Confrontation #FreeYourBody

04 - Lana & Anna ; Confrontation

Il pleuvait dehors et Anna travaillait tranquillement au petit café du coin, à seulement deux rues de chez elle. Elle prenait une nouvelle commande lorsqu'elle la sonnette de la porte d'entrée annonça l'entrée d'un nouveau client. Elle se tourna vers la porte, espérant voir un beau garçon avec des cheveux trempés, un corps moulé dans un t-shirt blanc trempé, quelques tatouages sur la peau et une allure nonchalante.

Elle espérait voir un beau gosse un peu mauvais garçon qui tomberait sous son charme, un beau prince comme dans les contes parce qu'elle peinait en amour en ce moment. Mais ce n'était pas sur un beau prince sur qui elle était tombée, mais sur une adolescente d'à peu près le même âge qu'elle dont les bourrelets étaient visibles malgré les quelques couches de vêtements qui la recouvraient. Elle prit une mine dégoûtée tout en analysant la nouvelle arrivante de bas en haut. Elle tourna les talons pour aller chercher la dernière commande qu'elle avait prise pour ensuite l'amener à la bonne table.

Pendant ce temps, la pauvre Lana était entrain d'essayer d'essuyer les regards des autres clients jusqu'à ce qu'elle trouve une table libre, non loin de la porte d'entrée, qui n'est au milieu de la pièce ni près de la vitre. Puis, si les choses tournaient mal, elle pouvait toujours fuir à toute vitesse même si l'averse s'abattant sur elle n'était pas vraiment ce qu'elle aimait le plus. Elle soupira lorsqu'elle s'assit enfin et qu'elle retira sa veste. Elle sentait quelques paires d'yeux braqués sur son corps, mais elle faisait comme si elle ne voyait ou qu'elle ne le ressentait pas.

Anna s'approcha d'elle, assez réticente au début. Parce que c'est vrai, ce n'est jamais agréable de prendre la commande de quelqu'un avec des kilogrammes en trop au point d'être obèse. Du moins c'était ce qu'elle pensait. Elle s'attendait déjà à devoir gribouiller au moins 50 mots à la seconde pour tout ce que mademoiselle devra manger. Elle se mordit la lèvre inférieure et jeta un regard tout autour d'elle mais personne semblait avoir besoin de quelque chose alors elle devait absolument prendre la commande de cette adolescente à la corpulence proéminente.

« -Que puis-je faire pour vous ? Demanda-t-elle en se déglutissant bruyamment et en tapant le bout de son stylo à bille sur son carnet. »

La gêne était lisible sur le visage d'Anna qui prit une teinte rosée malgré le dégoût qui se logeait dans le tréfonds de ses pupilles. Elle espérait que la cliente, Lana, ne le verrait pas mais malheureusement pour elle, celle-ci avait remarqué mais comme elle en avait l'habitude, elle ne l'en accusa pas, elle ne le retenu pas. Une fois de plus ou une fois de moins, quand tout se compte par centaines de milliers, est-ce ça a toujours une importance ?

« -Je... Je... Non, rien..., répondit Lana, reprenant sa veste et sortant du café en trombe. »

Anna ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer, comme tous les clients de café sauf un petit enfant qui avait sourit à Lana lorsqu'elle était sortie mais elle ne l'avait pas vraiment vu. Elle l'avait aperçu, mais dans son élan, elle n'avait essayé de voir si le petit garçon lui souriait vraiment ou si c'était une illusion qu'elle avait, un effet d'optique ou encore une hallucination de son subconscient pour la rassurer un tant soit peu. Lana était partie parce qu'elle trouvait Anna trop belle que pour être vraie, parce qu'elle ne supportait pas le regard de cette dernière sur son corps.

Le petit garçon s'approcha d'Anna, la regardant avec un mécontentement peu gardé et une pointe d'hilarité parce que pour la première fois de sa vie, il allait pouvoir faire la morale à une « adulte ». Anna ne comprenait pas pourquoi le petit garçon la regardait ainsi, avec amusement mais aussi avec froideur. Elle ne comprenait pas ce qu'il lui voulait mais elle n'arrivait pas à bouger parce qu'une partie d'elle-même savait que ce petit garçon lui apprendrait quelque chose dont elle ne devrait pas passer à côté.

« -Mademoiselle, la fille qui vient juste de partir, elle vous trouvait belle et elle vous aimait bien. Mais elle n'aimait pas, par contre, la manière avec laquelle vous la regardiez, alors elle est partie. Vous êtes contente maintenant ? Vous avez fait du mal à quelqu'un, alors que pourtant, elle était gentille cette fille. Sûrement plus que vous, réprimanda le petit garçon. »

N'y-a-t-il vraiment que les enfants pour comprendre ce qui est devenu trop simple pour les adultes ?
N'y-a-t-il vraiment que les adultes pour se blesser entre eux ?
N'y-a-t-il vraiment que le poids qui compte dans cette société ?