Prologue

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Je sentis mon cœur battre de plus en plus fort dans ma poitrine. Je l'entendais jusque dans mes tempes tellement je ressentais le monde dans mon corps. Était-ce la fin ? Aucune idée. Tout ce qui m'importait dès lors était ce paysage que je surplombais de toute ma hauteur. Le soleil était bas, comme si il voulait que je le touche. Mes jambes voulaient tenir. Mais elle cédèrent à l'emprise de la vie qui me quittait. Je tombais à genoux au sol, la tête baissée. Des gouttes de sang atterrirent sur mes genoux repliés. Mon nez s'était remis à saigner pour une innombrable fois depuis ce mois de Mai. 

Les images de mes proches me vinrent une à une. Le visage de ma mère et de ses longs cheveux blonds, la carrure imposante de mon père, le grand sourire de Sandra, les beaux yeux d'Hugo, les cheveux éparpillés de Nathan... En parlant de cheveux, je commençais à perdre d'importantes mèches à cause des médicaments qui m'étaient attribués.

J'eus la force de prendre mes écouteurs pour l'ultime et dernière fois. Ma playlist me passa le morceau que je rêvais d'entendre à ce moment. "Let it be" était la musique la plus belle que l'on aurait pu me faire écouter. Ironique comme chanson non ? Mes mains tremblaient comme jamais. Je décidais d'appuyer mon corps contre le grand platane qui ornait gracieusement  la colline. Ma bouche était sèche. La tête me tournait et j'avais la nausée. Je levais les yeux vers l'horizon et j'aperçut une silhouette qui s'approchait vers moi. Comment c'était possible ? Personne ne pouvait savoir où j'étais à cette heure-ci. Cet endroit demeurait être mon jardin secret. En plus, on était plutôt loin de la ville. Et puis tant pis... Si la personne qui se rapprochait vers moi s'inquiétait pour mon sort, mon plan tomberait à l'eau et tous mes efforts pour que ma maladie paraisse le moins possible auraient été conçus pour rien.

Et puis à quoi bon cette résistance... 

Je ne pouvais pas penser ça ! Je voulais vivre, pour eux, pour ceux que j'aime... Les compliments et les commentaires marrants que l'on me faisait me revinrent un à un.

"Élève sérieuse et mature", c'était le commentaire que je retrouvais très souvent sur mon bulletin.

"Une artiste à la recherche de l'inspiration" disait mon professeur d'art.

"Une vraie sauvage" me disait Hugo.

"Une amie digne de confiance" de la part de Sandra.

"Une tarée" répétait sans cesse Nathan.

"Une fille géniale" de ma mère.

"Une enfant responsable" m'a toujours dit mon père.

Pourquoi... Pourquoi depuis 14 ans de vie il a fallut que cette maladie me détruise en l'espace d'un mois ?! Je ne pouvais plus y réfléchir, ou plutôt je ne voulais plus y réfléchir. 

Mes yeux se fermèrent sans que je ne cherche à les garder ouverts. Un frisson me parcourut et je sentis des larmes couler sur mes joues. Je m'étais promis de ne pas pleurer pourtant...

"Let it be-eeee"


-LIAAA !! 





Un mois pour vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant