sourire de bonheur.

Le reste du spectacle est là.

Des éclairs de lumières colorées se mettent à scintiller partout au dessus de la rivière.

Ce sont les libellules.

Ces fabuleux insectes proposent un véritable bal de couleurs reflétés par la lueur des lucioles, et certaines sont si proches de moi que je peux les sentir frôler mon visage, ma peau et le léger vent produit par leurs immenses ailes. Mes yeux brillent de mille feux tant je me sens comme un enfant face à une scène si irréelle, et pourtant ! Tout ça est là, face au jeune homme fébrile que je suis, et tout est beau.

Je souris de plus en plus, à moitié allongé sur l'herbe fraîche et soutenu par mes coudes posés fermement sur le sol. Je ferme les yeux de plaisir.
C'est uniquement ici que je suis apaisé. À chaque fois que je profite de cette danse orchestrée par la nature, tous mes maux s'envolent et me permettent de me sentir bien.
Oui, je suis bien. Je n'ai pas forcément besoin de plus.

Après une vingtaine de minutes, le vrombissement se fait plus léger et les lueurs plus faibles. Je sais que c'est à ce moment là que le spectacle va se clore alors je pose mon regard de nouveau éveillé sur le paysage. Je ne m'en détourne plus.

Tout se passe désormais autour des trois saules pleureurs plus au fond dans la clairière. Comme si ils s'étaient donnés le mot, la masse lumineuse des deux espèces se déplace lentement vers eux. Puis en donnant l'impression qu'ils ne veulent pas les abîmer, les lucioles se déposent avec douceur sur les branches feuillues tandis que les libellules continuent de voler tout autour.

Désormais ce sont les saules qui brillent d'une agréable lueur, tout comme si depuis toujours ils avaient  des milliers de fruits phosphorescents au bout de leurs bras ondulés. Parfois un léger vent du soir vient souffler sur ces derniers, faisant remuer les branches.  Alors les lucioles s'envolent puis se réinstallent avec délicatesse,comme si de rien n'était.

Je suis dans les vapes. Je n'ai pas envie de bouger de cet endroit, ni envie de rentrer à mon petit appartement. Si je pouvais ? je dormirai sans doute à la belle étoile.

Souviens-toi Where stories live. Discover now