- Debout là dedans ! Tonne une voix inconnue. Levez-vous ! Allez ! Plus vite que ça !
Je me réveille en sursaut. Je suis encore fatigué. Les fenêtres ne possèdent pas de volet et pourtant aucune lumière ne tamise la pièce si ce n'est celle de la Lune. Il fait encore nuit, mais la journée commence déjà. L'homme appuie sur un interrupteur. Une puissante lumière vient m'éblouir. Encore deux soleils noirs sous mes paupières. Les yeux plissés, je tatonne le bout de mon lit afin d'en trouver l'extrémité et je me dresse sur un coude. La douleur se fait ressentir sur mes avant-bras et mon épaule droite dont le blanc du bandage commence serieusement à virer au marron.A ma grande surprise, je ne suis plus menotté. Je passe ma main sur ma nuque et laisse échapper un petit cris de douleur. Hier soir, mon agresseur ne m'a pas raté avec sa matraque. Je commence à me lever difficilement. Mes jambes flageolent, je trébuche au premier pas mais me ratrape de justesse aux planches, faisant office de barrières, des lits en hauteur. C'est ainsi que je constate la présence, sur le matelas au dessus du mien, d'un jeune homme d'une quinzaine d'année, comme moi, qui se réveille lui aussi.
Notre asservisseur, venu nous réveiller, ne semble pas satisfait de notre rapidité. Il décroche sa matraque de sa ceinture et commence à frapper les lits pour faire du bruit. Je m'aperçois que l'on m'a enlevé mes habits de chez moi. Je suis en sous-vêtements mais je constate qu'un uniforme gris repose sur le sol, au pied de mon lit. J'attrappe le pentalon de toile et l'enfile le plus vite possible. Les coups de matraques commencent à pleuvoir sur les moins rapides. L'homme se rapproche. Je tente d'enfiler le haut dans un cris de douleur. Je ne peux pas lever l'épaule pour passer mon bras dans la manche. Mon camarde, celui du lit superposé, m'aide alors à me vêtir de ce haut, au détriment de sa propre personne.
- Toi ! désigne l'homme à la matraque. Tu n'es pas encore habillé ?
Un coup de matraque s'abat sur sa tête. Sonné, le jeune homme ne répond pas.
- Répond ! S'écrie l'homme avant de lui adresser un nouveau choc.
Le jeune homme est affalé par terre, son corps tremble de tout son long mais il résiste à la tentation de fondre en larmes. J'admire son courage, sa vaillance. En effet, il s'appuie sur le rebord du sommier et se relève lentement. Il se dresse alors devant son agresseur, attrappe son uniforme et commence à s'habiller, sous le regard sévère de l'homme. Ses yeux noirs inspecte mon camarade de haut en bas. Il a le crane rasé et des tatouages sur les bras. Les traits de son visage se plissent et sa bouche commence à s'étirer. Son rire diabolique fait alors écho dans tout le dortoire sous les regards pétrifiés des autres. Nous sommes environ une cinquantaine dans ce dortoire. Tous habillés à l'identique, il est très difficile de nous reconnaitre les uns les autres. Notre uniforme gris est sensé nous faire oublier notre personnalité nous explique l'homme.
- Vous êtes ici dans un seul but ! S'exclamme-t'il. Le pouvoir et la gloire de Néomésis. Vous êtes désormais des esclaves, identiques, avec de nouveaux noms, une nouvelle identité, et pourtant sans aucune personnalité. Vous devrez tous obéire à moi, votre maitre, et à mes autres collègues. Nous sommes des asservisseurs du second rang. Si vous désobéissez, vous serez déporter vers un endroit bien moins luxueux que ce dortoire. Vous serez affectés à des tâches encore plus ardues et vous serez confrontés aux asservisseurs de premier rang.
Vous avez tous un nouveau nom. Quiconque osera prononcer son ancien patronyme sera immédiatement punis. Vous n'avez pas idée de ce que nous savons faire...
La peur se lit dans les regards de chacun, personne n'ose bouger. Mon camarade se pince les lèvres de peur que sa respiration ne perturbe le maitre et il baisse les yeux, ne souhaitant pas croiser son regard perçant. Cela ne marche malheureusement pas.
- Toi ? demande alors l'asservisseur à mon camarade. Quel est ton nom ?
- Aaron O'Connor monsieur.
- Maître ! Tu me nommera Maître à présent. Ses yeux noirs rencontrent les yeux bleus d'Aaron.
- Oui Maître. Bien Maitre.
- Et c'est valable pour vous tous ! En rang. Nous ordonne-t'il d'une voix ferme et assurée.
Suivez moi maintenant !Nous nous exécutons immédiatememt et sortons du dortoire. Je marche aux côtés d'Aaron. Je me demande quel est son vrai prénom. Je l'observe en avançant. Il regarde droit devant lui, fixement, sans me préter attention. Il est grand, svelte et assez musclé. Ses cheveux sont blond et courts, tels de fin épis de blés. Ses yeux bleus lui donnent un regard sur de lui. Je n'ose pas lui parler. Le maître a réclammer le silence absolu.
Nous nous enfonçons dans la nuit noire puis rejoignons une ruelle étroite, éclairée par de faibles révèrberes grésillants. Une ruelle où le bruit de nos pas résonne contre les hauts murs de béton. Nous débouchons sur une grande allée et nous aprétons à traverser quand soudain, un char d'assault sort de l'ombre et passe devant nous. Cette énorme masse noir provoque un bruit infernal. Je n'ose pas imaginer à quel massacre va pouvoir servir cette imposante arme de guerre. Nous le laissons passer puis continuons notre route vers ce lieu que nul ne connais.
Une centaine de mêtres plus tard, le maitre nous ordonne de descendre un escalier. Nous entrons alors dans une grande galerie soutéraine puis nous laissons guider jusque dans une pièce entièrement blanche.
Là, nous attend un homme en blouse immaculée, se confondant avec la blancheur de la pièce. Sauf ces lèvres rouges et ses cheveux bruns contrastent avec tiute cette propreté. J'ai l'impression de rentrer dans le cabinet d'un médecin. Cependant je remarque le fauteuil et tout ces fils auquel il est branché, tronant au centre de la pièce entouré de trois piliers de marbre blanc. Ce n'est peut-être pas pour nous soigner que nous sommes ici. Ce fauteuil ne serait-il pas plutot un instrument de torture, avec toutes ces chaines qui y sont reliées ?On nous propose de nous aligner contre le mur, au fond de la salle. Proposer. Cela sous-entend que l'on puisse avoir le choix. Ce n'est pourtant pas le cas. Quelle ironie lorque l'on sait que nous sommes sous la menace perpetuelle de maintenant six hommes armés de mitrailleuses.
L'homme à la blouse se présente. Il se dit être médecin pour la science. Il nous demande de nous déshabiller et de nous mettre en sous-vêtements. Il décide ensuite de nous examiner uns à uns, inspectant les dents, tatant les muscles des bras, oscultant chacun d'entre nous avec la plus grande précision. Il note d'ailleurs toutes ces informations dans un grand carnet. Puis c'est mon tour.
- Ton nom. Demande-t'il.
- Gabriel Alfayiz.
Ses yeux suivent chaque ligne du tableau où nos noms sont inscrits.
- Tu n'es pas sur ma liste. Affirme-t'il agacé.
Soudain je comprends mon erreur. Je n'ai pas annoncé mon nouveau nom.
- Non, non je me suis trompé je suis Liam Hellburn.
Il regarde à nouveau sa liste.
- Bien. Répond-t'il. Ouvre ta bouche.
Je m'exécute. Il introduit alors une lampe et regarde en détails l'état de ma machoire.
Je regarde sur son bloc-note. Il entoure un grand A. Je suppose que c'est bon signe. Il plonge ensuite le faisceau de sa lampe dans mes yeux verts. Ma vision se trouble alors et de grosses taches de couleur apparaissent.
Il passe sa main dans mes cheveux bruns, les mesurent à l'aide d'une règle en métal qui me fait frissoner lorsqu'il la pose sur ma tête. Là encore j'obtiens un A.Le medecin me regarde ensuite dans ma globalité. Il regarde ce qu'il reste de mon bandage taché de sang.
- Sacrément amoché. Grimace-t'il. J'obtient alors ce qu'il me semble être un D.
Il tate ma peau métisse de ces gants en latex, me demande de tousser fort, prend ma respiration. Je crois que les quelques abdominaux qui dessinent mon abdomen ont suffis à me donner un B+. Il tamponne alors ma fiche d'un grand APTE en rouge.
Je suis certainement Apte au travail. Il est vrai que le port des buches de bois dans le froid doit nécessiter une bonne santé physique.Le médecin se tourne alors vers un des hommes armé.
- A la fin de la séance, vous le conduirez à l'hopital pour qu'on lui change son bandage.
Annonce-t'il.
Le médecin continue ensuite son inspection sur Aaron puis sur les autres prisonniers.
Sa tâche accomplie, il appelle certains noms. Ni Aaron ni moi ne faisons partis des nommés. Ce sont essentielement des personnes agées où des blessés graves qui sont appelés. Je comprends alors qu'il sont certainement inapte au travaux forcés. Je n'ose pas imaginer le sort qui leur est réservé.
J'ai à peine le temps d'avoir pitié pour eux que leur sang vient rougir le blanc des murs de la pièce. Une balle en pleine tête et les premiers cadavres s'écroulent sur le sol.
VOUS LISEZ
SOLEIL NOIR
Science Fiction"Mes yeux sont comme deux soleils noirs, éblouis par l'obscurité, je cherche la sortie de ce tunnel sans fin" Dans un monde où la nature a pris le dessus sur l'homme, après une troisième guerre mondiale, huit villes purent être bâties. Cependant, d...