En effet, James Potter tint parole. Lily, de son côté, fit l'effort de passer par-dessus ses a priori, afin de le considérer comme les autres Gryffondor. Cathlyn dit un jour à Lily qu'elle trouvait l'atmosphère de leur maison plus agréable, plus légère, depuis ce début d'année. Lily n'en avait pas vraiment pris conscience, mais elle appréciait, elle aussi, et souriait beaucoup plus volontiers. Elle se surprit même à sourire à James, comme elle souriait à d'autres.
Le jeune homme la trouvait de plus en plus belle, et la voir aussi gaie, depuis qu'elle ne s'énervait plus contre lui, lui donnait l'impression d'avoir le coeur qui éclate. Il était souvent tenté de se rapprocher d'elle, lui prendre la main, essayer de l'embrasser, chercher à la séduire, mais il se retenait. Il voulait vraiment la laisser libre, et préférait la voir heureuse comme ça, que malheureuse d'être harcelée par lui.
Remus Lupin, l'un des meilleurs amis de James, était aussi un ami de Lily. Ils avaient sympathisé en cinquième année, lorsqu'ils étaient tous deux devenus préfets de Gryffondor. Lily désapprouvait les actions des Maraudeurs, leur petite bande, et trouvait que Remus ne les retenait pas assez, mais elle appréciait le garçon. Il leur arrivait parfois de travailler ensemble, généralement avec d'autres amis. James et Sirius Black, qui avaient toujours eu tendance à se comporter en dilettantes, se greffèrent de plus en plus souvent au groupe de travail. Peter Pettigrow, le quatrième Maraudeur, peinait souvent sur ses devoirs. Lily s'aperçut que ses trois amis l'aidaient fréquemment à se maintenir à flot. À la façon dont ils le faisaient, elle comprit que cela faisait longtemps qu'ils agissaient ainsi. Elle se rendait compte que les quatre garçons étaient plus profonds qu'il n'y semblait au premier abord, et que leur amitié était forte et vraie.
***
Fin novembre, un vendredi soir, les Septième année de Gryffondor avaient passé la soirée à discuter de tout et de rien autour de la cheminée. Depuis que James ne passait plus son temps à séduire Lily, elle ne le fuyait plus, et ses amis et elle s'étaient rapprochés des Maraudeurs. Il était tard, presque tous étaient allés se coucher. Lily, Cathlyn et Helen Wellings prirent congé et se levèrent pour rejoindre leurs lits. Regardant James, Lily s'arrêta et s'adressa à lui pensivement :
- C'est vraiment dommage, je trouve...
Le coeur du jeune homme manqua un battement, et il déglutit.
- Qu'est-ce qui est dommage, Lily ?
- Que tu ne m'aies pas laissé voir le vrai James plus tôt, précisa-t-elle d'un ton navré. Il me plaît bien plus que l'arrogant crétin de Potter, finit-elle malicieusement.
Le laissant bouche bée, elle rejoignit ses camarades dans l'escalier menant à leur dortoir, dans lequel les trois filles se précipitèrent pour glousser et parler de ce qui venait de se passer à l'abri des oreilles indiscrètes.
- Lily... a dit... que je... que je lui plaisais... Les gars, je suis mort et je suis au Paradis, c'est ça ? déclara James, pâle comme un linge, en s'affaissant contre le dossier de son fauteuil.
- Mmmmm non, je ne crois pas, Jamesie, lui rétorqua Sirius, qui se retenait à grand-peine de rire.
- Bon, alors je suis en train de dormir, je ne vois pas d'autre explication... conclut-il de la même voix atone.
Remus le pinça aussitôt.
- Aïe !!! Eh, oh, Lunard, non mais ça ne va pas, la tête ? s'écria James, se redressant et reprenant des couleurs, sous le coup de la colère.
- Ah, tu vois, mon cher Cornedrue, lui répondit celui-ci, avec un sourire en coin, tu es bien vivant et bien réveillé, te voilà rassuré !
Ledit Cornedrue jeta un regard noir à son ami, qui lui répondit malicieusement :
- Toujours prêt à rendre service à mes compagnons de maraude !
Il se cala dans son fauteuil, attrapa un livre qui traînait, et fit mine de lire. Voyant le livre tressauter régulièrement, trahissant le fou rire silencieux de son ami, James intensifia vainement son regard noir. Sirius intervint :
- Là, mon vieux, je ne sais pas comment tu as fait, mais visiblement, tu as une touche avec la fille de tes rêves - et je n'aurais pas parié une noise dessus, pourtant, il n'y a pas si longtemps !
- Oh oui, oh oui, s'écria Peter, en sautant sur place, ça y est, James, tu vas pouvoir sortir avec elle !
- Tout doux, tout doux, Queudver, tempéra Remus en relevant le nez de son bouquin. Si Cornedrue se met à faire n'importe quoi, je crois qu'il pourra faire une croix définitive sur Lily.
Celui-ci prit un air malheureux.
- Ne t'inquiète pas, le rassura Remus, si tu continues à rester toi-même, et que tu ne cèdes pas à la tentation, elle ne te fuira pas. Laisse faire le temps.
***
Au retour des vacances de Noël, plusieurs Gryffondor s'échangèrent des cadeaux, dans la salle commune. Lily se dirigea vers James et lui tendit un paquet. Il déballa avec surprise un nécessaire à balai.
- Merci, Lily, c'est une super idée ! lui dit-il, un grand sourire aux lèvres. Mais je croyais que tu ne t'intéressais pas au Quidditch !
- Ça, c'est ce que je disais à un certain Poursuiveur de ma connaissance, pour qu'il me lâche les basques... Mais j'ai toujours suivi les matchs, et encouragé notre équipe, en fait, lui avoua-t-elle en riant.
Il joignit son rire au sien, avant de lui tendre un paquet qu'elle défit, y trouvant un bel ouvrage sur les potions. Ravie, elle lui sourit et lui dit :
- Merci beaucoup, James, je vais me régaler ! Je préfère nettement ton cadeau de cette année au parfum de l'an dernier, ajouta-t-elle, l'air mutine.
Il blêmit aussitôt.
- Ça... ça... ça ne t'avait pas plu ?
- Eh bien... commença-t-elle en se mordant les lèvres. D'abord, tu m'agaçais tellement que tout ce qui venait de toi me donnait des boutons. Ensuite, ce n'était pas vraiment mon style de parfum, finit-elle, gênée, en regardant le sol.
James déglutit difficilement.
- Un cadeau de crétin prétentieux et arrogant, hein, glissa-t-il tout bas, n'osant la regarder.
Lily cherchait encore ses mots lorsque Peter s'interposa entre eux, afin de leur faire admirer le coquillage que lui avait offert Remus.
***
C'était jour de sortie à Pré-au-Lard. Et il faisait particulièrement froid, en ce mois de février. Afin de plus vite se retrouver au chaud, aux Trois-Balais, les Septième année de Gryffondor s'étaient séparés en petits groupes, pour faire leurs différents achats. James et Lily s'étaient retrouvés seuls à se diriger vers la librairie. Remarquant que Lily avait les lèvres bleues, James lui dit doucement :
- Tu as l'air frigorifiée.
Elle hocha la tête.
- Tiens, lui dit-il, joignant le geste à la parole, prends ma cape.
- Pas question ! s'écria-t-elle, indignée.
- Pourquoi ? lui demanda-t-il, l'air blessé.
- Parce que je ne veux pas que tu aies froid à cause de moi ! expliqua-t-elle, tout en tentant de lui remettre sa cape.
- Dans ce cas, il y a peut-être une solution, dit-il en sortant sa baguette.
Il jeta un sort sur la cape, qui s'élargit considérablement.
- Voilà, tu devrais avoir moins froid comme ça, lui dit-il en lui tendant la moitié de la cape, tout en s'emmitouflant dans l'autre.
- Merci, James, c'était une bonne idée, lui répondit-elle, avec un sourire, une fois bien au chaud.
Lorsque, deux heures plus tard, ils rejoignirent leurs amis aux Trois-Balais, ils s'étaient considérablement rapprochés sous la cape sans s'en rendre compte, et riaient doucement de ce que venait de dire Lily. Ils ne remarquèrent pas les regards de surprise de leurs amis, que ceux-ci s'empressèrent de cacher.
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Il va neiger - Lily et James Potter
FanfictionSeptembre 1977. La septième année de Lily et des Maraudeurs commence. Lily n'a qu'une envie, éviter James au maximum. Mais voilà qu'il lui demande quelque chose de singulier... Pas de bal, pas d'appartements communs, pas d'assassinat parental...