08 - Kelly & Killian ; Confrontation

408 79 7
                                    

Kelly se sentait mal au milieu de ce groupe. Elle ne savait pas ce qu'elle pourrait bien dire sans commencer à se lamenter et à se plaindre parce qu'elle n'avait toujours fait que cela depuis qu'elle avait grandit, depuis qu'elle avait vieillit. Elle vieillissait mal et elle le savait mais elle ne faisait rien pour arranger cela, elle faisait même tout le contraire. Ses kilogrammes en trop la gênait terriblement et elle ne savait pas comment faire pour se sentir plus à l'aise face à toutes ces personnes qui pour la plupart la jugeaient vis-à-vis de ceux-ci. Puis, elle ne savait pas non plus comment se sentir bien face à toutes ces femmes qui s'habillaient plus jeunes que sa plus vieille de ces filles –qui était déjà mère de famille- alors qu'elle avait l'air d'une arrière grand-mère dans ses vêtements qui cachaient tant bien que mal ses kilogrammes en trop.

Killian, quant à lui, il se sentait bien. Enfin, il se sentait bien n'était que ce qu'il essayait de se persuader parce que ce n'était pas vraiment le cas. Il se sentait à l'aise de base sauf lorsque toutes ces dames lui faisaient la cours et mettaient leurs poitrines et leurs jambes en valeurs alors qu'il s'en foutait éperdument parce que même si ça n'allait pas forcément très bien avec sa femme ces temps-ci, il l'aimait toujours presque comme au premier jour.

« -Qui voudrait parler en premier ? Demanda soudainement la psychologue en prenant place sur le dernier siège libre qui est entre Kelly et Killian. »

Ni l'un ni l'autre n'osaient prendre la parole, parce que c'était vraiment dur de venir parler de ces problèmes personnels avec des personnes qu'on ne connaît même pas et que l'on voit justement pour la première fois. Ils ne savaient même pas ce qu'ils foutaient là, à vrai dire. Ils étaient un peu gênés maintenant à l'idée de prendre la parole devant tout ce bon monde hors du travail, hors des amis, hors de la famille. Ils n'étaient même pas des connaissances ; juste des inconnus, des étrangers.

« -Tiens, Killian pourquoi ne prendriez-vous pas la parole avec... Kelly ? Allez-y, je vous en prie, déclara la psychologue en lisant leurs prénoms respectifs sur leurs autocollants collés sur la poitrine. »

Les deux protagonistes prirent une teinte rosée au niveau des joues. Ils étaient gênés et tandis que la plupart prenaient des mines dégoûtées en voyant Kelly devenir plus rouge qu'une tomate, ces mêmes personnes arboraient un magnifique sourire lorsqu'il regardait le beau Killian rougir. Les deux se sentaient mal vis-à-vis de l'un comme de l'autre. Kelly avait juste envie de partir de cette thérapie à la con que son patron l'a obligé à suivre et elle se sentait mal vis-à-vis de Killian parce qu'elle n'aimerait pas vraiment être à sa place –autant au centre de l'attention. Killian se sentait mal vis-à-vis de lui-même parce qu'il y avait trop de paires d'yeux braqués sur lui à son goût et il se sentait mal vis-à-vis de Kelly parce qu'elle n'avait pas l'air méchante mais tout le monde n'osait même pas la regarder.

« -Je défie tout le monde, même les étoiles, de me dire réellement ce qui vous dérange chez Kelly. Elle est belle pourtant et le pire dans tout cela, je crois, c'est que vous ne la connaissez même pas mais que vous la jugez. Savez-vous seulement si elle a été ainsi toute sa vie ? Savez-vous seulement si elle n'a pas un jour gagner un prix de beauté que jamais vous n'avez eu le droit de voir ? Savez-vous seulement si elle n'a pas eu une vie difficile avant de vous permettre de la jugée ? Puis, que savez-vous de moi ? Rien du tout. Qui vous dit que je n'ai pas été comme elle un jour ? Qui vous dit que je ne suis pas un pédophile ? Qui vous dit que je ne suis pas un con ? Qui vous dit que je ne suis pas une enflure ? Ma gueule d'ange et mon corps athlétique, peut-être ? Demanda-t-il tout en se levant et en tendant sa main vers Kelly. Non, le physique ne dit rien sur la personne. Je vous défie de me contredire, continua-il en prenant la main de la mère de famille, ancienne reine de beauté. Je suis sûr et certain que Kelly est une belle et merveilleuse personne. Bien mieux que vous d'ailleurs, alors, pour la peine, je pars avec elle pour boire un verre en tout amitié parce soyons respectueux et honnête, nous portons tous les deux l'alliance donc, on ne va pas trahir ; pour elle, son mari et pour moi, mon épouse que j'aime toujours autant. Sur ce, on vous laisse ici et passer une agréable soirée cloîtrée dans vos préjugés et votre débilité humaine qui restreint mes pensées, conclu-t-il en s'en allant et en faisant un signe de la main. »

Et ils s'en allèrent, laissant ainsi une bonne dizaine de personnes sans voix, dont la psychologue qui arborait quand même un sourire. Killian avait des valeurs basées sur la différence quelle qu'elle soit. Et Kelly se sentait mieux, plus légère et sentait déjà qu'elle s'entendrait bien avec Killian. Ils s'apprécieraient sûrement mieux à deux sur le tabouret d'un bar qu'au milieu de cette thérapie de groupe qui ne leur aurait servit à rien du tout.


Confrontation #FreeYourBodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant