[média: Milan au top de la forme]
Je me frotte les yeux, inconscient du lieu dans lequel je me réveille. Assis sur un carrelage froid, le dos contre une plaque en bois, je ne me souviens de rien. Il me faut un léger temps d'adaptation avant de réaliser l'odeur immonde qui baigne aux alentours : Un mélange torride d'urine et de cendre. Tout ceci me donne envie de vomir.
Mon œil droit me gratte affreusement, mais je parviens à regarder autour de moi ; je me trouve dans une cabine de toilette, le trône à ma droite sans abattant, la porte fermée avec un verrou.
Je m'agrippe au rebord de la cuvette avant de regretter amèrement mon support ; une matière visqueuse se colle sous mes doigts. Je sursaute de dégoût, perdant tout le calme qui berçait mon réveil. Je déverrouille la porte et m'avance vers le premier lavabo. J'actionne maladroitement le robinet, un timide filet d'eau se met à couler.
Je frotte les pores de ma main comme si la lèpre s'y répandait, du savon vient mousser l'ensemble, quelques bulles prennent leur envol. La porte des toilettes, qui mène au couloir de l'école, s'ouvre d'une violence inouïe. Je jette un œil à la personne qui l'a ouvert aussi brusquement, et deviens perplexe en découvrant un élève de ma classe complétement apeuré. Ses yeux sont aussi ronds que deux balles de golf.
- Justin Bieber s'est pointé devant l'école pour que tu tires cette tête ? le questionné-je amusé.
Une fumée dense et noirâtre s'invite dans les toilettes, passant par l'ouverture de la porte. Les plis du visage de l'élève sont graves, sa main semble retenir son thorax. Il protège quelque chose, et la situation n'a pas l'air aussi amusante que ma question enfantine le laissait penser.
L'odeur acre du feu se renforce dans le lieu, la porte étant toujours ouverte.- Ne me dis pas que vous l'avez brûlé, pouffé-je mal à l'aise.
- L'école ! hurle-t'il.
Le garçon disparaît du cadran de la porte, laissant ma rencontre avec le bâtiment enflammé se dérouler dans les règles de l'art. Je me précipite à l'endroit où l'élève s'était amarré. À gauche, je distingue sa silhouette courir sous des nuages de poussière. À droite, je confronte le cœur du brasier. Mes cristallins sont aussitôt illuminés par cette lumière des plus alléchantes. Une légère pyromanie doit être terrée sous mes décombres psychologiques, le feu m'a toujours cruellement attiré.
Un véritable spectacle s'offre à moi. La nature des flammes domine tous les éléments ; le métal des casiers se déforme sous la chaleur, des feuilles blanches volent de partout, la plupart finissent calcinées sur le carrelage, ne formant plus que des tas de cendres .
Je regarde à nouveau vers la gauche et distingue une porte de sortie, sûrement celle vers laquelle le garçon de ma classe s'est dirigé. Je sors des toilettes et rejoins le couloir plongé dans l'ombre des flammes. Immédiatement, une douleur dans mes poumons naît et prend de l'ampleur. Un pressentiment étrange m'immobilise, je n'arrive plus à faire de pas. Sans même avoir le temps de me questionner sur la raison de ce sentiment mystique, des parties du plafond se mettent à céder. Des fissures craquèlent les murs de part et d'autre, un bruit assourdissant me bouche les tympans. Je reste sans voix, observant le plafond céder. Un tango de chaos, une danse digne des ténèbres. Je ne perds pas une seconde de plus pour me réfugier dans les toilettes, zone non dangereuse. Le sol est secoué par l'effondrement.
J'essaye de me concentrer sur les éléments qui m'entourent, la peur de la mort nourrit ma perspicacité. Une demi-seconde s'écoule et une idée fuse : La fenêtre des toilettes !
Sachant que je suis au rez-de-chaussée, il ne me sera pas difficile de m'extirper par la fenêtre. Dans cette situation, je suis sûrement le seul à esquisser un rire satisfait. Je m'essuie le front cendré, rassuré de mon nouvel échappatoire. À aucun moment je me prends pour un héros : courir à travers les flammes, ce n'est pas mon truc.
Je passe devant la cabine de toilette où je me suis éveillé. J'aimerais comprendre comment je me suis retrouvé ici, mais ma survie m'importe plus. Je vais en face de la fenêtre murale, sa taille me semble satisfaisante pour que je puisse me glisser à l'extérieur. Toutefois, je tressaille à nouveau quand je touche la poignée avec mes doigts visqueux. À contre-cœur, je repasse mes doigts sous le jet d'eau que me prête un des lavabos. Je dois absolument retirer ce truc non-identifié de mes doigts. Un moment passe et je tousse sans m'en apercevoir, je n'arrive toujours pas à me débarrasser de cette chose poisseuse. Tant pis, je dois sortir de là !
Je me remets face à la fenêtre et saisit la poignée. Je tire d'un coup pour l'ouvrir... Absolument rien ne se passe. J'articule la poignée de haut en bas, la tourne sur 180° : toujours rien. Je regarde de plus près le système de la fenêtre et aperçois une minuscule serrure. Ce n'est pas vrai... C'est impossible ! Ces enfoirés de l'école ont fermé les fenêtres des toilettes à clé ! Et pour quoi, pour des raisons de sécurité ? Je vais crever parce que ces connards m'ont enfermé dans un putain de brasier !
Je perds tout espoir. Je ne sais pas ce que je vais faire. Mon instinct de survie est à plat, aussi démoralisé que moi. J'imagine que je vais devoir traverser les pires situations, sautant à travers les flammes et esquivant les effondrements... Je ris de désespoir cette fois-ci.
D'un pas lent, je repars dans le couloir. La première chose qui apparaît dans mon champ de vision me provoque un soubresaut incontrôlé ; le corps inerte de Néo. Partiellement recouvert de débris, il s'étend sur le sol tel un cadavre. Sa tête est inclinée sur le côté, sa joue embrasse la poussière du carrelage.
Je secoue la tête, incrédule de le voir ici, et me précipite à sa rencontre. Ma main balaye rapidement les amas qui se sont déposés sur ses vêtements.
- Néo ! crié-je pour le réveiller.
Il ne répond pas à mon appel, aucun signe. Ma gifle sans retenue sur sa joue affirme son état d'inconscience. Je regarde le trou dans le plafond et visualise directement le couloir du premier étage. Il est donc tombé dans cet effondrement. Sans réfléchir plus longtemps, je saisis ses bras, le tire à l'intérieur des toilettes et donne un coup de pied pour fermer la porte d'entrée. Je l'adosse à côté du radiateur rouillé et relève à plusieurs reprises son menton. Lui garder la tête droite me semble impossible vu son état. Je dépose les paumes de mes mains sur ses tempes, approchant mon souffle de ses lèvres. Néo...
Sa peau est étonnamment douce sous mes doigts, je me surprends à dessiner des cercles faits de cendre sur ses joues. J'ai l'impression qu'il dort sous ma protection, cela me donne une image sereine de lui que je n'avais jamais vu - ni même imaginé - auparavant. Je suis à genoux, penché sur cet homme peu commun, et je ne peux m'empêcher de profiter de cette occasion. Je ne sais pas pourquoi, je me sens redevable de ses attentions. Toujours collé à mon derrière, me réprimandant pour mes moindres méfaits. Il est lourd, mais je pense aimer son poids.
Je décide après un long moment de retirer mes attaches. Je m'aperçois avoir formé suite à mes caresses une trace de la substance gluante avoisinant son sourcil droit. Je me mords la lèvre pour m'empêcher de rire, trouvant la situation bien trop irrationnelle pour m'en amuser.
Je tousse à nouveau, les poumons irrités par la fumée noire qui inonde les lieux. Pour limiter l'accès du nuage toxique dans la pièce, je me débarrasse de ma veste et l'étends au pied de la porte. Mon estomac me brûle et ma vue se trouble. Le carrelage se met de nouveau à trembler, me faisant perdre équilibre. Je me rattrape sur un lavabo. Quelque chose d'autre a dû s'effondrer dans l'école.
Je titube jusqu'à la fenêtre, puis assène mon poing dedans. Elle doit être faite d'un triple vitrage puisque mon coup n'a aucun effet, mis à part la douleur dans mon poignet. Néanmoins, je continue de frapper jusqu'à ce que mes doigts se couvrent de sang. Je m'essouffle, tousse et suffoque. Alors j'arrête d'essayer de survivre et m'assieds sur le sol, à côté de Néo.
La position est loin d'être confortable, mais peu me chaut. J'esquisse un sourire quand mon front rencontre son épaule. Je me sens malade et bien à la fois. J'ai beau avoir essayé d'empêcher la fumée d'entrer, elle arrive toujours à s'infiltrer. Des secondes ou des minutes défilent, j'ai perdu la notion du temps. Je somnole, intoxiqué par les flammes, ivre de la couleur ardente.
Après une courte lutte contre le sommeil, je finis par m'endormir, sans avoir une seule idée de l'endroit où je vais me réveiller.
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Sleeping Naughty #OVER
Ficção Geral" L'école est en feu, mon cœur amoureux " aurait été une belle fin pour Néo et Milan, face à ce qui les attend. Plongés tous deux dans un profond coma, ils se réveilleront dans des mondes parallèles aléatoires. Survivre sera le mot d'ordre. *HISTO...