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MARIA

...Nous sommes dans la voiture, il me dépose chez moi. J'ose revenir sur la conversation concernant la fille dont il est amoureux, et lui pose cette question :

— Tu ne vas pas te lasser d'elle ?

Avant qu'il dise quoi que ce soit, rapidement, je rectifie ma question.

— Ce que je veux dire, après toutes ces années à la poursuivre, tu n'as pas peur de te lasser d'elle quand tu l'auras enfin auprès de toi ?

Il me jette un bref coup d'œil avant de se concentrer à nouveau sur la route. Ses traits... J'ai fréquemment remarqué cette expression sur son visage. Une expression neutre, qui te rend incapable de deviner ce qu'il ressent. Est-ce que cela est naturel chez lui ? Avoir un visage inexpressif.

— Il est vrai que dans la vie, il n'y a pas seulement la nourriture qui a une date limite. Nos envies, nos engagements ou notre premier amour, le peuvent aussi... Mais ce n'est pas mon cas, m'avoue-t-il. Je suis comme le miel.

Le miel ? Quel est le rapport ? Il me regarde avec un sourire en coin.

— Mes goûts n'expirent pas, affirme fièrement...

Comment pouvait-il avoir cette certitude qu'il ne finirait pas par se lasser d'elle ? Il ne peut pas prédire ce qu'il désirera dans le futur, encore moins ce qui lui arrivera. À moins qu'il ne s'agisse d'une personne très déterminée, mais même dans ce cas. Nous ne pouvons pas garantir que nos préférences actuelles, nous conviendrons toujours plus tard. Il m'a fait comprendre qu'il était sûr de lui.

Après réflexion, est-ce bien ce que je pense ?

— Dis-moi, Sana ? je lui coupe la parole. À partir de quand Zaïm a-t-il commencé à m'apprécier ?

— T'es intéressée par lui ? s'étonne-t-elle.

— Non, je veux simplement savoir, réponds à ma question.

— Mhh... Si je fais le calcul... Il avait vingt ou dix-neuf ans, c'était un an avant que vous commenciez à vous parler. C'est ce que mon frère m'a dit, mais je ne suis pas sûr de sa fiabilité.

Un an avant que je le rencontre pour la première fois. Alors, je ne me suis pas trompée. Il l'aime depuis bien longtemps et ne compte pas la quitter. Ou plutôt, il ne compte pas me lâcher. Il doit certainement être profondément amoureux de moi. J'avais commencé à penser que c'était du passé, qu'il avait peut-être trouvé quelqu'un d'autre. Sauf qu'il m'a clairement dit que la fille qu'il poursuit toujours est celle qu'il a rencontrée à dix-neuf ans. Il était évident qu'il parlait de moi, il aurait fallu être stupide pour ne pas le comprendre. Et puis, Sana avait raison, il est encore intéressé par moi.

J'avais eu des soupçons, mais à présent, j'ai la confirmation. J'ai l'impression qu'il a laissé des indices pour que je puisse deviner par moi-même. Il est possible que je me trompe... Non. Il n'y a aucun doute, la fille dont il parlait est bien moi ! J'aurais préféré qu'il me le dise au lieu de devoir le deviner. De toute façon, je n'agirai certainement pas. Il vaut mieux laisser les choses comme telles.

...

Certains considèrent le mois d'octobre déprimant. Moi, ce qui me rend particulièrement difficile sur le plan émotionnel en ce moment, c'est la routine, le travail et la maison. Ce que j'appelle avoir une vie monotone. Devoir supporter ma patronne et m'occuper du ménage à chaque fois que Mouad met le désordre.

Il est plus fréquemment présent à la maison. De plus, il semble aller mieux. J'aurais aimé retrouver cette relation proche que j'avais autrefois avec lui, mais on dirait que ce n'est plus possible. Franchement, s'il a quelque chose à me reprocher, qu'il me le dise. Peut-être que si nous étions de vrais jumeaux, cela aurait été plus simple.

Mon cœur l'a choisi      TOME 1-2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant