« L'amour n'obéit à aucune règle, c'est ce qui le rend si imprévisible ... Il arrive parfois qu'il naisse là où personne ne l'attendait ... »
Il était planté là, assis sur son lit, un bout de draps par-dessus ses genoux. Il fixait les larmes qui glissaient des joues de la jeune femme assise en face de lui. Il n'arrivait pas à détacher son regard des perles d'eau qui ruisselaient. Il se sentait un peu con – okay, vraiment con – mais il n'arrivait pas à détourner le regard. Il n'avait aucune idée de ce qu'il était censé faire.
Qu'était-il supposé faire ? L'enlacer et lui dire que tout irait bien ? Il ne connaissait pas cette fille, et il était à peu près certain qu'elle ne voudrait pas qu'il l'enlace. Il était tellement mal à l'aise avec les sentiments des gens. Il ne savait pas comment il était supposé gérer une crise de nerfs, que ce soit la sienne ou celle de quelqu'un d'autre. C'était la même chose avec les explosions de joie, les pleurs, les marques d'affection. Il n'était pas une personne de sentiments.
Alors comment conforter cette fille, qu'il avait étrangement envie d'aider – surtout depuis sa petite crise de jalousie intérieure – mais qu'il n'arrivait pas à comprendre.
Aussi vite que les larmes étaient venues, Emily les chassait. Elle essuyait ses larmes avec ses indexes et se confondait en excuses.
- Je suis vraiment navrée de t'avoir imposé ce moment super gênant ... Oh seigneur, je me sens vraiment stupide ! Je te remercie pour l'ordinateur et je vais te laisser maintenant.
- Non, attends ! Tu n'as pas besoin de t'excuser pour ça. On a tous des moments de faiblesse. Sens-toi libre de rester dans les parages si tu veux.
*****
- Donc tu vis tout seul dans cet appart' ?
- Non, j'vis avec un autre type. Un ami. Eh, est-ce que tu as envie de parler de ce qui vient de se passer ?
- Je vais te proposer un truc. Si je te raconte quelque chose, tu dois me raconter quelque chose en retour ...
- C'est une offre honnête. C'est ton frère alors ?
Elle l'observait un instant, s'inquiétant de savoir s'il tiendrait sa part du marché. Elle ne voulait pas lui faire confiance, mais dès l'instant qu'elle avait plongé son regard dans les yeux de cet inconnu, elle avait su qu'il était digne de sa confiance. Et ça la faisait chier.
- Ouais. Alexis. C'est mon aîné.
- C'est quoi son histoire ?
- Il s'est trouvé devant la télé quand les Tours Jumelles sont tombées, et ça l'a marqué. Tous les jours, il venait vérifier que tout allait bien pour moi devant mon lycée, il s'assurait que je rentrais bien à la maison ... Il n'a pas arrêté de penser à l'armée depuis 2001. Il a attendu d'avoir 21 ans pour s'engager, et ça fait cinq ans que le pays me l'a arraché à moi. Il est à Fallujah en ce moment.
- Ouah, intense.
- Huh, tu crois ?
- Désolé d'avoir complètement déliré avec cet histoire d'appel.
- T'en fais pas. C'est vrai que je ne t'ai pas donné beaucoup de détails avant de l'appeler, mais c'était vraiment urgent. Je ne peux lui parler que tous les quinze jours et je ne peux pas rater un appel. Je dois veiller sur lui comme il le fait sur moi.
- Je respecte ça ...
Elle ne lui avait pas tout dit. Une vague de honte la submergeait. Ce qu'elle s'apprêtait à lui dire, personne ne le comprenait. Même pas ses parents. Mais elle tenait fermement à ce que la situation reste ainsi. Elle prenait une grande inspiration et se lançait.
- Il ne sait rien de tout ça. Ma maladie. Pour lui, je suis encore dans les études, pleine d'énergie et avec une longue vie devant moi.
Il la fixait intensément. Zayn tentait de comprendre si ce qu'elle venait de jeter dans l'air était une blague ou non. A la vue de ses yeux humides, elle prenait beaucoup sur elle pour lui raconter ça. Mais il ne comprenait pas.
- Je ... Attends, tu ne lui as rien dit de ta maladie ? J'ai beau ne pas en savoir grand chose, ça m'a l'air plutôt grave. Tu n'as pas envie qu'il puisse te soutenir ?
- Tu ne sais pas grand chose sur tout un tas de sujet Zayn. Tu ne connais pas mon frère. Tu ne sais pas que s'il l'apprenait, il serait capable d'abandonner l'armée pour me rejoindre. Et un acte pareil, c'est la cour martiale. Il pourrait être condamné à mort. Alors non, j'ai pas vraiment envie qu'il me soutienne ! Il a prêté serment de protéger son pays, alors ça vient avant moi. Je respecte sa décision, tu dois respecter la mienne. Alexis n'apprendra jamais que j'ai été malade.
Ca avait jeté un froid dans la pièce. Aucun des deux n'osait regarder dans la direction de l'autre. Il sentait qu'Emily était prête à partir – et potentiellement ne jamais plus revenir – et il ne le voulait pas. Il voulait qu'elle reste là pour l'éternité. Elle se levait.
- J'ai des problèmes de colère, disait-il. C'est pour ça que je vais dans ce groupe de soutien, à l'église. Je ne suis pas un homme de religion. C'est même un euphémisme. Si Dieu ou Allah, qu'importe son nom, se trouvait en face de moi, je le poignarderais dans le visage jusqu'à ce qu'il cesse de respirer. (cette annonce eu l'effet d'une bombe sur Emily, qui s'assit aussitôt). J'y vais deux fois chaque semaine.
Zayn fermait les yeux. A y repenser, il pouvait presque entendre le bruit des chaises grincer sur le revêtement du sol. Il entendait le grincement de la porte lorsque le Père Monroe la refermait sur la réunion. Il pouvait sentir l'odeur des cierges que les gens allumaient. Il pouvait entendre le silence de l'église, et l'odeur de pierre ancienne qui en émanait. Il aimait la sérénité du lieu, même s'il aurait tout donné pour être ailleurs.
Malgré le dégout qu'il éprouvait pour les autres personnes du groupe, il avait appris à les aimer, à sa manière. Il appréciait le visage torturé du type toujours assis en face de lui. Car voir ce visage toutes les semaines aidait Zayn à se rappeler qu'il y avait toujours quelqu'un de plus misérable que lui.
Il avait toujours été du genre à aimer le malheur des autres. Mais pas celui d'Emily. Il ne la connaissait même pas, mais il aurait préféré être à une de ces foutues réunion si cela avait permis à la jeune femme d'être guérie d'un de ses maux.
La jeune femme reculait sur le lit et s'asseyait près de Zayn.
- J'allumerai un cierge pour toi la prochaine fois.
- C'est quoi cette histoire de cierge, d'ailleurs ? Pourquoi tu en allumes toujours deux ? Et pourquoi le mardi ?
- C'est un mardi qu'Alexis est parti pour l'Irak. Et c'est aussi un mardi que j'ai été diagnostiquée de ma maladie. Allumer ces cierges pour moi et mon frère, c'est comme si on était réunis tous les deux. Chaque semaine.
- C'est peut-être le destin qui nous a fait nous rencontrer un mardi ...
« C'est possible ... » se disait Emily. Elle prenait la main du jeune homme entre les siennes, et caressait négligemment la petite cicatrice à la naissance de son pouce.
- Où est-ce que tu as eu cette cicatrice ?
- C'est le destin qui me l'a donné ...
En disant cela, Zayn ne put s'empêcher de rire. Emily ne comprit pas tout de suite. C'est lorsqu'il lui indiqua d'un coup de tête un mégot qui trainait sur le sol qu'elle comprit qu'il parlait d'elle.
- Je suis vraiment navrée. Il semblerait que je te doive des excuses. Je ne sais vraiment pas ce qu'il m'a pris ...
- T'en fais pas, ça me fera un souvenir de notre rencontre ... Et puis je l'aime bien cette petite cicatrice.
Imperceptiblement, les deux avaient envie de s'enlacer. Mais ils ne le firent pas.
Ils restèrent ainsi pendant de longs moments. Zayn avait laissé sa main entre celles de la jeune femme et il dessinait de petits cercles sur la paume de la main d'Emily, avec son pouce.
Emily finit par s'endormir sur le lit. Zayn s'écarta et s'endormit sur le canapé près de la fenêtre.
VOUS LISEZ
Fiction OneDirection 6 (Emily & Zayn)
FanfictionNouvelle fiction de notre superbe auteure (cc @julesisaac5). Nous retrouvons Zayn pour une nouvelle aventure. J'espère que cette fiction vous plaira ! N'hésitez pas à mettre un petit commentaire et un vote sur chaque partie !