2.Garde la foie,Gharam

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Arrivée à la cité, je garai ma moto à l'abri des regards. Ici, une fille avec une Ducati Monster 796 baignait sûrement dans des affaires pas nettes. Certes, ce n'était pas totalement faux, mais je préférais sans doute m'éloigner de tout soupçons.

Quelque pas seulement me suffirent pour distinguer les pleurs des mamans, les cris des petits et l'agitation des pompiers. Le spectacle qui s'offrait à mes yeux était loin d'être plaisant: mon coeur pulsa à la vue de ces corps qui avaient tout de cadavres à terre. Celui là regardait son bras, du côté opposé de la rue, celui ci tenait son épaule sanglante, tandis que l'autre, oh non c'est pas lui! Ça ne peut pas être lui. Il était entouré de plein de garçons dont je connaissais la moitié, tous en panique. Sa mère, Tata Naima, aidait les pompiers à le porter sur cette sorte de lit roulant,noir, et le faire entrer dans l'ambulance.

Contrairement à Aicha qui avait déjà mouillé le T-shirt de Kaiss,qui l'entourait de ses bras, je ne pleurais pas. Je regardais l'ambulance s'éloigner, prenant mon ami, mon confident, mon deuxième frère avec elle, Moataz. Où le portait-on? À l'hôpital ou au cimetière? Je n'étais en aucun cas prête à perdre une énième personne en une même année. Je regardais cet engin rouge s'éloigner les yeux pétillants de haine et de dégoût. Je savais qui était derrière tout cela, et je ne comptais pas rester plantée ici, les bras croisés.

Je me dirige alors vers Kais et Aicha, et remarquai que Gharam n'était pas là. Je pus penser qu'elle accompagnait sa mère vers l'hôpital, mais les seules personne que j'ai vu monter dans l'ambulance n'étaient autres que Tata Naima et Moataz. La panique m'envahit. Et d'une voix étouffée je demande à mon ami où est-elle. Après avoir échangé un regard perplexe avec Aicha, nous prîmes tous les trois nos jambes à nos cous, et courûmes vers son bâtiment. J'étais la première à y arriver. Ce fichu ascenseur ne marchait toujours pas. Si c'était un bâtiment situé dans un quartier luxueux, ils l'auraient réparé en même pas 24h. Sauf que cela faisait 4mois que je venais régulièrement à cette banlieue: aucun changement.

Je montai alors les escaliers, sautant une marche à chaque pas, tout en appelant du nom mon amie à haute voix. Me voilà devant le seuil de la porte: je sonnai mais sans réponse. Je répétais cette action 5fois mais en vain. Je me décidai alors de toquer, pensant que l'électricité ne marchait pas, mais de même. Allez! Plus fort! Encore plus! Dernier coup et j'explose le poignet. Au moment où je m'apprêtais à défoncer la porte, je la vis, recroquevillée sur elle même, dans l'autre coin de l'étage. Je restais debout, à regarder cette fille qui m'avait beaucoup apporté depuis mes 12ans. Gharam a toujours été la plus posée d'entre nous, malgré que sa Playlist comporte des chansons de rap, elle préférait la musique classique, des morceaux de jazz ou d'opéra. Je l'ai connue joyeuse et optimiste. Elle était en feu de la découverte, cherchant la nouveauté, accrochée à cette chienne de vie malgré tout ce qu'on peut vivre en tant qu'immigré.

Mais la personne que j'avais devant moi ne pouvait pas être elle. Assise, les cuisses sur la poitrine, le front sur les genoux, cette fille avait clairement perdu toute notion de vie, quand elle releva la tête et croisa mon regard, mon sang se glaça. Ses yeux étaient rouges et, d'un air absent, dit:

-Il est parti Aliyah, Moataz est parti.
-Ne dis pas ça Gharam. Rien n'est sûr, on vient de l'emmener à l'hôpital, ce soir on le verra.
-On le verra peut être, mais enroulé dans un drap blanc, un imam à ses côtés. Quand elle dit ça, une cascade de larmes s'échappa de ses beaux yeux noirs. Ses sanglots l'étouffaient, mais elle réussit à déclarer,en s'effondrant au sol : il est parti LE rejoindre.

La voyant dans cet état, mes poumons s'embrasèrent, mais je ne pouvais pas pleurer. Pas maintenant. Je la pris entre mes bras, et lui susurrais des paroles réconfortantes, beaucoup plus pour moi que pour elle.
Elle libérait le poids de la douleur dans ses larmes, tandis que moi, je ne faisait que l'enterrer au plus profond de mon âme. Ça me rongeait, me détruisait, mais je ne laissais rien paraître.

Mon téléphone se mit à sonner et j'y vis la photo de Moataz tout souriant, me portant en sac patate sur son épaule. À la vue de mon écran, Gharam m'arracha le mobile des mains, décrocha et la voix de sa mère nous provint grâce à l'haut parleur:
-Aliyah benti (ma fille), venez à l'hôpital, Aicha et Kais sont déjà là. Sa voix était faible et cassée. Ça me faisait de la peine.
-D'accord Tata. On arrive.

Un un silence religieux, nous nous levâmes, et, bras dessus bras en dessous, Gharam et moi rejoignîmes ma moto, direction l'hôpital.

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Les filles retrouveront-elles ou non Moataz en vie?
Qui est derrière cette catastrophe?
Et surtout, dans quelles affaires traîne Aliyah?

Votez! Commentez si vous voulez que j'eclaircisse un truc, ou simplement donner votre avis. Ça ne fera pas de mal.

La suite arrive! Restez accrochés!

What's wrong with me?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant