Cinquième lettre : Se battre encore

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« Cher Max,

Je me rappelle de ton sourire, de ton seizième anniversaire.

Tu étais tellement gêné devant l'attention que l'on te portait, ta mère, ton père et moi !

Tu sais ce qui m'a le plus plu, ce jour-là ?

Ta réaction lorsque tu as ouvert ton cadeau - celui que je t'avais offert -.

Je te savais artiste, j'ai donc pris tout ce que j'ai jugé bon pour toi et j'ai confectionné cette petite boite en bois (avec beaucoup de mal, je dois te l'avouer).

La boite du bonheur, disais-tu. Celle que tu ouvrais lorsque tu étais mal et que tu refermais en étant heureux.

J'étais d'ailleurs surpris que tu l'aies encore : nous étions jeunes et je pensais que tu l'aurais jetée.

"Jamais", m'as tu répondu.

Ton petit ton féroce et ton geste possessif envers ce que je pensais être une idée quelconque, m'a fait sourire.


J'essaye de me rappeler de tous ces brefs moments de joies lorsque tout dérape encore et encore, afin de tenir le plus longtemps possible.

Oh, je ne me fais pas de bile : je craquerai sûrement après ces lettres.

J'ai toujours été lâche et je ne changerai ça.

J'espère seulement que mes lettres t'apporteront un certain réconfort et... je ne sais vraiment pas comment t'annoncer ça, même par écrit.

J'imagine qu'en tant que catholique, ma mort est une étape cruciale.

Le jugement dernier, tout ça.

Tu sais très bien que je suis sensible à ce genre de chose...


Ecoute, je ne veux pas partir en ayant mauvaise conscience, tout me pèse, s'en est presque absurde.

J'aimerais tout dire, une bonne fois pour toutes et mourir tranquille, mais j'ai peur, je suis tétanisé par ta réaction.

Je sais, c'est absolument con : je veux dire, je serai mort. Je ne verrai donc pas ce que tu en penses mais, je ne sais pas, j'ai peur de mourir en sachant que tu vas me haïr toute ta vie.

Et ça, même mort, je ne le supporterai pas.


Warren t'enviait, tu sais ?

Il te regardait avec cet air trop sérieux, comme s'il jugeait ce que tu valais vraiment.

"Pourquoi ?" Me demanderas-tu sûrement.

N'as-tu jamais su ce que tu valais ? N'as-tu jamais vu le regard des autres - appréciateur et jaloux - lorsque tu détournais le regard ?

Moi je l'ai vu.

Tu ne jouais jamais avec les autres : la sincérité perçait le timbre de ta voix. Une de tes nombreuses qualités, soit disant en passant.

Tu étais toujours prêt à aider les autres, tu ne t'imposais jamais et tu inspirais le respect, même aux plus brutes d'entre nous.

Tu étais, Max.

Et je te voyais.

Ne pleure jamais pour moi, je t'en prie.

Ton meilleur ami,

Ry. » 

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Les choses commencent à lentement se dévoiler ^^ 

Que sera le prochain souvenir ? Et surtout : qu'en pensez vous ?

"Cher Max..."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant