Chapitre 3

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Toute la famille se rassembla dans le salon. Virginia compta ses enfants et leurs demanda s'ils savaient d'où venait le bruit. Mais personne n'eut une quelconque idée sur le sujet. Il n'y avait pourtant pas d'orage dehors. Certes une pluie diluvienne s'abattait, mais le ciel ne grondait pas.

Bizarrement Helena eut un mauvais pressentiment. Elle se dirigea prestement vers la fenêtre puis appela tout le monde à venir voir. Une petite voiture verte bouteille du siècle dernier était garée devant leur maison. C'était une voiture pour le moins atypique. Les vitres étaient teintées si bien qu'on ne pouvait pas voir qui il y avait dedans. Un bouchon de radiateur argenté s'élançait au devant du capot. Il représentait une fée, dont les ailes, et les cheveux étaient dirigés vers l'arrière comme si la vitesse l'avait décoiffée. Pourtant la voiture ne semblait pas être un bolide, tout au contraire. Elle ressemblait à un mélange entre une Renault 4L et une Citroën DS, relativement petite. Enfin, le mot "taximètre" était écrit en lettres d'or sur les portières.
Les neuf Goldheath s'étaient collés devant la fenêtre. Lily demanda depuis quand les taxis étaient verts. Le père dit qu'il venait certainement d'un pays étranger, la mère quant à elle pensait que le vert était la couleur de l'Empire, que cela était suspect, l'aîné, lui, était daltonien. Cependant ils ne furent pas tant surpris par les bizarreries du taxi que par ce qui en sorti.

Après un certain temps, la porte de la voiturette s'ouvrit. Un minuscule homme sauta de la voiture. Il se mit à quatre pattes dans la boue.
Les Goldheath se regardèrent perplexes. Mais les bizarreries continuèrent.
Un parapluie rose sortit de la voiture. Le parapluie s'avança au dehors, puis un pied chaussé de haut talon noir se posa sur le dos de l'homme à terre. Un deuxième pied se fit voir, suivit de deux longues jambes blanches comme de l'albâtre. Enfin, la silhouette d'une femme apparu, debout sur le nain. Le visage de la femme était caché par le parapluie. Elle ferma la porte de la voiture puis l'homme avança à quatre pattes dans la boue. Soudainement le taxi vert explosa, des flammes bleues jaillirent, puis il disparut dans un nuage gris argenté. Les deux étranges personnes ne semblèrent pas surpris et ils continuaient d'avancer.

La sonnette retentit alors. Mais personne n'osa bouger, bouche bée devant ce qu'ils venaient de voir. On sonna une seconde fois. Finalement Helena se dirigea vers la porte d'entrée. Les autres membres de la famille la suivirent, la peur se lisait dans leurs yeux. Elle rabatta derrière son oreille une mèche de ses cheveux clairs, prit une inspiration puis ouvrit la porte. Elle sentait qu'elle devait faire ça. Après son cauchemar de ce matin, ça ne pouvait pas être une coïncidence. Une fois que le porte fut ouverte, Helena pensa qu'elle se trouvait sûrement encore dans son rêve. Elle leva les yeux pour voir le visage de l'inconnue perchée sur le nain. Une coiffe de dentelle d'argent lui dissimulait le visage. On apercevait seulement de belles lèvres maquillées de blanc. Elle portait une longue robe blanche et argentée, transparente à certains endroits. Une robe d'un style chinois, mais aussi russe ou français traditionnel incertain.
La femme descendit de sa marche humaine. Ses pieds étaient désormais nus. Elle commença à enlever sa coiffe tout en se dirigeant vers le salon. Les habitants de la maison firent une allée pour laisser passer cet étrange personnage. Helena voulut parler mais aucun son ne sortit de sa bouche.

Le petit homme ferma la porte à l'aide d'une clé qu'il sortit de sa poche. Elle rentra parfaitement dans la serrure, il fit tourner le verrou. Puis il reprit la clé et se rangea dans un coin et s'immobilisa comme une statue.

La famille, totalement en état de choc se tourna vers le salon où la jeune femme s'était assise dans le fauteuil. Sa coiffe volait à côté d'elle. Sur la table basse, du thé chaud était servi dans des tasses transparentes aux formes étranges.

Une voix de femme agréable et distinguée dit alors:
«- Je vous en prie, asseyez-vous, vous êtes tout de même chez vous. »
Sur l'ordre de la femme, ils s'assirent face à elle. Pour la première fois ils découvrirent son visage. Il était fin et harmonieux, composé de deux grands yeux d'un vert pure et prononcé, coiffés de longs cils noirs, de sourcils noirs aussi, d'un nez à la courbe discrète et de lèvres parfaites. Son teint était très pâle. Ses lèvres étaient peintes en blanc et contestaient avec le noir qui redessinait ses yeux. Elle arborait une longue chevelure auburn attachée en un chignon compliqué.

La jeune Venus se tenait immobile, souriante.

Harbor Fairy [PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant