25.

23.6K 1.8K 283
                                    

LES YEUX VIDES.

« Que la haine, que la haine, que la haine. »

Partout où Emre allait il fallait qu'il se fasse entendre, que les gens sachent que le plus fort c'était lui et qu'il était là pour rigoler avec personne.. Accompagné d'Aminata, qui était paniqué comme jamais, il se dirigea directement vers la tête de file, une fois devant l'hôtesse d'accueil il tapa du poing sur le comptoir et lâcha assez froidement :

- Assa Saba elle est déjà là ?
- Je suis seulement disposée à donner les numéros de chambres je n'sais pas monsieur.. répondit la demoiselle intimidée.
- Accident de voiture là y'a une vingtaine de minutes putain à quoi vous servez ici personne sait rien !
- Emre stop c'est bon, elle sait pas elle sait pas frère viens on va s'asseoir, le supplia Aminata en lui tirant le bras vers la salle d'attente.

Il posa la même question à un médecin passant par là qui lui répondit qu'elle était au bloc depuis son arrivée. Encore un peu plus paniqué, il alla s'asseoir en espérant le moins grave possible pour sa belle. Les minutes défilaient et les heures s'enchaînaient sans pour autant avoir de nouvelles, Aminata perdait patience et pour ne pas échauffer les esprits, Emre sortit fumer une cigarette. À son retour elle était au téléphone, sûrement qu'elle prévenait les parents d'Assa et dès qu'elle raccrocha, un médecin s'avança vers eux.

- Vous êtes les proches de Mademoiselle Saba ?
- Comment elle va ? demanda Emre en craquant ses doigts.
- Veuillez me suivre s'il vous plaît.

Sans dire un mot de plus, mais en fronçant les sourcils il suivit le médecin, toujours accompagné d'Amy. Une fois dans son bureau, le médecin se racla la gorge.

- J'vous ai posé une question tout à l'heure, lança Emre en s'asseyant en face du docteur.
- Et je vais vous répondre.. Elle va mal. Son état n'est pas stable, les blessures sont assez superficielles mais les chocs sont importants. Elle est inconsciente et risque de le rester un bon moment, son branchement est assez onéreux, au bout de combien de temps vous souhaiteriez la débrancher ?

Pendant un instant, pour La Masse, c'était comme si le monde venait de s'arrêter net. Les membres de son corps venaient tous de se contracter et il eut l'impression que son coeur ratait des battements.. Comment pouvait-il oser proposer un débranchement ? Même si ça coûtait des millions, Emre aurait payé les millions. Il s'agissait de sa femme, hors de question de la laisser mourir.. Il ferait tout pour la maintenir en vie, c'est une certitude : il fallait qu'elle vive et ça le plus longtemps possible.

- J'prends tout en charge vous débranchez rien du tout, c'est quoi sa chambre ? demanda Emre sur les nerfs.
- Monsieur vous n'pouvez pas encore la voir son..
- C'est ma femme pourquoi j'pourrais pas la voir ?! cria-t-il en tapant du poing sur le bureau, donnez moi le numéro d'sa chambre !
- On restera pas longtemps, juste qu'on puisse la voir.. ajouta Aminata les larmes aux yeux.
- Numéro cent vingt-et-un, troisième étage, lâcha le médecin en soupirant.

Sans plus attendre Emre se leva, prit les escaliers et les monta quatre à quatre afin d'arriver à l'étage correspondant. Aminata qui avait remercié le médecin couru afin de rattraper Emre qui était déjà devant la chambre. Dès qu'il vit Aminata il la laissa entrer en première et alla s'asseoir sur les chaises en plastiques juste en face. Elle en sortit les larmes ruisselant sur les joues en annonçant qu'elle rentrait chez elle pour revenir un peu plus tard avec des affaires..
Emre ne l'avait même pas écouté, psychologiquement il était absent, il n'entendait plus rien ni personne si ce n'était les battements de son coeur. Lorsqu'il ouvrit la porte et qu'il la vit autant amoché, il était comme paralysé. Il avança vers elle difficilement et passa sa main sur le visage abîmé de sa bien-aimée.

- Qu'est ce que j'ai fait d'toi ? Qu'est ce que j'tai fait sérieux ? chuchota-t-il avant de se mordre le poing, j'tai détruite, j't'ai bousillée..

Il avait du mal à supporter de la voir branchée à une perfusion, la tête dans un bandage, le visage gonflé à certains endroits, le jambe gauche et la bras gauche dans un plâtre. Il lui embrassa le front et s'en alla sans dire un mot. Il conduisait en direction de chez lui les mains crispées au volant, le visage ferme et ses habituels sourcils froncés. Il avait la haine.. Contre lui même et contre le monde entier.

- Sers-toi de ça pour l'oublier, prends du galon mec t'as d'la maille à faire, annonça le phénomène rouge à sa gauche.
- Emre ne l'écoute pas, tu as besoin d'elle ! cria l'ange à sa droite.
- *rires nerveux* Vous m'cassez les couilles vous deux, dit-il intérieurement.

Au même moment Sabri tapa au carreau de sa voiture.

- Tu rigoles tout seul maintenant ?
- Et alors putain ?
- T'as tes règles ou quoi ?
- Elle a fait accident. Elle est rentrée plutôt du taf elle m'a captée avec une pute. Elle a pris sa caisse de merde et elle a fait un accident, dit-il en ouvrant la porte de chez lui.
- Alors c'est à cause de toi* que j'risque de perdre ma soeur ?! demanda Aminata d'un sal air, assez peu supportable.

Emre fronça directement les sourcils en la voyant assise sur son canapé aux côtés d'Ahmed, il se retourna vers Sabri avant de se re-retourner vers elle et de crier :

- C'EST UNE BLAGUE OU QUOI C'EST AVEC MOI QU'ELLE FAIT LA PRINCESSE ?! DE OÙ TU TE POSE CHEZ MOI ET TU ME PRENDS DE HAUT HEIN ? T'ES QUI ICI TOI ?! AHMED SUR MA VIE TU REGLE PAS SA BOUCHE MOI J'LA LUI BRISE SEC ! TA GRANDE GUEULE CHEZ MOI TU LA FERME !, dit-il en la regardant avec son regard le plus foudroyant, Et tes remarques à la con, continue j'te jure je te brûle vive, ajouta-t-il calmement.

Après ça, il regarda Ahmed puis Sabri et rajouta en partant :

- Elle j'la veux plus ici.

À peine venait-il d'arriver chez lui et de partir de l'hôpital qu'il repartait déjà pour y retourner. En réalité ce n'était pas de sa faute, si cet accident devait avoir lieu, il aurait eu lieu qu'il y ai une dispute entre eux ou non.. Mais pour le savoir il ne faut pas être concerné par la situation.
Aminata qui avait l'habitude de répondre pour tout et rien n'avait rien dit, et puis de toute façon il ne vallait mieux pas parce qu'Emre était prêt à lui décoller la mâchoire s'il fallait. Pour le coup elle n'était pas prête de recommencer ce petit jeu avec lui, il lui avait fait peur et elle en avait des sueurs froides..

- Toi t'as passé la journée avec, toi même tu m'as dit qu'il était pas bien il fait de la peine machin alors pourquoi t'ouvre ta bouche pour rien avec tes mimiques de merde ? lança durement Ahmed le visage énervé.
- J'ai pas fait exprès, lâcha Aminata.
- Pas fait exprès, l'imita-t-il de manière demeurée.
- Vos gueules c'est bon on s'en fou, c'est fait ça y est, bougez vous on va pas rester là comme des couillons à phaser sur c'qu'il à dit, il le pensait pas c'est juste les nerfs, ajouta Sabri.

Emre en avait plein la tête, il était partagé entre les remords, la tristesse, l'amour, et tout plein d'autres sentiments qu'il n'avait pas l'habitude de connaître. Tout ça en même temps pour lui ça commençait à faire beaucoup.. Peut-être même beaucoup trop.

On fera ça bien.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant