Nouveau jour au haras de Pado ! Je sais désormais où aller. Je vais vite retrouver mon cher petit poulain apeuré et le trouve dans son boxe, en train de mastiquer quelque chose.
- What Else !
Je l'appelle doucement pour ne pas lui faire peur et quand il m'entend, il tourne vivement la tête vers moi, reculant dans le fond de sa stalle. Je ne sais pas si il a peur car je ne vois pas le blanc de ses yeux et ses oreilles sont pointées en avant, vers moi. J'émets un petit claquement de langue, l'incitant à s'approcher. Mais il ne veut pas. Il me regarde toujours fixement, une lueur bizarre dans les yeux. Je me recule dans l'espoir qu'il passe la tête par-dessus la porte. J'aimerais bien pouvoir sentir ses naseaux veloutés contre ma main aujourd'hui, mais je n'ai pas grand espoir.
- Allez, viens... N'aie pas peur !
Je lui chuchote quelques petits mots encourageants et lui tend une pomme rouge qui était dans ma poche, destinée à mon goûter. Il regarde le fruit avec envie mais n'ose pas venir vers ma main tendue pour le saisir. J'aimerais vraiment qu'il s'approche, ne serait ce que de quelques centimètres. Je finis par céder et dépose la pomme dans sa mangeoire, me reculant pour lui donner plus de "liberté".
Aussitôt, il bondit vers le fruit et le déguste lentement, ne remarquant même pas que je me rapproche doucement. Au moment où je m'apprête à lui caresser l'encolure, il fait un bond en arrière, comme piqué par une guêpe. Je souris, amusée de mon échec. Tout à l'heure, je me le promets, je rentrerai dans son boxe. J'attends un peu, histoire de ne pas tout faire en un morceau.
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Ça y est, mes devoirs sont faits ! J'enfourche mon vélo et pédale à une vitesse folle jusqu'au haras et mets mon vélo dans un endroit spécial. Je marche rapidement vers le boxe de What Else, bien décidée à pouvoir nous rapprocher aujourd'hui. L'expérience de ce matin n'était qu'un petit entraînement, on va dire. J'arrive devant son boxe et l'appelle d'un claquement de langue. Il tourne la tête vers moi et recule un peu, les oreilles inclinées légèrement vers l'arrière. Je fais mine d'ouvrir sa porte et il se colle contre le mur du fond. J'avance tout doucement, tenant dans ma main gauche un licol et dans ma main droite, une friandise que je lui tends, main à plat. Il roule des yeux vers moi en me voyant rentrer et émet un tout petit hennissement, comme pour appeler à l'aide. Il a bien remarqué la friandise et je le sais. Il fait juste semblant de ne pas la voir. Je m'arrête et approche ma main de lui, pour qu'il vienne la sentir. À ma grande surprise, il fait quelques petits pas, mais rien de plus. Il croque la friandise d'un coup et retourne au fond du boxe. C'est à mon tour alors de m'approcher. Tout en procédant par des gestes lents, je lui enfile le licol. Il ne peut pas bouger car je le bloque contre le mur et je sens son corps qui tremble de peur contre moi. Je lui chuchote quelque petits mots pour le rassurer mais il fait oreille sourde et n'arrive pas à mettre sa peur de côté. Dès que je m'écarte de lui, tenant la longe par son extrémité, il fait un bond de côté et va se lover dans un coin, aussi loin possible de moi. Je vais avoir du travail avec lui... Je me rapproche et réduisant la distance entre nous, je vois petit à petit ses yeux commencer à rouler. Je sors du boxe et lui me suit, bien obligé. Je pars en le rassurant vers le rond de longe, toujours sans le toucher.
J'arrive, tenant le poulain par la longe. Quand la porte est refermée, je décroche le mousqueton qui relie le licol à la longe. Réaction immédiate, What' part dans un galop fou loin de moi, apeuré et méfiant à l'idée de se retourner enfermé ici avec cette personne qu'il ne connaît pas. Je m'assieds par terre, en signe que je ne lui veut pas de mal et lève les mains. Je vais faire un exercice de confiance. J'aimerais bien à la fin, pouvoir l'approcher sans qu'il ne prenne peur mais je sais que ça ne peut se réaliser en si peu de temps. Il me regarde d'abord, méfiant. Je fais des appels de langue et prononce son prénom avec une intonation différente à chaque fois pour l'inciter à s'approcher. Il me fixe et ne bouge pas, tel une statue. Je dois avouer que c'est quelque peu déstabilisant. Je n'ose pas croiser son regard, de peur qu'il prenne ça comme un défi et qu'il me déteste encore plus. Je lui jette quelques bouts de pain dur pour qu'il s'approche. Il fait quelques centimètres. S'arrête. Se cabre et fais mine de me foncer dessus. Mais je sais bien qu'il ne dépassera pas le cercle de trois mètres imaginaire qu'il a créé entre nous. Effectivement, il pile net et repart dans une direction opposée à la mienne. Ce petit jeu dura vingt minutes. Je peux à présent voir son encolure trempée de sueur et il ne m'approche pas pour autant. Moi, je suis toujours assise. Immobile, le regardant, mais jamais dans les yeux. Quand enfin il s'approche de moi et franchit la frontière imaginaire, je le laisse faire. Je crois maintenant qu'il n'est plus seulement inquiet, mais plutôt curieux et méfiant. Il fait parfois quelques petits bonds en arrière, histoire de se donner une contenance. Je tends doucement la main et sens quelque chose de doux s'y poser. Je sursaute en me rendant compte qu'il est juste à votre de moi. Mais à cause de mon sursaut, il repart immédiatement et franchit la ligne. Je soupire. J'y étais presque et j'ai tout gâché. Bon, ça suffit pour aujourd'hui. Maintenant, il va falloir lui remettre le licol. J'emploie plusieurs techniques et au bout de dix minutes, nous repartons vers les écuries.
Je reviens, heureuse de l'échange qu'il y a eu entre What' et moi. Je le remets dans son boxe et lui effleure les naseaux. Il recule et me regarde. Je le regarde à mon tour et sourit. Puis, je m'en vais...
