Premier

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-Une centaine d'années plus tard, an 100 ou ce qui aurait du être l'an 2118-

3 Floréal, 100
Ou 29 mars 2118

Olivia contemplait le mur de sa chambre, pensive.
C'était une très belle jeune fille de quinze ans, aux cheveux orange clairs et aux yeux jaunes-dorés. Elle adorait les vêtements colorés, et était habituellement joyeuse et pleine de vie.
Mais pas ce matin.
Elle réfléchissait. Dans deux jours, elle entrerait en classe de première. C'était la dernière année du cours supérieur, avant qu'elle ne passe au cours primaire pour un an. L'an prochain, elle passerait ses examens et ferait des études avant d'entrer dans la vie active. Alors autant dire qu'elle était relativement stressée.
De plus, les explorateurs rentraient aujourd'hui de leur exploration du Continent, la terre de l'autre côté de la mer. Souvent, ils rentraient avec des plantes ou de petits animaux inconnus, mais cela n'intéressait pas vraiment Olivia. Une année, ils étaient même rentrés avec des tubercules. Les scientifiques avaient été enchantés de cette découverte, mais Olivia avait éclaté de rire en apprenant la nouvelle. Des pommes de terre ! Elle avait trouvé cocasse le fait que le butin des explorateurs se résumait à un petit bout de pomme de terre germeux, amusant le fait qu'il se soient fait décorer pour leur peine, mais s'était littéralement effondrée de rire en voyant la fascination dans le regard du scientifique qui présentait cette "véritable prouesse biologique qui restera à jamais l'un des végétaux les plus complexes de toute l'histoire de l'Humanité tant il est évolué" à la télévision.
Elle souriait rien que d'y repenser, mais elle espérait que cette année, le trésor soit un peu plus gros.
Une année, vers 70, ils avaient rapporté une fée ! Une vraie de vraie, vivante, haute d'une dizaine de centimètres, avec de longs cheveux dorés. Hélas, elle avait vite péri, privée de libertés. Tous les habitants de la ville s'étaient rassemblés pour assister au relâchement de son squelette. Olivia n'était pas encore née, mais on lui avait rapporté la magie de ce spectacle, le petit corps s'élevant dans les airs par quelconque malice, comme si elle était encore en vie.
Il paraît que ce sont des fées qui sont à l'origine de l'émergence d'Utopia.
Utopia, parlons-en.
Olivia rêvait, plus que tout au monde, d'habiter sur Utopia. C'était un paradis qui flottait au-dessus de leurs têtes. Là-bas, les gens étaient libres, aucun préjugé n'avait cours, travaillaient seuls ceux qui le désiraient, et leur salaire dépassait de loin celui des travailleurs de Dystopia. Il y avait énormément de riches, là-bas. Il paraît même qu'ils ont un zoo regroupant les espèces les plus rares de la planète, mais aussi de l'ancien monde, telles que des perroquets bariolés, de petits écureuils, des mastodontes, des félins et des pandas. Un bruit courait sur leur dernière acquisition, une fée. Une fée, Olivia aurait donné cher pour en croiser une vivante.
Elle les imaginait hautes d'une dizaine de centimètres, en tenue médiévale, avec quatre ailes de plumes et un bâton ensorcelé.
Elle avait été très déçue en voyant des représentations, de constater qu'elles n'avaient que deux ailes, qui auraient pu se briser au premier coup de vent, tant elles étaient fines.
Olivia soupira, et jeta un œil par la fenêtre. Utopia la narguait, au milieu des nuages et du ciel pourpre. Elle regarda en direction des remparts. Le convoi arriverait bientôt.
Elle se leva, attrapa son manteau, et sortit. Si les explorateurs avaient ramené quelque chose, elle ne voulait pas le manquer.

DYSUTOPIA

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