CHAPITRE 1

146 21 5
                                    

  Une lueur blafarde transperçait la fine couche de paupières qui recouvrait mes yeux. Mon regard examina chaque élément de ce lieu avec avidité. J'étais installé dans un lit surélevé, nappé d'un léger tissu. La pièce était entièrement blanche, les murs, le plafond, le sol, les meubles baignaient tous dans la même teinte lumineuse. Cela procura en moi un sentiment de malaise. Une baie vitrée légèrement entrouverte donnait sur un jardin parsemé de fleurs colorées. C'était la seule touche de vie en ce paysage si dénudé.

  J'étais dans une chambre d'hôpital. Je n'ai aucun souvenir de ma vie passée. La solitude prenait place dans mon esprit. Que fais-je ici ? Pourquoi suis-je seul ? Ai-je une famille ou même des amis ? Ces questions occupaient toutes mes pensées. J'étouffais.

  Je repoussai le drap et m'assis sur le côté, face à l'extérieur. Lorsque mon pied nu fut en contact avec le carrelage blanc, le froid s'infiltra dans ma jambe et je retirai vivement mon pied. Je réessayais.

  L'air qui s'infiltrait dans la pièce était frais mais plutôt agréable.

  Quand je fus levé, des souvenirs affluèrent et je pus les identifier sans difficulté particulière. J'étais en présence d'un jeune homme vêtu d'un short et d'un maillot de basket-ball des Lakers. Il était à coup sûr plus âgé que moi mais pas de beaucoup. La joie, le bonheur et le rire éclataient en lui de toutes parts. La sueur perlait sur son front et sa mèche lui cachait un œil. Il était impressionnant par sa hauteur, son charisme et sa générosité. C'était une personne que je me savais chère mais je ne savais identifier son identité. Soudainement, son regard se modifia et devint sérieux, inquiet et affolé. Puis ce fut le vide complet.

  Je sortis. Une odeur fruitée parvint à mes narines et me fit tourner la tête tellement ce parfum était exquis. Elle m'était familière.

  J'avançai d'un pas mais mon instinct me prévint d'une présence dans mon dos et me figea. Une voix cruelle me glaça le sang :

  « N'aie pas peur, je ne vais te faire aucun mal. »

  Je me retournai. Une jeune femme aux yeux vicieusement verts se dressait devant moi et semblait inquiète. Ses cheveux étaient comme fait d'une fourrure ensanglanté et sa physionomie telle une vipère. Elle portait une blouse blanche comme la neige et avait les cheveux remontés en chignon. Elle m'interrogea sur mon état de santé et je lui répondis que je me portais bien mais que je n'avais plus de mémoire.

  - Ne t'inquiète pas mon garçon, cela te reviendra. Tu étais dans le coma depuis environ une semaine, il est normal que tes souvenirs se soient effacés. Il suffit d'être patient.

  Elle fit un pas vers moi et posa sa main sur mon épaule. Je n'appréciais guère ce geste et frémis. Elle fronça les sourcils comme si elle avait décelé quelque chose de mauvais.

  - Tu sembles tracassé, je peux peut-être t'aider à arranger cela ?me proposa-t-elle.

  Elle avait raison, je suis tourmenté. Ce n'est pas pour autant que je lui dévoilerai le moindre de mes secrets.

  - Oui, je veux bien, acceptai-je tout de même. Je ne sais même pas pour quelle raison je me trouve là. Ai-je une famille ?l'interrogeai-je, la voix tremblante.

  - Alors c'est cela. Je vais te fournir toutes les réponses à tes questions grâce à ce que je sais ; mais avant, marchons un peu voir si tous tes muscles fonctionnent correctement.

  Je hochai la tête. Nous suivions un rythme lent car mon corps était désespérément engourdi.

  - Oui, tu as une famille. Seulement elle n'est pas au courant que tu es ici ni que tu étais dans le coma il y a à peine 15 minutes.

  - Comment ça ?m'exclamai-je presque en criant.

  - Elle te croit disparu. Et n'a pas tenté de te retrouver. Au bout de deux jours, ils ont déclaré que tu étais mort. Je suis vraiment navrée, je l'ai lu dans les journaux, ce n'est que comme cela que je l'ai su.

  Elle était tout sauf désolée. Cela s'explique par le fait qu'elle me fusille presque du regard. Cependant, j'ai quand même envie de la croire car je n'ai pas de raison valable pour prouver le contraire.

  - D'accord, et comment cela se fait-il que je sois à l'hôpital et que j'ai été dans le coma ?

  - Je ne peux répondre à ta question mon garçon. Je sais seulement qu'un jeune homme t'a déposé ici il y une semaine. Tu avais de multiples blessures au corps comme des hématomes, des griffures, ainsi qu'un traumatisme crânien qui est sans aucun doute la cause de ton coma.

  - Qui était ce jeune homme ? Avez-vous des détails sur lui ?insistai-je, intéressé.

  - Je ne connais son nom mais il était grand, les cheveux foncés, les yeux marron. Il devait avoir 18 ans, tout au plus. Après t'avoir amené au bloc, il est parti et nous ne l'avons plus jamais revu.

  Cette description correspondait tout à fait à celle du personnage entraperçu dans mes maigres souvenirs. J'ai dû me faire agresser et assommer, ce doit être la raison de mes blessures ainsi que de mon coma. J'avais besoin d'en savoir davantage mais l'infirmière ne me sera plus d'aucune aide à présent.

  Je n'aimais point ce lieu si surfait, étrange et effrayant. Je voulais être ailleurs, comme par exemple chez moi, si seulement j'en avais vraiment un.

  - Merci de ces renseignements. J'ai une dernière question.

  - Je t'écoute, répondit-elle sèchement.

  - Comment vous appelez-vous ?

  - Je m'appelle Anna, et toi ? Sais-tu quel est ton nom ?

  Je ne m'étais même pas posé la question une seule fois depuis mon réveil. Je fus incapable d'y répondre, je ne m'en souvenais point. Je secouai la tête.

  - Eh bien, je vais te le dire. Ton nom est Julien et tu es âgé de 16 ans.

  Cela me revenait. Mon prénom, que j'avais entendu maintes fois dans ma vie antérieure, aujourd'hui incapable de m'en rappeler. Je devais être plongé dans un coma assez profond pour en oublier mon identité.

  - Merci Anna. Maintenant pourrai-je être seul si cela ne vous embête pas trop ?

  - Non. Évite juste de te faire mal ou de faire des bêtises.

  - Je saurai me tenir tranquille, sifflai-je entre les dents.

  Sur ce, elle s'éloigna. Je me retrouvais alors seul avec mes pensées dans ce sublime parc.

__________

Un début rapide et plein de mystères, j'espère qu'il vous aura plu et n'hésitez pas à donner votre avis !
Merci à mes premiers lecteurs qui m'ont permis de placer ce roman 190ème dans la catégorie Mystère/Thriller en seulement 48h ! C'est incroyable, merci sincèrement !

Cold Silence [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant