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Une lumière vive traverse le wagon, répandant une délicate chaleur sur ma peau. Mes paupières papillonnent, le temps que mes yeux s'habituent à la luminosité.

Je tourne la tête vers ma droite et je m'aperçois qu'elle est toujours endormie. Ses pétales, qui lui font office de lèvres sont entrouvertes. Je dépose un baiser au sommet de son crâne, irradiant sa peau d'une odeur de rose.

Des petites secousses ébranlent le tramway et je remarque que nous sommes arrivées au terminus. Mon cœur tambourine lorsque je tourne le regard vers la ville de mon enfance.

Je pose une main tremblante sur la vitre froide et je soupire lentement. Un nœud s'est formé au creux de mon ventre. Ma gorge est contractée, mes mains crispées.

Je tourne ma tête vers elle, je pose une main sur sa joue rose et lui annonce faiblement que nous sommes arrivées. Ses paupières s'ouvrent aussitôt, ses prunelles envoyant dans l'air des crépitements d'excitation.

Elle se lève de son siège et je l'imite maladroitement. Mes membres sont aussi tendus que les fils d'une toile d'araignée. Nous sortons du wagon et une vue cauchemardesque s'impose à nos yeux.

La verdure recommence à pousser çà et là sur la colline, mais le gris et le noir sont les deux couleurs dominantes. Je sens mes narines frémir quand l'odeur de cendre parvint jusqu'à moi.

Ma vue se brouille et nous empruntons un petit sentier, où le sol plat fait place à de la roche maculée de suie.

Nous avançons vers la ville en ruines.

L'allée des souvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant