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TOUT NIQUER DEVIENT VITAL.

Cet après-midi là, un samedi après-midi précisément, le premier du mois de juin, Assa en avait marre de rester cloîtrée dans cette maison. Elle s'y sentait de plus en plus oppressée. Elle décida alors de s'habiller, un jean délavé taille haute, un long chemisier sans manches ainsi qu'une paire de talons haut à brides. Un léger trait d'eyeliner et une petite touche de mascara avant de se parfumer et madame était prête. Le bruit des talons de la jeune métissée qui claquaient sur le parquet de la maison ont interpellé notre bel étalon qui jouait à la console sur la télé du salon..

- Tu vas où toi ? demanda-t-il en continuant de jouer.
- Qu'est ce que ça peut te foutre ? répondit-elle en allant à la cuisine.
- Toi un jour j'vais vraiment t'mettre ma main dans ta gueule on va voir si tu parles comme as après sale conne va, dit-il un peu plus doucement.
- Je t'ai entendu tu sais, ajouta-t-elle sur le ton le plus calme possible.

Elle ne lui adressa aucun regard ni aucun autre mot de plus et s'en alla en fermant la porte de manière tout à fait normale, sans la claquer ni montrer aucun signe d'énervement. Sans plus attendre, lui qui était sous le coup de l'énervement, balança sa manette au sol qui s'éclata en mille morceaux contre le carrelage glacé.

- Tu fais d'la merde mec, se dit-il à lui même..

Pour être déplorable, ah ça oui elle était déplorable leur situation. J'irai même jusqu'à dire que leur retour en France n'a rien arrangé. Après leur dispute, à leur retour, la situation s'était dégradée. Emre rentrait tard - lorsqu'il rentrait - et était souvent au téléphone en plus d'être souvent absent. Il prétendait agrandir ses affaires, gonfler son oseille, mais à part doubler l'ampleur du problème déjà présent, je n'avais rien vu d'autre s'agrandir par ici..

Assa sentait qu'il se passait quelque chose, mais quoi exactement, ça, elle n'en savait rien.. Elle n'exclut en rien l'idée qu'une femme soit derrière tout ça. Assa savait pertinemment et en était bien consciente que seule une femme pouvait changer un homme à lui en faire perdre la tête. Pour autant elle n'en était pas sûre, alors elle patientait, en partant de l'idée la plus connue : même si le mensonge prends l'ascenseur et que la vérité prends l'escalier, la vérité finira toujours par arriver au dernier pallier. Elle n'avait pas tord, un jour tout se saura car la vérité est de telle sorte qu'elle ne peut être cachée, à un moment ou à un autre il faut qu'elle soit su. Quitte à faire des dégâts, elle doit être su et elle le sera, tôt ou tard cela n'a aucune importance, c'est la particularité de la vérité. Elle blesse mais elle est vraie.

Après avoir fait les magasins avec sa meilleure-amie Assa retourna à son domicile, ou plutôt à leur domicile et vit un tas de choses brisés sur le sol.. Elle soupira longuement, monta ses multiples sacs et mit des habits de sport avant de descendre ranger le désordre causé par notre grand nerveux. Une fois fini elle remonta afin de se poser sur leur lit et lu des magazines de mode qu'elle avait acheté dans la journée. Elle était tellement concentrée dans sa lecture qu'elle n'avait même pas entendu arriver Emre qui lui aussi avait fini par sortir et venait seulement de rentrer. Il s'approcha d'elle lui faire un bisou sur le front et s'en alla à la salle de bain se changer pour ne mettre qu'un short de foot. Lorsqu'il revint Assa était toujours entrain de lire, en temps normal elle aurait fermé sa revue afin de dialoguer avec lui..

- Saba regarde moi, dit-il en prenant sa main.

Elle retira ses lunettes et le regarda sans dire un mot. Il se gratta l'arrière du crâne avant de dire :

- Tu m'en veux beaucoup ?

Dès lors elle tenta de remettre sa paire de vue mais il ajouta :

- J'suis désolé, dit-il légèrement gêné.

Elle balança son magazine au sol et posa ses lunettes sur la table de chevet. Puis, feignant un léger sourire, elle entremêla ses doigts avec ceux d'Emre. Directement il la prit dans ses bras en lui déposant un baiser dans les cheveux. Ce soir là ils avaient pu dialoguer sans monter la voix, sans s'insulter.. Ce soir là elle avait retrouvé l'homme qu'elle aimait, et dans toute sa splendeur.

- Tu veux combien d'enfants plus tard toi ? lui demanda-t-elle en caressant son torse.
- *rires* J'en veux pas j'aime pas ça.
- Tu t'fou d'moi ? dit-elle en le regardant les sourcils levés.
- *en faisant non de la tête* Gros j'aime pas c'est pas une blague.
- Qui c'est qui me dit tout le temps "on fera plein d'enfants" ? dit-elle en imitant sa voix.
- *rires* Les faire c'est pas les avoir je te rappelle.
- *rires* T'aime vraiment que ça en fait, c'est pire que d'la perversité mec t'es nymphomane j'crois bien..
- *rires* Jtemmerde Assa.
- *rires* Je suis déçue.

La soirée passa aussi vite qu'une flèche.. Même encore plus vite que la flèche de l'ange en couche-culotte qui avait pu les faire tomber amoureux. Cette soirée avait sûrement recollé les morceaux de leur couple qui se brisait, mais honnêtement je n'y croyais pas. Peut-être que là ils repartaient de plus belle dans leur romance, ou peut-être pas.. Ils faisaient parti des couples que j'aimais observer parce qu'ils étaient imprévisible. Avec eux impossible - ou presque - de prévoir la suite des évènements.

Le lendemain, Assa s'était levée avec un immense sourire. Un sourire qui voulait dire "j'ai tellement bien dormi que rien ne peut gâcher ma journée aujourd'hui", et alla se préparer afin d'aller travailler. Une fois prête elle alla embrasser son homme sur le coin de la bouche en le prévenant de son départ. Elle prit soin de descendre les escaliers sans faire de bruit, attrapa une pomme du saladier à fruits posé sur le comptoir américain de la cuisine, pris ses clés et s'en alla.

Arrivé au parking du centre commercial, en se garant elle vit Amy descendre d'une voiture qu'elle connaissait et qu'elle avait reconnu..

Comme quoi, rien n'est jamais joué.

On fera ça bien.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant