T2 ~ Chapitre 13 ~

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Z A Ï M

Je m'essuie le front, arrivé enfin à la balancelle après avoir failli me faire attraper par l'un des leurs.

Donc, ils surveillent vraiment la villa. Par chance, j'y ai échappé de justesse. Durant quelques minutes, je me suis senti comme James Bond –version bas de gamme– en essayant de ne pas me faire repérer.

Je n'arrête pas de creuser, mais ce fichu coffre ne se montre toujours pas. Je commence à perdre patience. J'ai chaud, je sue comme un bœuf et le fait d'être à jeun complique encore les choses. Mon ventre crie famine comme si je n'avais pas mangé depuis un mois. Je creuse une dernière fois, je ne peux pas rester trop longtemps avant qu'ils ne me repèrent de nouveau, et cette fois, je n'aurai aucune échappatoire.

Lorsque je plante la pelle pour une dernière fois, j'entends un claquement. Enfin, putain. Je finis de creuser avec mes mains pour attraper ce foutu coffre.

Je saisis le code pour prendre uniquement ce qu'il y a à l'intérieur, mais elle ne s'ouvre pas. Je réessaie une deuxième fois. Rien. Il ne manquait plus que ça : devoir me trimballer avec ce coffre qui pèse.

Tant pis, je vais réessayer de l'ouvrir chez moi, en sécurité.

Je laisse la pelle et reprends le chemin du retour, par chance ça se passe sans encombre, sans signe d'eux.

...

Le mois de Ramadan est passé à une vitesse folle, je n'ai même pas vu le temps filer. Les prières du soir avec le petit Sami sont terminées, mais il veut tout de même me voir, même après ce Ramadan. Il m'appelle "son vieux pote", une manière de me rappeler mon âge, même si je ne suis pas aussi vieux que ça.

Tasha n'est pas retournée au Canada et il semble bien qu'elle veuille s'installer à nouveau en France. Elle a pris le "fais comme chez toi" trop à cœur, au point d'inviter tout le monde pour l'Aïd demain soir sans me prévenir.

Je lui ai donné tout le temps nécessaire pour accepter notre dispute de l'autre soir. Elle me parle de nouveau comme avant, sauf en ce qui concerne sa confiance envers moi.

— Tu vas leur préparer quoi comme plat ?

Elle regarde une vidéo de recette tout en notant les ingrédients sur un bout de papier. Trop concentrée pour me répondre, je quitte la pièce sans attendre. Je me demande comment elle va réussir ses plats, sachant qu'elle est nulle en cuisine et qu'elle carbonise tout. Je pense prendre les devants et commander quelques plats.

Je me dirige vers la chambre d'amis où Tasha et Milana dorment. Je la vois sortir tous ses jouets et commencer à les éparpiller partout.

— Ça, c'est pour moi, dit-elle en plaçant une poupée à sa droite. Et ça, c'est pour lui, ajoute-t-elle en disposant un autre jouer à gauche.

Elle continue à le faire, et je me demande qui est ce "lui" dont elle parle. Je m'approche d'elle et me baisse pour être à sa hauteur, mais elle semble absorbée par ce qu'elle fait, ignorant ma présence. Je saisis doucement ses mains, désireux de savoir à qui elle pense en séparant ses jouets.

Est-ce que je commence à développer un instinct protecteur paternel, mais en version oncle ?

— Milana, ces jouets-là sont pour qui ? je l'interroge en montrant ceux qu'elle a attribués à l'autre personne.

Je relâche ses mains et elle commence à tortiller ses doigts l'un contre l'autre, évitant mon regard. Pourquoi réagit-elle ainsi ? À son âge, ce ne peut quand même pas être...

— Tu n'as pas d'amoureux, j'espère ?

Elle lève les yeux puis se met brusquement à courir. Je la poursuis.

Mon cœur l'a choisi      TOME 1-2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant