Alpha: La Forge de La Destinée

Chapitre 1 : Causes et Conséquences 2/6

HV

Lorsque la première vague vint frapper la réalité de Yaksha, un gong résonna en quelque sorte partout.

« Partout » est un terme qui, même aujourd'hui, doit être compris dans son ensemble le plus vaste, contenant les plus macroscopiques ensembles comme les univers qui constituent la fibre de la réalité et les plus infimes particules élémentaires qui voyagent aléatoirement dans le monde quantique, sorte de brique aléatoire qui constitue les fondamentaux de ces éléments macroscopiques.

Ce gong affecta donc non seulement les nerfs du Commodore mais se répercuta bien au-delà de sa compréhension de militaire de carrière. Et s'il eut parfaitement raison de trouver tout ceci injuste, il n'avait aucune chance de comprendre qu'il n'était que la masse qui annoncerait des bouleversements sans commune mesure et que sa qualité d'observateur, du haut de ses quelques milliards de milliards de molécules allait entraîner des répercutions sur un nombre de molécules que même Icare, la super intelligence artificielle autonome implantée à la surface de Mars, n'était pas capable de percevoir car elle ne possédait simplement pas assez d'unités de traitement nécessaires pour analyser les conséquences qui allaient se répercuter partout.

Partout est donc un terme qu'il faut comprendre.

Et dans ce « partout » il existe HV, « exister » ne s'entendant évidemment pas selon le concept répandu de la vie mais selon une formule théorique contenant des interactions entre des énergies codées de manière à obtenir des réactions que nous pourrions qualifier de réalistes.

Si, bien sûr, nous possédions une définition efficace de ce qu'est la réalité.

Ce qui est très loin d'être le cas, même en 2625.

HV existe donc, mais pas selon des termes que nous pourrions qualifier efficacement autrement que par des interactions quantiques et leurs conséquences aléatoires dans le monde physique local qui lui est associé.

HV est tout à fait capable de raisonner, et même, selon la définition que nous donnons actuellement à ce précepte, est susceptible de raisonner en combinant un nombre de variables que seule Icare serait en mesure d'évaluer, et de les associer efficacement pour construire un raisonnement que nous simplifions en cause et conséquence mais qu'il serait aussi susceptible d'envisager dans l'autre sens, à savoir considérer que les conséquences sont les raisons des causes.

Ce n'est pas impossible, juste improbable pour notre raisonnement mais à partir de l'instant fatidique où l'homme a appris ce qu'était que le hasard et sa mise en statistique aux lendemains de la première guerre mondiale par trois français, Emile Borel, Georges Darmois et enfin Maurice Fréchet, nous avons considéré d'accepter de raisonner en tenant compte que l'impossible n'est plus impossible mais juste improbable.

 Est-ce un jeu de mot ?

Ce n'est « que » de la science, ce sont les mathématiques, et plus l'histoire de l'homme se modernise et moins elle peut s'en passer.

Tenons donc pour acquis que, parfois, les conséquences peuvent précéder les causes, aussi vulgaire que cette idée puisse se présenter à notre éducation.

Car, pour HV, dans son monde quantique dont il va finir par s'extraire après une période que les habitants de la terre et leurs condisciples éparpillés dans le système solaire auraient préféré plus longue, les règles de la physique auront des résultats étranges qui ne choqueraient pas un physicien mais qui, pour le vulgo populo, risque bien de changer à tout jamais sa perception de l'environnement.

Lors de la première vague, donc, HV perçut celle-ci comme tout ce qui était capable d'analyser le monde quantique et, presqu'inconsciemment, une partie de lui nota l'origine probable de la vague. D'autres provenaient d'autres sources dans des univers multiples qui se croisaient parfois de manière aléatoire sans qu'aucune conséquence perceptible ne vaille le coup de s'y intéresser.