Chapitre 4 : Le défilé en char

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-Cinna va arriver ! me dit l'une des esthéticiennes.
Comment !? Avais-je bien entendu !? LE Cinna ?! LE meilleur styliste de tout Panem ?!
Voyant mon étonnement, la dame qui me faisait les pieds, m'expliqua :
-Cette année, beaucoup de stylistes ne se sont pas sentis capables de faire des petits vêtements pour des petits enfants. C'est pourquoi Cinna ne fait plus seulement le 12, mais aussi les jeunes filles du 7 et du 10. Tiens, le voilà !
Emerveillée, je regardai fixement le styliste lorsqu'il fit la bise à ses assistantes. Puis ces dernières prirent congé et il se retrouve tout seul avec moi dans la pièce.
-Le district sept a fait fort cette année. Deux jeunes volontaires... Vous êtes très courageux, toi et ton copain. Bon, voyons voir... tu es très jolie. Je sais déjà ce que je vais faire avec toi.
Un peu inquiète, je le suppliai de ne pas faire comme tous les ans, des branches et des feuilles en papier. Il sourit mystérieusement et se mit au travail. Je me battais pour rester éveillée, mais la fatigue eut raison de moi et je m'assoupis dans mon fauteuil.
Je fus encore une fois réveillée par un homme aux boucles violettes, qui s'émerveillait devant ma tenue. Cinna était à présent hors de ma vue, et je me regardai dans un grand miroir. Mes cheveux avaient été attachés en un superbe chignon vert, tenu par un filet. Mon maquillage était noir et mes lèvres rouges. Ma tenue, elle, était assez décevante. Mes bras étaient entourés de tubes marron ressemblant à des branches, et ma robe mélangeait la dentelle et un tissu orange, noir et vert. Même si je n'étais pas dingue de la robe, je me trouvais belle et étais fière de représenter mon district. Romarin, lui, faisait peine à voir sous sa couche de maquillage vert, sa perruque plastique verte, et son costume marron. Je m'estimai chanceuse d'avoir échappé au styliste habituel du 7, Aulne, l'homme aux cheveux violets qui paraissait pourtant fort content de son œuvre :
-Je te prends en charge toi aussi pour ce défilé, car Cinna doit s'occuper des tributs du 12.
Je repensa à la petite fille : Cinna avait dû faire des merveilles sur elle. Aulne continuait à me parler :
-Tu vois la petite poignée, qui est sur ta hanche droite ? Tu vas la tirer en même temps que Romarin vers le milieu du circuit. C'est une idée de Cinna. Tu vas voir ce que cela fera. Donc, souriez, et faîtes coucou de la main. C'est plus pour toi que cela vaut, Romarin. Voici vos chevaux.
Deux chevaux tirant un char s'avança vers nous. Le premier, magnifique, était marron avec un tache blanche en forme de triangle sur le museau. Le second, ridicule, était teint en vert. Sa crinière, elle, était orange. Je me dépêchai de monter sur le char derrière le beau. Romarin avait l'air de s'en fiche complètement. D'ailleurs, il se fichait de tout.
-Ils s'appellent Président et Snow.
Quels noms ! Heureusement que celui que je trouvais beau ne portait pas le nom de famille de l'ennemi des districts !
La porte s'ouvrit et nos chevaux trottèrent jusqu'à la grande place où les habitants du Capitoles hurlaient nos noms.
Je mis du temps à m'habituer au bruit du peuple. J'agitais la main mécaniquement, comme les autres tributs devant et derrière notre char. Lorsque les premiers chars passèrent devant la tribune du président Snow. Nous tirâmes, Romarin et moi, sur la poignée. D'abord, il ne se passa rien. Ensuite, je sentis des choses bouger sur ma peau et baissai la tête : des fleurs de toute sorte poussaient sur ma robe entière. Puis des écureuils s'échappèrent de ces fleurs. J'avais conscience d'être magnifique. Le peuple était ravi.

-C'était magnifique ! Absolument magnifique ! s'extasia Daisy, hurlant dans mon oreille.
-C'est vrai que c'était pas mal, reconnut Johanna en hochant la tête. Mais tu es beaucoup trop gentille et reconnaissante au capitole, Phyllis. (Cette phrase me rendit perplexe.) Bon, venez, je vais vous présenter aux autres mentors.
Nous étions tous rentrés dans une sorte d'écurie et les tributs conversaient avec leurs mentors.

Elle nous dirigea vers un homme qui avait la cinquantaine, mais qui restait pourtant fort beau et athlétique.
-Voici Finnick Odair, le mentor du district quatre. Il a gagné les jeux à 14 ans. Alors Finnick, tu dois te sentir comme chez toi, avec tous ces gamins.
-Tu parles... Les miens ne sont pas foutus de faire un nœud correctement.
Johanna me montra du doigt :
-Hé hé... j'ai peut-être des chances de gagner avec celle-là alors...
Quoi !? Johanna croyait en moi !?
Finnick me jeta un regard rapide:
-Celle-là ? Pas bien épaisse... Comparé aux tributs du 1...

Un groupe de cinq personnes s'approcha de nous. Celle qui avait une perruque multicolore était sans doute une présentatrice. Un homme d'une quarantaine d'année la suivait avec le garçon gringalet du 12. Ça voulait donc dire...que le mentor à côté était... Peeta Mellark, la vedette du 12. Il tenait la main de... Katniss Everdeen, la fille du feu ! Puis, une toute petite fille les suivait en haletant, tel un chiot.
-Dis donc, Katniss... T'as pas beaucoup de chances avec ces deux-là, se moqua Johanna.
Katniss fit une grimace, et fit signe à la présentatrice d'emmener les gamins se préparer.
La petite me lança un regard appuyé, puis s'éloigna. Peeta chuchota :
-Edward ne vaut pas grand chose, mais la petite est maligne, très maligne. (Puis, en me regardant.) Tu es Phyllis Bacher, c'est bien ça. Tu es très jolie. Aussi jolie que Katniss pendant nos jeux.
Katniss lui adressa un coup de coude, et se tourna vers Romarin, qui restait de marbre.
-Je voulais te demander de ne pas en vouloir à ton frère d'avoir tué des gens. On n'est tous morts de peur dans ces jeux. Et la meilleure façon d'avoir moins peur, c'est de tuer. Ton frère était un bon garçon.
Romarin exécuta un mince sourire. C'était la première fois que je le voyais sourire et cela me fit chaud au cœur. Puis je vis que Johanna faisait la grimace.

Nous prîmes congé des deux vedettes et notre mentor nous informa que les Entrainements commençaient demain aux aurores.
-Surtout, n'hésitez pas à créer des alliances. Et, contrairement à ce que je dis à mes tributs d'habitude, entrainez-vous aux choses où vous êtes forts.

Au revoir les enfants - Les 100èmes Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant