Chapitre premier :

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Autrefois, je pouvais encore voir le soleil se déverser sur Venise dans ses heures matinales, j'étais une jeune fille bien inconsciente et je regrette vraiment cette histoire, si seulement j'avais écouté les leçons de ma mère et les sermons de mon père...

Je me nomme Disgrazia, fille d'une riche famille italienne, mon père est un des plus grands architectes d'Italie, ce qui fait la fortune de notre famille. Pour l'image que procure notre famille, nous avons été élevés moi et mon frère dans une éducation très stricte. Ma mère a toujours voulu m'initier à l'art de la lecture, depuis que je suis très jeune elle m'y a fait prendre goût, puis elle est morte et mon paternel a pris la relève. Mon père s'avère être une personne très désagréable et peu attentionnée portant le doux nom de Perduto. Depuis la mort de ma mère, plus rien ne m'intéressait je ne voyais plus l'intérêt d'apprendre des choses sans elle, malgré les persévérances de mon père, il laissa très vite tomber comprenant que cela ne servirait à rien de me forcer puisqu'en plus de mes nombreux défauts, j'avais le don d'être têtue. Une de mes occupations favorites était de m'amuser ! Faire la fête me permettait d'oublier mon chagrin toujours présent de la mort de ma mère, et justement de m'évader. La journée je me baladais en forêt rêvant au prince charmant et le soir je dansais une valse dans les bras d'inconnus. Ma vie se résumait à ce quotidien récurant, chaque jours se ressemblaient et rien ne changeait.

Mais je ne m'attendais pas à un tel changement. Un jour parmi tant d'autres, mon frère rentra d'un de ses voyages en France, en apprenant cette nouvelle, je fus remplie de joie. Mon frère avait le don de mettre du piquant dans ma vie. Cet Evangelo m'avait terriblement manqué avec cette sagesse qui le caractérisait si bien, même si lorsqu'il m'instruisait il pouvait être agaçant mais pourtant tellement patient avec moi. Je n'osais jamais dire quoi que ce soit pour le contredire. De plus son intelligence était sans limite, je l'appréciais tellement pour sa bonté et sa générosité.

Il était donc rentré, et comme toujours m'avait rapporté de nombreux ouvrages... Je ne savais pas ce qu'il avait avec mon éducation, mais il ne lâchait jamais le morceau. Malgré tout, je l'aimais comme ça. Dès qu'il descendit de sa gondole, je courus à sa rencontre et le serrai dans mes bras de toutes mes forces,provoquant un léger tanguement de l'embarcation. Lui aussi était tellement content de me voir, qu'il ne fit aucune remarque sur ma venue soudaine et brutale. Après plusieurs minutes, je le libérais de mon emprise et nous nous dirigeâmes vers notre demeure.

Après être rentré, il me proposa de me raconter son voyage, ce que j'acceptais évidement car avec lui tout paraissait tellement magique et beau, il avait un talent inné pour raconter des histoires. Il était allé à Paris et m'avait raconté que les gens là-bas étaient grognons et toujours de mauvaise humeur, des français quoi !

Le soir, comme à son habitude, Evangelo m'invita à son bureau pour me présenter les nouveaux ouvrages qu'il m'avait rapporté de son voyage. Bien sûr ils étaient en français et mon frère avait eu la merveilleuse idée de me faire apprendre cette langue... Il me parlait de toutes les sciences qu'il avait découvertes en France,mais à vrai dire, je n'écoutais pas vraiment. Je pensais au carnaval qui arrivait à grand pas, je m'imaginais dans les bras de beaux étrangers à danser, faire la fête et rire pour rien toute la nuit jusqu'au lever du soleil.

Mon frère remarqua que je ne l'écoutais plus et me demanda à quoi je pensais. J'hésitais à lui dire car je savais qu'il n'aimait pas que j'aille à des fêtes, mais carnaval, c'est CARNAVAL !Je pris une énorme inspiration et me lançais :

- Pourrais-je aller au carnaval cette année ? Je le regardais avec des yeux larmoyants, mais lui avait le regard dur. Je n'aurai pas dû lui demander mais plutôt y aller sans son autorisation. Je baissais la tête.

- Désolé Disgrazia mais ça ne va pas être possible, tu dois étudier. Je soufflais déçue et partis dans ma chambre.



L'enfer, c'est de Lire...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant