3/ Deuxième phase: l'endoctrinement

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Bismillah,
*Précédemment*
Adda: c'était la guerre ?
Moi: disons plutôt que c'était un combat, un massacre, la guerre c'est quand deux peuples s'affrontent à part égale et que l'un d'eux l'emporte, ici c'était plutôt un peuple qui marchait sur l'autre
Ady: tu as revu Ihsan ?
Je marque un temps, je replace ma kippa
Moi: oui...
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Tel Aviv, Israël, janvier 1921
[Jacob]
Regard vide, coeur et poings serrés, sourcils froncés, c'est ainsi que je m'avance vers cette maison qui m'a vu changé, je sais dès à présent ce qui m'attend, retrouvailles, accolades, échanges, quelques mots doux de ma mère et une poignée de main de mon père, quelque chose de viril. L'armée m'a changé, ce n'est pas seulement l'uniforme que je porte ou la coupe courte qui fait de moi un soldat, mais le tempérament, aujourd'hui contrairement à 3 ans au paravant ma vision du monde a complètement changée. Je ne suis plus le Jacob optimiste, plein de vie et recherchant la paix, aujourd'hui je suis soldat Jacob, né pour tuer, j'agis par la pensée de mes supérieurs, oui aujourd'hui je suis un monstre, je suis l'homme à qui on a arraché un être cher, à qui on a arraché un diamant, Ihsan..
Je sors de mes pensées grâce au petit gabarit qui se trouve en face de moi
Rose: Monsieur Jacob
Elle me sert dans ses petits bras, je crois que c'est la première fois que j'ai souri depuis 3 années
Moi: Rose vous m'avez manqué
Elle se pousse de moi, et essuie ses quelques larmes grâce à un mouchoir en tissu. Je passe la porte, mon estomac se ressert quand je le vois, il s'approche doucement de moi, ou plutôt approche son fauteuil, on m'a dit qu'il avait eu une crise cardiaque qui a fait qu'il ne peut plus se maintenir sur ses jambes, je n'ai pas tellement réagis pour moi c'est le destin, il a arraché des vies, Dieu lui a arraché ses jambes.
Moi: Shalom aba (bonjour père)
Lui: Shalom yeled (bonjour mon garçon)
Moi: comment te sens tu ?
Lui: cela t'intéresse vraiment ?
Moi: je fais preuve de bienséance aba
Lui: soit, je me sens en grande forme
Moi: très bien, où sont Ima et ahot (mère et mes sœurs) ?
Lui: à l'étage
Moi: merci aba
Je m'en vais à l'étage, je ne ressens plus rien pour lui, je ne ressens plus rien pour personne d'ailleurs, je suis devenue un homme sans sentiments, on m'ordonne et j'obéis. Après de longues minutes de retrouvailles et quelques larmes de ma mère, nous nous retrouvons tous autour de la table pour dîner
Mère: l'uniforme te va très bien yeled
Moi: toda Ima (merci mère)
Elle se contente de bouger la tête de haut en bas
Père: Tu said où tu as été affecté ?
Moi: il me semble que je rejoints mon ancien secteur à Nazareth dans 2 jours
Mère: tu repars si vite
Père: il y a eu un changement dans ton programme
La dernière fois qu'il y a eu un changement dans le programme je me suis retrouvé à l'armée
Moi: ah oui ?
Père: oui la première garde est affecté à Jérusalem-Est
Non tout sauf Jérusalem..
Moi: eh bien je n'étais pas au courant de ce changement
Un malin sourire se dessine sur le visage de mon géniteur
Père: tu l'es maintenant
Le reste du dîner se fera en silence...
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Pendant ce temps à Jérusalem
?: COURS IHSAN COURS
Je me précipite, les bombes sont jetés mes pieds nus ensanglantés essaient de m'extirper de l'hôpital où je travaille comme infirmière bénévole, je n'entends plus les pas précipités de Maïssa ma petite protégée, je me retourne et la voit à terre, je cours vers elle et essaie de la relever, elle tousse un peu, se qui me soulage
Moi: Maïssa il faut que tu fasses un petit effort sinon je n'arriverai pas à nous faire sortir
Boum Boum
Maïssa: tousse pars laisse moi tousse
Moi: ne dis pas n'importe quoi, aller un petit effort
Elle: tousse je sens plus mes jambes tousse va t'en
Moi: pas question que je te laisse, on est venus ensembles on repart ensembles
Elle me sourit légèrement, on s'avance en boitant ma jambe gauche de fait affreusement mal à cause du coup de couteau que m'a mis le soldat israélien, par chance on s'extirpe de l'hôpital, enfin. Je me retourne vers les débris de l'établissement
Moi: Allah Yarhamhoum
Maïssa: Amine
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On arrive après une vingtaine de minutes à la maison
Moi: UMI VIENS M'AIDER
Umi: YA ALLAH QU'EST CE QU'IL S'EST PASSÉ !?
Moi: bombardement
Umi: Rabi Yastar, pose la sur le sofa
Je pose Maïssa, elle a une ouverte assez profonde, Umi la désinfecte et la recoud, c'est devenue notre quotidien maintenant
Moi: où est abi ?
Umi: il est parti aider à la mosquée il y a eu un bombardement, ton oncle Riyad Allah Yarahmou
Je ne pleure plus, je me contente de dire Amine, bientôt se sera mon tour je le sais, je ne veux plus pleurer
Moi: Amine
Je retire mon voile, et pars faire mes ablutions, je prie encore et encore, au jour d'aujourd'hui c'est le seul remède à mes blessures
                   
C'est l'histoire d'une guerre, trop de soldats qui courent, des conflits tous les jours, c'est l'histoire d'une Terre. Des maisons anéanties, pour venger tous leurs morts. Des tortures pour les familles, ALLAH connaît les tords..

Je rejoins Maïssa dans la chambre de repos
Moi: alors comment tu te sens ?
Elle: comme un soldat
Moi: rire d'accord mon caporal
Elle: rire Ihsan ?
Moi: oui ?
Elle: parle moi de mon père
Maïssa c'est un petit bout de 5 ans, son père Khali Mohammed Allah Yarahmou est mort il y a 3 ans lors des premiers bombardements, sa mère est morte quelques semaines plus tard, mon père a décidé de la garder avec nous.
Je m'assois à côté d'elle, pose sa tête sur mes genoux et lui caresse ses cheveux
Moi: ton père ALLAH Yarahmou, était l'homme le plus heureux, il n'était jamais triste, il souriait toujours, je m'en souviens quand il nous achetait des chocolats à la sortie de l'école
Elle : vous ?
Moi: oui Jacob et moi..
Elle: Jacob c'est ton amoureux ?
Je marque un temps de pause, Jacob..
Moi: non
Elle: c'est qui alors ?
Moi: un rêve
Elle: ça veut dire qu'il existe pas ?
Moi: non mon coeur ça veut simplement dire que je ne le reverrai que dans mon sommeil
Elle: j'aimerai bien revoir abi dans mon sommeil
Moi: eh bien ferme les yeux, et imagine ton papa
Elle: mais je ne l'ai jamais vu
Moi: n'imagine pas avec ta tête, imagine avec ton cœur
Je continue de lui caresser les cheveux, puis la sens s'endormir sous mes caresses, je la laisse retrouver son père pour quelques heures..
Jacob..
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Tel Aviv, Israël, septembre 1980
[Jacob]
Adda: mais pourquoi ?
Moi: comment ça pourquoi ?
Adda: pourquoi tu es parti faire l'armée ?
Moi: parce que j'aimais mon père et je ne voulais pas le décevoir
Adda: et Ihsan ?
Ady: c'est vrai aba, et Ihsan ?
Je replace ma kippa
Moi: j'avais peur de mon père
Ady: des fois tu ne te demandes ce qui serai arrivé si tu avais désobéis à ton père ?
Moi: souvent, je pense que je serai retourné à Jérusalem, que j'aurai épousé Ihsan, et que je me serai engagé dans l'armée Palestinienne
Adda: c'est pas juste
Ady: tu ne serai peut être jamais venue au monde ma puce
Adda: si mais je serai palestinienne comme papa
Ady: c'est vrai
Adda: et toi aussi Ima
Ady: t'as jamais tord toi ?
Adda: non j'ai toujours raison
Moi: rire tu veux la suite de l'histoire Adda ?
Adda: ouiiii
Elle se replace sur mes genoux, et ma fille se rassois sur le tabouret en face
Moi: eh bien mes bagages étaient bouclés, le lendemain je retournais à Jérusalem, c'est ici que j'ai rencontré ta Savta (grand mère) paix à son âme...
Voilà la suite de la chronique, merci à celles qui suivent c'est vraiment une chronique qui me tient particulièrement à coeur j'espère qu'elle vous plaît parlez en autour de vous et donnez moi votre avis, aimez, commentez, faites partager et abonnez vous
BOUSSAAH ❤️❤️

Gaza: les amants interditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant