Lettre à sa fille.

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« Ma fille,

Je ne sais pas comment commencer cette dernière lettre, je vais essayer d'être le plus cohérant possible dans mes phrases. Tout d'abord ma princesse je t'aime, oui, je t'aime aussi fort qu'il m'est possible, aussi fort que mon âme le peux.

Quand tu étais petite tu as eu ta période ballerine rose, je te voyais interpréter le lac des cygnes  devant des milliers de personnes muettes d'admiration. Puis ta période amoureuse des animaux, je te voyais déjà comme une imminente vétérinaire exerçant et sauvant des familles entières. Ensuite tu es tombée amoureuse des étoiles et bien sur pour moi tu m'envoyais de doux baisés depuis les cieux. Je t'ais toujours vu et je te vois toujours au-dessus des autres, tu es ma plus belle réussite. Ma seule et mon unique, mais ne te méprends pas mon amour pour toi est sain. Tu es mon enfant, mon unique enfant, j'ai toujours essayé de te protéger.

Je sais que tu t'en souviens car tu étais déjà bien grande à mon grand regret. Quand ta mère rentrait avec un nouvel amant, quand elle  était ivre, quand elle criait plus que de raison et que tu étais sa cible. Je sais bien que je n'ais pas toujours pu arrêter ses gestes et ses mots. Je m'en veux encore d'être rentré en retard à la maison, d'avoir trainé au feu rouge, de travailler tout simplement. Je sais qu'elle profitait de ces moments d'absence pour être affreuse avec toi, son unique fille.

Plus les années passaient plus elle voulait se servir de toi, pour acheter de quoi combler son addiction où encore attirer de nouvelle proie dans son lit. Je m'en veux tellement. Je n'aurais pas du m'enfermer dans mon travail, j'ai eu la bêtise de me dire qu'a défaut d'être un bon père je pourrais t'assurer un certain confort. Pardon.

Un jour tu m'as demandés pourquoi je souriais sans cesse, pourquoi je gardais la tête haute, pourquoi cette apparence ?  Laisse-moi te répondre avant que ma vie ne s'éteigne. Je le faisais pour toi, grâce à toi ma fille. Oui ne te méprends pas je me disais que ta mère étais si hideuse, si inhumaine que je pouvais au moins t'offrir cela. Je sais que c'est dérisoire j'aurais du te prendre et fuir pour  nous assurer un avenir radieux. Je sais bien tout cela. Pourquoi je ne l'ais pas fait ? J'avais mes propres démons ma fille, cette femme n'aimais que le paraitre et mon argent. Je me suis laissé enliser dans cette situation comme un minable.

Sache ma fille, que j'ai aimé ta mère, je l'ai aimé plus que de raison. Je ne sais pas ce que j'ai pu faire pour qu'elle se détourne de nous ainsi. Le psychologue me dit que c'est une fine manipulatrice et aussi une femme très perverse. Je ne sais pas, je crois que toute lucidité à pris la fuite de mon être. Je ne sais plus...

Revenons au sourire si tu le veux bien, dans trois jours je partirais avec. Sais tu pourquoi ? Et bien, la famille de cette femme sera spectatrice de cet acte. Je sais que  cela ne va pas leurs plaire, oui je le fais par pure caprice. Mon dernier caprice, celui d'un homme qui n'a jamais été aimé par sa femme, toujours méprisé par sa belle famille. Voila pourquoi j'afficherais cette expression pour les embêter tout simplement.

Le jour où j'ai mis fin à la vie de ta mère j'étais pleinement conscient de ce que je faisais. Cette soirée fut pour moi une pleine libération, une résurrection. Oui j'ai céder à la tentation de l'exécuter, je l'ai fais le lendemain ou tu as pris ton indépendance et je t'en remercie. Ta libération à été pour moi un soulagement car ma petite fille qui est devenue femme vole de ses propres ailes. Ma petite fille qui est devenue une femme à réussi, tu as un homme charmant, une jolie maison et un travail descend. Ton départ que j'ai tant redouté, car oui je ne suis que ton père et voir ma petite fille partir est à la fois un soulagement, un accomplissement et une brisure en soit, m'a donné la force de dire stop à ces vingt sept années de mépris profond.

Je t'aime à tout jamais, je veillerais sur toi depuis les cieux. Ton papa qui n'a eu de cesse  que de scander sa fierté et son amour pour toi »

C'est avec cette lettre lu à de nombreuses reprises que cette jeune femme entre dans cette pièce. Elle n'est pas grande, elle sent le renfermé, les murs sont bruts. Des chaises en bois foncé sont bien alignées devant cette grande vitre. C'est sans un regard pour les autres êtres qui encombrent la salle et  les lèvres celées que la jeune femme s'assoit sur une d'elle et fixe souriante l'ultime petite pièce qui se trouve en face d'elle.

Cet ultime lieu est impersonnel, froid, triste rempli d'âmes vagabondes qui cherchent un échappatoire. Une chaise médicalisée y est fixée en son centre.

Personne n'utilise la place qui est à côté de cette jeune femme, à quoi bon ? Elle sa fille, sa digne fille ! Les choses ne sont pas dites clairement, pourtant leurs regards emplis de haine et de mépris sont dés plus éloquent.

Quand il pénètre dans cette pièce froide, il affiche un sourire si rayonnant que s'en ai insultant. Pourtant elle sait, oui elle sait, que juste avant de pénétrer dans ce lieu il a fermé les yeux, souffler, reprit une grande inspiration et accroché son plus beau sourire avant d'ouvrir de nouveau les yeux et d'avancer d'un pas ferme. Elle le sait car elle a déjà vu ce rituel plus d'une fois au cours de sa jeune vie.

Alors que cet homme, dont les années de détentions n'avait pas entaché sa moue joyeuse, se faisait attacher, sa fille tendit simplement ce papier. Un regard fut échangé, un regard d'une profondeur et d'une reconnaissance immense. Ce regard vaut toutes les déclarations d'amour selon elle.

Le manège des gardes ne dura pas longtemps, le bras parsemé d'aiguilles il ne détourna pas le regard de sa fille, son ultime repart contre la folie.

C'est souriant, yeux dans les yeux et le cœur léger que ce papa dévoué quitta ce monde. Son sourire restera figé dans le temps se dit sa fille le cœur gonflée de milles émotions.

Sa fille resta encore un peu là, les yeux sur le corps inerte de cet homme qui a voué sont âme au diable pour elle. Elle ne le remerciera jamais assez à son gout.

Il a tenu sa promesse, il s'en ai allé souriant. Sa fille, quand à elle, fut persuadée qu'elle venait de partager la chose la plus intime au monde avec l'homme qui lui a donné la vie.  Le premier homme de sa vie.

Elle n'est pas vraiment triste, elle est soulagée. Le premier homme de sa vie est enfin libéré, aujourd'hui, il s'en est allé dignement se faire panser son âme meurtris auprès des anges. Sa digne place d'âpres elle.

Mes micros histoires.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant