Nuit d'été

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Cela doit faire désormais une bonne vingtaine de minutes que je marche d'une cadence régulière en traversant, en ligne droite, ma ville à l'allure pittoresque. Je jette un rapide coup d'œil à ma montre dont les aiguilles bougent paresseusement. 21h32, je soupire.
Le soleil se fait moins présent, maintenant, et de petits nuages reviennent à l'attaque en recouvrant les quelques étoiles qui ont prit place. Ils semblent vouloir défier les douces couleurs du crépuscule, mais en sont-ils vraiment capable ? J'irai bien les chasser.
Je rigole discrètement, stupide de penser que j'aurai une quelconque influence sur le changement de la météo comme je l'imaginais étant petit, puis j'accélère un peu le pas. Si je ne me trompe pas il me suffit de passer encore quelques rues, tourner à droite, prendre le grand portail noir... Voilà.

Je m'arrête quelques secondes et reprend ma respiration, le souffle un peu court. Vu la luminosité encore persistante du jour je pense être arrivé un peu trop tôt, même si ce n'est pas si grave quand j'y réfléchis, car ces lieux où j'ai passé toute mon enfance m'obnubilent toujours autant.
Je finis par reprendre ma marche, rêveur comme à mon habitude.

La beauté de ce parc n'a rien à envier à ses congénères des grandes cités. Ce qui le rend unique par ailleurs est le fait qu'il ait un début, mais pas de fin. Pour mieux expliquer, son entrée est située derrière un grillage sombre calé entre des bâtiments abandonnés. Une fois passé ce grillage il n'y a plus rien d'autres que la nature, les marécages et une merveilleuse variété de fleurs, d'arbustes et d'arbres se terminant par une forêt qui ne cesse de s'agrandir. Les animaux l'ont bien compris, eux aussi, ils se sont invités depuis le tout début à ce bal on ne peut plus naturel.
Comme pour confirmer mes dires lorsque je m'enfonce plus profondément dans la grande diversité de cosmos, capucines, hortensias et bien d'autres fleurs;
je me fais assaillir par d'innombrables insectes aux milles-et-une couleurs. Scarabées, abeilles,papillons, coccinelles... Que de créatures éphémères disposant pourtant d'une beauté, pour certaines, bien plus remarquée que d'autres.

Ce que je trouve amusant dans cette situation, comme à chaque fois d'ailleurs, est le fait que la personne que je suis en ce moment est en totale opposition avec celle que je laisse paraître auprès de mes fréquentations -sauf exceptions-. Je ne montre jamais cette partie de moi. Non pas parce que j'ai honte ou que je trouve cela "stupide", plutôt parce que je n'ai jamais eu l'impression que cette façon d'être, naturelle et simple, intéresserait quelqu'un.
Après tout mon entourage et moi sommes des jeunes fêtards rythmés par les soirées, l'alcool et les filles, le sexe et les amis. Quoique, le "moi" ne s'y applique pas vraiment :
Je n'en fais parti qu'à moitié.

Oui, je suis fêtard oui, je drague souvent; mais cela ne va jamais plus loin.

Je suis ce type de garçon qui s'amuse sans jamais abuser. Mes amis le savent bien et cela n'empêche pas le fait qu'ils apprécient de me voir non-stop en leur compagnie,
cependant je me sens dans le besoin de ne pas leur montrer cette façon de vivre que j'ai (à côté de mon revêtement de jeune adulte s'amusant) depuis bien longtemps.
Car, si je viens à le montrer, c'est uniquement lorsque je rencontrerais la bonne personne. Une personne qui me plaira vraiment, et dont je pourrai tomber amoureux.
Sans me fracasser la gueule, cela va de soi.

Enfin... Je continue de traverser le parc et bifurque entre les arbustes dont les feuilles se frottent contre mes habits, avec l'espoir qu'elles ne laisseront pas de traces et me retrouve enfin à l'endroit désiré. Je m'étale de tout mon long sur l'herbe légèrement humide en abandonnant, en fin de compte, l'idée de rester propre. Je reste ainsi quelques secondes; le lieu où je suis désormais est magnifique selon moi. Je me redresse alors pour le parcourir de nouveau du regard.
Un grand ruisseau dont l'eau s'entrechoque contre les pierres, émet l'agréable gargouillis habituel du courant. Des joncs, fleurs et herbes folles suivent son chemin sur le rebord. Plus loin en face, trois immenses saules pleureurs dont les branches frôlent avec délicatesse les fleurs.
Merveilleux.

Je n'ai même pas le temps de m'extasier que le soleil se couche déjà en laissant place à un beau ciel sombre. Cette fois-ci, toutes les étoiles se sont plantées dans le décor en émettant une lueur presque chaude. J'attends...

j'attends que le moment tant attendu commence.
Et en voici le début.

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