Au revoir les enfants - Les 100èmes Hunger Games

Chapitre 5 : L'Entraînement

J'arrivai en retard et me fit rabrouer par celle qui expliquait :
-... Vous pouvez vous exercer à tous les ateliers possibles et imaginables. Une seule condition, ne vous battez pas. Allez-y !

Je défilai devant les ateliers. Les deux carrières du deux s'entrainaient à la lance. L'un comme l'autre, ne rataient jamais leur cible.
Le jeune homme du 1, un dénommé James, maniait l'épée à la perfection et s'entrainait à esquiver des attaques imaginaires.
La joyeuse du 1 était un véritable sumo, mais n'était pas assez rapide dans son corps à corps.
Dans les activités manuelles, les jumeaux s'escrimaient à vouloir faire un feu. Je leur montrai le mouvement, et le garçon, Nemo, m'apprit à deviner le temps pour le lendemain. Charmée par ses beaux yeux, et ses cheveux châtains en bataille, je lui proposai de faire alliance. Il déclina poliment ma demande, en prétextant une lenteur extrême de sa sœur qui me ralentirait. Je dévisageai Enid, sa sœur. Elle avait l'air bien fragile. Sa maigreur et ses petits muscles me dissuadèrent. Nemo lança pourtant :
-Bon, je vais réfléchir, d'accord ?
Capucine ne s'essaya à aucune arme. Elle passait son temps accrochés à des cordes là-haut ou à faire l'équilibre sur un fil tendu à hauteur de tête. Elle était très adroite et souple, mais elle n'avait malheureusement aucune chance. Plusieurs fois, elle me regarda avec un air appuyé, interrogateur.
Romarin, lui, lançait des couteaux talentueusement, à plusieurs mètres de distance. Il semblait beaucoup plus doué que son jeune âge le supposait, mais je repensai à ce qu'il m'avait dit, plusieurs jours auparavant :
« ...On sera jamais quittes...!
Je me promis de lui rendre service au moins une fois dans l'arène.
Les Entraînements durèrent plusieurs jours au cours desquels je m'exerçai au tir à l'arc et à la survie. Puis vient le grand test où nous devions passer individuellement devant des Juges qui nous donneraient des notes sur 12.

Quand j'entrai dans la pièce, je n'avais pas décidé ce que je voulais faire. Ils mangeaient et riaient en me regardant. Je tirai quelques flèches qui transpercèrent la cible, puis montai dans un faux arbre et je sifflai les cinq notes de mon district :
« Mi... Sol... Fa-Ré... Do... ». Les Juges m'observaient sévèrement. Je pressai trois doigts contre ma bouche, les dirigeaient vers le plafond, fit un salto pour descendre de l'arbre et m'enfuis en courant de la salle. C'était la première fois depuis la moisson que j'éprouvais une immense colère conte le Capitole, contre tous ces gens qui mangeaient à volonté sans envoyer leurs enfants dans une arène. Je me rappelai la phrase de Johanna l'autre jour : « Tu es trop gentille avec le capitole ».
Le soir, je ne dis mot à personne de ce que j'avais fait. Je racontai juste que j'avais manié l'arc.
Romarin, lui avait demandé à ce qu'un des juges descendent. Un homme maigre était descendu sans trop s'inquiéter de ce qu'un gamin pouvait faire. Puis Romarin pointa son couteau en sa direction. Le juge se mit à courir, mort de peur. Les autres juges n'avaient rien faits pour sauver leur camarade et ne quittaient pas la scène des yeux, intrigués. Romarin ne visaient bien sûr pas le corps du Juge, mais son ombre sur le mur, qu'il atteint au cœur dès son premier lancer. Quand il nous fit le récit de ses « aventures », Daisy Prinson poussa de grands cris hystériquement effrayés et alluma vite la télé pour savoir nos scores. Tandis que notre présentatrice farfouillait dans les tiroirs pour trouver la télécommande, Johanna fit un clin d'œil à Romarin et lui murmura :
-Contrairement à ton frère, t'as des couilles, toi...
Pendant un instant, les yeux du petit garçon se remplirent de rage.
Je me demandai pourquoi Romarin méprisait Johanna Mason à ce point. Je me demandai pourquoi Johanna méprisait Saule Peen à ce point. La voix de Caesar me tira de mes réflexions et je tournai la tête vers la télé. Caroline Boco, la joyeuse noire du district 1, avait eu le score pas terrible de 6. Peut-être n'avait-elle pas trouvé de partenaires pour la lutte. Le jeune beau James avait un dix incroyable pour son jeune âge. Les deux districts 2 écrasaient tout le monde avec leur 11. Enfin vient notre tour. Contre toute attente, j'avais eu un 13/12. Daisy repartit dans ses hurlements, et Romarin et Johanna me regardèrent, éberlués. J'étais moi-béate devant ce score qui clignotait à côté de ma photo. Je n'eus pas le temps de me réjouir car la seconde d'après, la note de Romarin s'afficha : 00. Il retomba sur son dossier en soupirant. Daisy marmonna vaguement une phrase comme quoi les deux frères ne se ressemblaient pas. Cependant, je restai attentive jusqu'au bout de l'émission, et eut le temps d'apercevoir un 9 au côté de la petite Ondine, avant que Daisy n'éteigne la télé.
Romarin regagna sa chambre prestement. Je l'attrapai par le bras, et lui soufflai que j'étais navrée. Il le retira méchamment et me hurla dans les oreilles.
-Je m'en fous. J'ai pas besoin de spencors. Vu ce qu'ils ont fait à mon frère ! Ils lui ont acheté un mauvais médicament !
Il monta les escaliers, tandis que Johanna et moi attendions devant l'ascenseur.
-Laisse, il va s'en remettre...
-C'est vrai pour le médicament ? On lui avait vraiment envoyé le mauvais ?
-Oui, il y avait eu un problème, et on a confondu 2 médicaments.
-Comment ça, « on » ? Vous étiez dans l'affaire ?
-Bien sûr, idiote, j'étais son mentor...
-Attendez une minute... Vous avez fait exprès, n'est-ce pas ? Vous n'aimiez pas Saule Peen ? Car il était trop... « reconnaissant au capitole », c'est ça ? Vous aviez l'intention de me tuer aussi dans cette arène, si je n'avais pas eu ce score ?
L'ascenseur arriva. Je fus tentée de prendre les escaliers, mais, j'avais besoin de réponses. Johanna me sourit et me demanda :
-Tu n'avais pas fait que tirer des flèches, hein ?
-Répondez-moi ? Aviez-vous l'intention de me tuer, moi aussi ?
-Ecoute, je n'ai l'intention de tuer personne, à part le Capitole, bien entendu.
-Alors, comment expliquez-vous la mort de Saule ?
-Saule était comme un carrière. Beau, fort, pas rebelle pour un sou, toujours agréable... Je le détestais. Il était une réelle menace pour les districts, tu comprends ? Il aimait tellement les jeux... Au début, je pensais que je n'aurais rien à faire. Mais il s'est révélé bon, le bougre. Obsédé par son rêve d'être un Haut Juge des jeux suivants.
J'étais déconcertée. L'année dernière, pendant qu'on regardait ses jeux, Saule était, pour moi, le garçon parfait, et pas le fayot qui voulait tuer encore et encore le plus de gens possibles. Mais Johanna n'était pas digne de confiance, et elle le savait.
-Bon, écoute... Je fais partie d'un réseau de résistance avec entre autres Katniss, Peeta et Finnick. Nous voulons anéantir le Capitole, et ce n'est pas en laissant gagner des écervelés comme Peen, que nous y arriverons.
-Et le petit Peen ? Vous aller le tuer aussi, le petit frère de Peen ?
-Non, ce gamin a une haine incontrôlable contre le capitole à cause de son frère ; Autant te l'avouer, nous allons tout faire pour qu'il gagne.
Nous étions presque arrivées quand Johanna stoppa l'ascenseur.
-Mais toi aussi, tu es différente des autres. Et tu es belle et talentueuse. Mais tu as une partie rebelle, car la vie ne t' a pas toujours gâté, comme moi et tous les tributs de chaque année.
-Je hais le Capitole autant que vous.
-Je l'ai bien compris, et c'est pour cela que je te propose un marché : tu fais tout pour sauver Peen, et u auras tous les cadeaux que tu veux.
-Et si j'échouai ?
-Alors ce serait toi la gagnante et tu serais un nouveau symbole de rébellion. Mais tu aurais la mort de Peen sur la conscience.
-Marché conclu.
-Avant l'arène, conduis-toi comme une petite fille modèle, qui admire le capitole. Dans l'arène, tue tes ennemis, sauve tes amis, dont le petit Peen. Puis fais quelque chose pour te venger, d'accord ?
-Vous croyez tant en moi ?
-En toi, non. Mais en ton talent, si. (Elle redémarra l'ascenseur.) Bonne nuit, fille des bois.
Bouleversée par ce que je venais d'apprendre, je ne mis pas de temps à m'endormir.

Cette nuit-là, encore, je fis d'atroces cauchemars. Romarin était devenu son grand frère dans l'arène, et il me forçait à tuer les jumeaux, la petite Ondine, ou encore Marie l'handicapée du district 5.