Chapitre 4 : En route vers Shimla

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Ranum les réveilla tôt dans la matinée, il avait préparé un bon petit-déjeuner, des crêpes et des idlis, des gâteaux salés à base de lentilles et de riz. John se prépara à partir vers Shimla, Ranum voulut l'accompagner.

Il restait environ 2 miles à faire pour arriver dans la ville. Ranum prêta des bâtons de marche à John et ils s'en allèrent en direction de Shimla. La ville était très grande, étagée sur une grande colline. Elle se trouvait près de la montagne, on pouvait donc y voir beaucoup de chalets. Mais en s'engageant dans les premières rues, John remarqua une pauvreté très présente : les vieillards avaient les cheveux gras, les enfants jouaient avec de vieilles poupées sales et cassées. Leurs habits étaient abîmés, les maisons étaient petites et délabrées, on aurait dit qu'elles étaient abandonnées. Plus on approchait le centre-ville plus les maisons devenaient plus grandes, plus belles. Les enfants jouaient avec de belles poupées, les vieillards étaient propres et bien habillés.

Ils arrivèrent enfin au centre-ville. On pouvait y voir de magnifiques maisons néo-gothiques ou des maisons rappelant l'époque médiévale. Ranum expliqua à John que la ville avait changé depuis quelques années du fait de la colonisation du pays. Les maisons, surtout dans le centre-ville faisaient très exotiques par rapport à l'Inde, très anglaises à cause de cela.

John sourit à la vue d'une église catholique sur ce centre-ville. Il demanda à Ranum de pouvoir s'y recueillir et Ranum acquiesça.

Une fois à l'intérieur de l'église, John aperçut beaucoup de monde, beaucoup de personnes blanches priaient. Il remarqua que le nombre de natifs indiens devait être moindre. Il entendit un homme prier en anglais, un autre chuchoter en Français. Il s'avança et vit une rangée de femmes priant à l'avant du nef central, il s'assit derrière elles et fit sa prière quant à Teddy, il s'allongea sur le sol et fit une petite sieste. L'église en elle-même n'était pas très belle. L'intérieur était très banal, on aurait dit une vieille église de petit village. Un drapeau anglais était accroché sur le mur de l'un des travées.

Il sortit de l'église un quart d'heure plus tard, Ranum l'attendait, une longue pipe en bois à la bouche.

-Excusez moi de vous avoir fait attendre.

-Je comprend, la religion c'est sacré. Je suis également très religieux, je ne vis presque que pour ça. Vous auriez remarqué le nombre incalculable de statues, peintures, tapisseries hindouistes dans mon domicile.

-Allons dans une épicerie. Je voudrais qu'on aille dans un quartier pauvre, aider ses habitants, acheter des vivres et des jouets pour les enfants, les rendre heureux.

-D'accord, je vous suis, mais comment allez vous payer ?

- J'ai fait un échange de monnaie, j'ai donné des francs contre des roupies. De plus, je vous l'ai dit hier, je suis riche. Ce n'est pas que je paie sans compter mais j'ai suffisamment d'argent pour nourrir tout un quartier. Vous prendrez ce que vous voulez Ranum, je paie ma tournée.

Au bout de quelques minutes de marche, Ranum et John arrivèrent enfin à une épicerie. Une fois à l'intérieur, John se mit à acheter de nombreux jouets, des figurines d'éléphant, de tigres, de boeufs, des poupées indiennes, des osselets. Ranum acheta du pain, du curry, de la noix de coco, des piments, des clous de girofle et d'autres ingrédients; il voulait préparer un repas là-bas.

-Dans quel quartier allons nous aller Ranum ? Vous connaissez bien la ville !

-Je ne sais pas, nous irons visiter les rues à la recherche de la pauvreté, c'est ironique et cela peut être mal pris de chercher la misère mais il n'est pas compliqué de la trouver ici.

Ils terminèrent leur "course", payèrent et sortirent de l'épicerie. Ils se rendirent dans plusieurs petites ruelles jusqu'à ce qu'ils trouvent deux misérables enfants, pauvrement et légèrement vêtus, il s'agissait d'une petite fille et d'un petit garçon. Ils jouaient avec des cailloux. A travers ses deux enfants, John repensa à ce qu'il avait vécu avec sa soeur quand sa mère les avait abandonné. John et Ranum s'approchèrent d'eux. A leur regard, on pouvait distinguer une tristesse profonde. Une larme vint soudainement à John, puis deux, puis trois, puis un torrent. Il se retourna et se mit à pleurer.

Ranum demanda en punjabi aux enfants où il vivaient. Le garçon désigna un vieux quartier du doigt. Les enfants demandèrent à caresser Teddy. Le chien était heureux, il aboyait de joie.

Les maisons du quartiers étaient faites de matériaux de récupération venant d'usines. La route était remplie de boue, d'urine et de selles. L'odeur était nauséabonde, le lieu était laid. Deux vieilles dames assises sur des chaises en osier parlaient en désignant les deux hommes. Elle ne comprenaient pas pourquoi ils avaient de gros sacs en bois dans les mains. Ranum demanda aux enfants de faire sortir tous les habitants du quartier. Le petit innocent ne réfléchit pas longtemps et cria une phrase sûrement en punjabi en regardant les maison. Rapidement, des personnes sortirent de chaque taudis et firent un cercle autour des deux hommes et du chien, ils avaient tous un tilak sur leur front. Ils les regardaient tous bizarrement, les dévisageaient.

Ranum prit la parole en punjabi :

-Sānū isa dē ulaṭa'tē, sānū tuhāḍē la'ī kujha hairānī hai, tuhāḍī madada karana la'ī cāhudē hō, jēkara tuhānū kō'ī vī nukasāna dā matalaba. Nous ne vous voulons aucun mal, au contraire, nous voulons vous aider, nous avons des surprises pour vous.

A chaque fin de phrase punjabi, il traduisait à John. Sachant exactement ce que voulait faire John, il trouvait les bons mots pour exprimer ses idées. Il s'arrêta de parler au bout de cinq minutes et remarqua que les personnes étaient conquises. Soudain, l'une des vieilles femmes qui était restée sur la chaise cria en punjabi :

-C'est Ranum Sanosana !

L'homme rougit soudain et les habitants restèrent médusés, ils avaient devant leurs yeux l'auteur du roman indien le plus célèbre au Monde. Les gens l'enlacèrent, hurlèrent de joie, l'embrassèrent. Après avoir calmé tout le monde, Ranum annonça qu'il allait faire la distribution des jouets. Les enfants se mirent en file indienne, sans mauvais jeu de mot.

Ensuite, ils donnèrent des vivres à chaque famille et firent une petite animation d'acrobaties avec Teddy. Tout le monde s'était assis à même le sol, au milieu de la rue après avoir rapidement nettoyé la rue. Toutes les personnes passant dans la rue s'arrêtaient, non pas par impossibilité mais parce qu'ils étaient intéressés par le spectacle. Il dura une vingtaine de minutes.

Ranum commença ensuite le repas dans l'une des maisons les moins sales, dans la maison la "plus riche". Ils firent un banquet avec les moyens du bord. Les habitants n'avaient pas l'habitude de manger autant, ils étaient heureux, ils honoraient Ranum et John !

John et Ranum rentrèrent chez Ranum vers vingt-trois heures.

Une semaine à ShimlaWhere stories live. Discover now