II - Douceur

380 47 11
                                    

L'inconnu avait délicatement posé une main sur le sternum de Louis et a commencé à lui poser des tas de questions. Il lui demandait s'il allait bien, ce qu'il faisait là, pourquoi il était allongé sur le goudron, s'il s'était drogué, s'il avait bu, s'il avait mal quelque part. Louis ne répondait rien. Il profitait des cercles sur son ventre tout en admirant la beauté du jeune homme.

Ses longs cheveux bruns et bouclés avait l'air si doux que l'on voudrait plonger les mains dedant. Son nez fin. Ses jolies lèvres roses, pas très épaisses mais jolies. Ses sourcils un peu arqués. Sa mâchoire proéminente et terriblement belle. Ses fossettes au creux de ses joues quand il s'arrêtait de parler pour sourire. La finesse des quelques poils de son visage. Et par dessus tout, ses yeux. Ses yeux de la même couleur que la forêt au printemps. Il pouvait s'imaginer marcher dans les bois rien qu'en les regardant. Il était beau. Il était renversant.

- Comment tu t'appelles ? Avait difficilement articulé Louis.
- Harry.

Le mot avait si bien roulé sur sa langue que Louis cru que sa voix venait des anges. C'était doux comme une caresse. Comme la caresse des longs doigts d'Harry sur son t-shirt. Le coton était si fin qu'il pouvait visualiser la sensation sur sa peau. C'était si bien qu'il laissa échapper un petit gémissement à ses lèvres. Le plus beau son que Harry n'est jamais entendu. Celui qu'il voudrait entendre jusqu'au jour de sa mort.

- Et toi ?
- Louis.

Harry sourit si fort que Louis se demanda s'il n'avait pas mal aux joues. Un sourire sincère.

- C'est un très beau prénom, Louis.

Encore meilleur que le prénom d'Harry sur sa langue. Son prénom à lui. Comme il le disait d'une manière typiquement française. Jamais il n'avait autant aimé son prénom. Louis. Il voulait que Harry le dise encore. Et encore. Et encore. C'était aussi doux que les caresses sur son vêtement. Aussi doux que les mots d'amour. Il classait d'ailleurs "Louis" dans les mots d'amour. Maintenant que Harry l'avait prononcé avec tant de grace, tant de délicatesse.

- Dit moi, Louis,

Celui-ci ouvrit fort les yeux. Et les oreilles. Et la bouche. Prêt à boire les paroles de Harry. Harry qui était encore plus parfait que ses fantasmes de sauvetage. Encore meilleur. Harry qui s'était installer avec lui sur le goudron. Harry qui posait des questions que Louis ne trouvait même pas chiante. Harry qui faisait attention à lui. Harry, Harry, Harry.

- Pourquoi es-tu là ?
- J'étais sur le gazon au début, il répondit doucement.

Harry lui sourit encore. Faisait des caresse de plus en plus grandes, de plus en plus agréables, sur le petit torse de Louis. Il semblait à la fois s'endormir et se réveiller sous le délicat touché. Gémissant de temps à autre. C'était si bien, si étrange à la fois. Il aimait les caresses mais détestait la manière dont son corps s'y abandonné. S'offrir à l'ivresse procuré par l'alcool était une chose, à un humain une autre. Mais c'était tellement plus agréable. Le geste était tellement plus beau.

- Tu n'as pas peur de te faire écraser ?
- Je n'ai peur de rien.

C'était faux. Il avait peur de tout. C'était juste l'alcool qui l'avait persuadé que si il mourait ce soir ce ne serait pas très grave. Il ne manquerait à personne, de toute façon. C'était un putain de bon à rien. Un petit merdeux. Un vrai con. Il ne manquerait à ab-so-lu-ment personne. Si ce n'est à lui-même. Mais il se manquait déjà depuis un moment.

- Je ne te crois pas.
- Tu as raison.

Harry glissa doucement sa main sous l'encolure du t-shirt de Louis, comme pour demander la permission. Un gémissement servi d'autorisation. Il caressa la fine peau de ses clavicules avec une lenteur qui fit languir Louis. Mais d'une façon agréable. Les doigts traçaient des lignes imaginaires le long des os. Louis avait des frisons. La sensation peau contre peau était exactement comme il l'avait imaginé : délicieuse. La douceur de la peau d'Harry était semblable à celle des nuages. Seulement si les nuages étaient doux, il n'en savait rien. Et son cerveau n'était pas en mesure de réfléchir à la composition chimique d'un nuage, trop occupé à chercher à savoir si des doigts sur une clavicule pouvait provoquer un orgasme.

- Alors pourquoi ?
- C'est pas moi qui commande, lui avoua Louis, les yeux plantés dans les siens.
- Tu as de beaux yeux.

Peut être bien. On lui avait déjà dit auparavant. Mais à côté de ceux d'Harry, ses yeux était aussi banal que ceux de n'importe qui. Rien n'égalerait jamais les forêts vierges qu'il y avait dans les pupilles d'Harry. Ils lui faisaient le même effet que les étoiles. C'est à dire trop, beaucoup trop d'effet.

- Je préfère les tiens.
- Pas moi.
- Tu faisais quoi, là ?
- Une promenade.
- En pleine nuit ?

Malgrés son air étonné, Louis ne l'était pas temps que ça. Lui même le faisait souvent. Pour oublier. Remplir son esprit avec du vent, du froid, de la pluie, du soleil. Tous ce qu'il pouvait sentir. Capturer. Tous ce qui est mieux que la mort. Tous et plus encore. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que du vide.

- Pourquoi ? Reprit Louis.
- Je voulais qu'on me laisse tranquille.
- Qui donc ?
- Personne. Tout le monde. Les gens m'opressent mais ma solitude aussi. Je me sens seul tout le temps mais je suis sur le bord de l'explosion chaque fois que l'on m'adresse un mot. Les gens. Les bruits. Les images. Tout cela me dégoûtes. C'est qu'une couverture, Louis. Une couverture pour cacher tous ce qu'il y a de moche ou de vieux. Il y a rien qui est réel, tout marche à l'envers. Je croyais que j'étais le seul à aller dans le bon sens mais tu es là aussi. Il y a encore quelques fous. Des comme nous. Des qui cherchent la vie à tout les coins de rue mais qui se laisse aller vers la mort. Des furieux. Des acharnés. Des gens qui ont si peu de temps pour découvrir tout ce qu'ils veulent voir. Vivre leurs rêves. Aimer comme des fous. Si peu de temps, Louis. Il nous file sous le nez et nous on est là entrain de parler de lui sans jamais avoir les couilles de lui courir après. Je déteste tous ces gens qui nous prennent pour des marginaux. C'est nous les gens bien, pas eux. Eux c'est des trous du cul, des incapables. Ils ne connaissent rien et ne veulent rien connaître. Il ne lisent pas de livres, ne voyagent pas, trompent leurs conjoints. Ce sont eux les mauvais mais comme ils sont plus nombreux que nous ils pensent pouvoir prétendre le contraire. Ils ne savent pas que même si on est moins, on criera toujours plus fort. Ils ne savent rien, Louis.

Louis était subjugué. Les mots D'Harry formait une tempête encore plus forte que l'alcool dans sa tête. Il voulait mourir encore mais seulement pour ressusciter dans la seconde suivante. Il voulait tout ce qu'il était possible d'avoir pour ensuite tout envoyer valser. Il voulait respirer tout en suffocant. Il voulait vivre. Vivre avec Harry caressant sa peau pour l'éternité. Parcourir le monde et aimer. Aimer, aimer, aimer. C'est comme si Harry lui infligé une énorme gifle. Celle qu'il attendait depuis bien trop longtemps.

Louis voulait répondre mais il ne trouvé rien qui vaille. Rien d'assez fort pour égaler Harry. Lui, le seul truc un peu fou le concernant, c'était que se son saint grall soit de toucher les étoiles. Même métaphoriquement. À part boire de l'alcool, rien ne l'avait jamais mené à l'extase. L'alcool ne l'avait pas fait non plus d'ailleurs. L'alcool n'avait rien fait sauf le transformer en un suicidaire pleurant. Même pas les fois où il avait "fait l'amour". Il avait prit son pied mais pas de septième ciel pour lui.

- Harry, tu as déjà touché les étoiles ?
- Bien évidemment. Comme tout les mecs un peu barge.
- Moi aussi je veux être un peu barge.
- Tu es déjà barge, Louis. Et pas qu'un peu.
- J'ai jamais touché les étoiles, Harry. J'ai jamais rien ressenti d'autre que la tristesse ou le désespoir depuis des années. Je sais plus ce que c'est le plaisir, à part celui de souffrir. Je connais plus la joie, sauf celle procuré par la vodka. J'ai tout désapprit de ses choses catégorisé comme bien.

Il soupira.

- J'y connais rien au bonheur, Harry.

Harry décendit ses caresse tout le long du ventre de Louis, avant de remonter jusqu'à son téton droit qu'il caressa un peu plus fort que les autres endroits.

- Je vais te faire toucher les etoiles, Louis. Je te le promet.

Il ne pouvait pas plus le rendre plus heureux. Il allait toucher les étoiles. Enfin.

FAIT MOI TOUCHER LES ETOILESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant