Mes yeux sont comme deux soleils noirs, éblouis par l'obscurité, je cherche la sortie de ce tunnel infini. Ce tunnel est humide, le seul bruit que je peux entendre est le bruit des gouttes d'eau s'écrasant sur l'ossature du tunel. Le son, monotone, se répette dans ma tête. Clip-Clap, Clip-clap, comme si chaque gouttelette symbolisait la mort d'une personne dans l'attaque de Kohaïgun. Clip-Clap, Clip-Clap, le niveau de l'eau monte petit à petit, une odeur de fer se fait de plus en plus présente. Le claquement de mes dents vient s'ajouter au clapotis de l'eau. Un vent glacial se fait ressentir. Je dois être tout près de la sortie.
J'essaie d'avancer, mes mains plongent dans l'eau telles des rames afin de me propulser de plus en plus loin. Je n'ai aucune notion du temps. Il fait tellement sombre, j'arrive à peine à distinguer la voute que forme le tunnel au dessus de moi.
Cependant, je n'arrive pas à savoir si j'avance réellement. Tout semble identique. Je n'ai aucun point de repère, comme si le tunel se répêtait sans fin. Soudain, après plusieurs dizaines de minutes à tenter d'avancer dans l'eau, j'entends une succession de sons derière moi. Comme si quelqu'un ou quelque chose me poursuivait en courrant. Le bruit de ses pas s'enfonçant dans l'eau, le bruit de l'eau projetée, se fracassant contre les parois du tunnel résonne jusqu'à moi et me glace le sang. Je me retourne pour pouvoir voir ce qui se rapproche de moi mais je me confronte à un mur. Le bruit se retrouve maintenant derière moi, soit devant moi, si je ne m'étais pas retourné. Le bruit se rapproche.
Je fais volte face mais là aussi, un mur se dresse devant moi. Je tends mes bras. Je peux toucher les deux murs, eux aussi, glacés, tel les barreaux d'une prison. C'est cela, je suis emprisonné. Le niveau de l'eau se met à monter extrèmement rapidement. Je cherche une issue, je tatonne les parois, cogne dessus afin de savoir si ils sont creux, auquel cas je pourrais tenter d'en fracasser un en m'appuyant sur l'autre mur, et en donnant de grands coups de pied. Je cogne donc contre cet obstacle mais le son s'estompe subitement. Je panique, l'eau est maintenant au niveau de mon cou. Je tente alors de donner de grands coup de pied dans le sol mais le fluide dans lequel je baigne semble beaucoup plus dense que l'eau. Mes coups sont fortement ralentis si bien que, lorsque je touche enfin le sol, mes coups ont perdus toute leur puissance. Le niveau du fluide vient de dépasser mon menton.
Je n'ai plus le choix, j'inspire profondément et m'enfonce dans ce liquide ténèbreux. Mes yeux sont comme deux soleils noirs, je ne vois rien, mon âme semble morte, un froid glacial semble entourer mes poignets. Je me débas comme je peux sachant que la résistance du liquide empèche tout mouvement. J'ouvre la bouche pour crier mais je ne fais qu'abandonner le peu d'air qu'il restait dans mes poumons. Je bois la tasse, le liquide s'engouvre dans ma bouche me faisant suffoquer. La mort est là. Je ne voix rien mais je peux la sentir. Mes poignets sont enclavés par le froid. Je ne bouge plus, ne respire plus. Je constate cependant que le liquide que j'ai dans ma bouche à un goût étrange. Un gout extrèmement ferreux. Je comprends alors que j'avais raison.
Clip-Clap, Clip-Clap, chaque gouttelette symbolisait bien la mort d'une personne. Clip-Clap, Clip-Clap, Chaque gouttelette, était comme un pierre que l'on apporte à l'édifice. Une gouttelette, un mort. Sauf que ce goût dans ma bouche n'a pas le goût de l'eau.
C'est le goût du sang, et chaque gouttelette est une perle de sang de chaque individu mort durant l'assaut.
Je me nois donc dans une rivière de sang. Au milieu de centaines de cadavres, morts à la chaine et jetés dans le fleuve.
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SOLEIL NOIR
Science Fiction"Mes yeux sont comme deux soleils noirs, éblouis par l'obscurité, je cherche la sortie de ce tunnel sans fin" Dans un monde où la nature a pris le dessus sur l'homme, après une troisième guerre mondiale, huit villes purent être bâties. Cependant, d...