DYSUTOPIA

Prologue

3 mars 2017

- Qu'est-ce que c'est que ça ?
À cet instant, la terre entière tournait sa tête vers les cieux. Ce cri n'était pas présent sur toutes les lèvres mais certainement dans tous les esprits.
Un gigantesque morceau de terre s'élevait dans les airs, faisant trembler terre, cieux et esprits.

***

Cette journée avait commencé comme toutes les autres, pourtant:
Alexandra June, 16 ans, Kansas, États-Unis, se rendait au lycée comme tous les vendredis et tous les autres jours de la semaine, d'ailleurs.
Elle était souvent entourée de ses amies, mais aujourd'hui elle effectuai le trajet seule, pour une fois. Elle pensait à Mike, le beau garçon de la classe d'à côté. Il lui avait souri plusieurs fois, et aujourd'hui, pour lui elle avait attaché ses cheveux en une savante tresse habilement coiffée-décoiffée.
Elle marchait, perdue dans ses pensées -occupées par notre beau brun- quand un horrible bruit, mélange de déchirure et de cassure sèche, très fort mais lointain et étouffé se fit entendre. La terre trembla sous les pieds d'Alexandra qui tomba.
Le séisme se propagea, et Alexandra leva la tête. Elle eut à peine le temps d'apercevoir un chêne qui tombait en avant.
Ce fut la dernière chose qu'elle vit, d'ailleurs.

***

Heidi Licht, de son vrai nom Adelheid, 14 ans, Munich, Allemagne, en classe de neuvième, traînait des pieds sur la route du collège. Elle était fatiguée et complètement patraque, et l'idée de devoir affronter une journée de huit heures à écouter le babillement incessant des professeurs lui causait une insupportable migraine. Elle s'assit sur un banc en face d'un parc et souffla. Ses longs cheveux blonds méchés de bleu foncé et attachés en couettes lui donnaient un air enfantin et on lui aurait volontiers donné douze ans avec cette coupe. 
Elle s'apprêtait à se relever quand un horrible déchirement se fit entendre au niveau du sol. Soudainement alerte, elle se redressa et chercha du regard une cachette quand un second craquement accompagné cette fois de bruit d'écume résonna. Elle dirigea son regard vers le bruit et vit... des immeubles. Mais bientôt, une horrible plateforme se fit apercevoir à l'horizon. Elle entamait une montée inexorable vers les cieux.
Le monstre de terre était suffisamment haut pour qu'on puisse le distinguer, à présent. De là où elle était, Heidi n'aurait su dire son diamètre. C'était un véritable monstre, circulaire, en forme de cône inversé, ruisselant d'eau et qui s'élevait droit. Des larmes perlèrent au coin des yeux.

- Qu'est-ce que c'est que cette horreur ? murmura-t-elle pour elle-même.

Les rues étaient étrangement vides depuis son départ de chez elle, aussi poussa-elle un cri en voyant débouler à l'angle de la rue une énorme Berline noire précédée d'un char d'assaut. L'imposant tank roulait lentement sur ses chenilles si hautes qu'elles arrivaient à la poitrine d'Heidi.
La berline suivait, quand elle ralentit. Un homme d'une cinquantaine d'années, d'apparence ordinaire, descendit et s'approcha d'Heidi.

- Petite, tu es seule ? Les gens sont cloîtrés chez eux, l'île a causé un tsunami, et des millions de morts sont à déplorer, tu vis près des côtes ?
- Non monsieur, je partais au collège.
- Tu as douze ans ?

Heidi le dévisagea avec circonspection.

- Qu'est-ce que c'est que toutes ces questions ?
- Hum, je vais t'expliquer. Le Maus a été envoyé pour abattre une partie de l'île
- Pourquoi ?
- Disons qu'elle est plus grande que prévu
- Que prévu ?!
- Je vais t'expliquer, viens
- Je peux passer un appel ?
- Oui, bien sûr. Au fait, je ne me suis pas encore présenté.

Il sortit une plaque d'identité.

- Herr Dereck VonRajasycksty, russo-allemand, police gouvernementale
À demi rassurée (personne ne décrochait à l'autre bout du fil), Heidi décida de faire confiance à Dereck et de monter dans la Berline qui se remit en marche.