Quatrième lettre : lequel était le plus fort ?

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« Cher Max,

Je pensais que l'horreur brute, celle qui laissait un goût acide dans la bouche, n'existait que dans les films...

C'était celle que je ressentais en passant dans ce foutu couloir.

C'était celle que je ressentais lorsque tu me laissais seul, à quelques mètres de son regard.

C'était celle que je ressentais chaque jour.

Je le haïssais pour ça.

La haine qui brûlait dans ses yeux, ses lèvres retroussées dans un rictus méprisant et ses poings qui se serraient à ma vue annonçaient le tourment que j'allais vivre.

Je me suis défendu. Les trois premières fois.

Mais que veux-tu ? J'étais plus petit que lui, plus mince... plus faible.

J'ai fait mon maximum mais cela n'a pas suffi.

J'étais acculé contre le mur, seul en face de lui, le cœur rempli d'incompréhension et d'angoisse.

Ses mots ont roulé sur sa langue comme des vagues destructrices et je me suis retrouvé perdu, seul avec lui au fond de ce foutu couloir.

"Personne ne nous trouvera ici, me disait-il. Personne ne t'entendra crier."

Il avait raison : personne n'était venu.

Personne ne venait jamais.



J'ai toujours apprécié ta famille, celle qui m'avait adopté, celle qui ouvrait toujours sa porte aux plus démunis.

Je n'ai d'ailleurs pas été surpris lorsque tu m'as annoncé participer à cette association : le refuge.

Tu ne comprenais pas comment des parents pouvaient rejeter leurs enfants à cause de leur homosexualité.... Comme je te comprends.

J'aurais aimé vivre dans cette atmosphère tolérante et joyeuse dans laquelle tu gravitais, si saine, si posée...

Oui, j'aurais aimé faire partie de cette famille.

Souris pour moi Max.

Ton meilleur ami,

Ry. » 

"Cher Max..."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant