On fera ça bien.

33.

ELLE POURRAIT CHANER UN HOMME, IL NE S'RAIT PLUS JAMAIS LE MÊME.

« Vu que nous sommes accroc l'un de l'autre, allons jusqu'à l'overdose. »

La nuit passée, le matin venu, nos deux amoureux avaient dormi ensemble. Enlacés dans ce lit king size, ils profitaient de l'instant présent.. La main dans les cheveux de sa belle, Emre baissa le regard afin de la regarder et remarqua quelques inscriptions au niveau de son épaule.

- Oh c'est quoi ça toi ? demanda-t-il étonné.
- *en poussant ses cheveux* Bah regarde, dit-elle malicieusement.

Surpris, Emre la regarda un petit sourire en coin. Il laissa passer son index sur le tatouage en se mordant la lèvre..

- Redresse toi en balle steuplait, lui dit-il.
- Pourquoi ?
- Guette, répondit-il en tapotant son torse.

Lorsqu'elle vit cette inscription, à cet endroit, elle eut fortement envie de pleurer.. Elle recevait bien plus d'amour de la part d'Emre qu'elle n'en avait reçu de son propre père, et elle en avait la preuve sous les yeux maintenant. Assise à califourchon sur le bas ventre de son homme, elle se pencha et l'embrassa avec fougue. Cette fois là tout était allé très vite.. Cette douce matinée ensoleillée s'avérerait assez mouvementée pour eux.. À leur plus grand bonheur. À tous les deux ça leur avait manqué, et pas qu'un peu. Cris et gémissements résonnaient et se faisaient entendre dans la pièce en laissant cet air de retrouvaille rendre l'ambiance de plus en plus torride. À chacun sa manière de se retrouver..

Après s'être liés d'amour, ils s'étaient endormis épuisés pour se réveiller quelques heures après..

- T'sais faut pas que t'en veuille à ton père, dit Emre en s'étirant.
- Qu'est ce que tu rara toi ?
- À chaque fois qu'il essaie de t'approcher tu lui rappelle son passé, il voudrait grave le rattraper le temps lui..
- T'as parlé avec Omar ou sa sorcière ? demanda-t-elle.
- Oh respecte un peu Assa, lança Emre un peu autoritairement.
- Quoi respecte un peu ? Respecter un peu qui déjà même ? Emre tu sais ce que c'est voir ton père refaire sa vie en t'enterrant dans le passé ? Est-ce que tu sais c'que ça fait ça ?
- Et tu comptes faire quoi ? Le détester toute ta vie ? T'es bien t'es heureuse là ptetre ?
- J'ai grandi sans plus de vingt ans tu crois vraiment que c'est maintenant que j'ai besoin de lui toi ?
- Arrête de faire ton bonhomme un peu c'est ton père pas ton gars sur.
- Arrête steuplait.
- Quel arrête ? C'est faux c'que j'dit ?
- Emre stop, c'est bon discussion close, arrête maintenant.

À peine avait-il commencé de dire qu'il s'excusait qu'elle leva la main comme pour lui dire de laisser tomber en se dirigeant vers la salle de bain, nue. Dès lors il se tapa le front de la paume de la main.. Pour le coup il regrettait et se sentait réellement bête, pour rester poli.

- Que j'reparle au mien d'abord avant d'la réconcilier à son daron ptetre, souffla-t-il les nerfs un peu à vif.

Emre se releva, enfila son boxer et tapa à la porte de la salle de bain, espérant pouvoir y entrer.

- Ouvre, lâcha-t-il.
- Non.
- Mais ouvre la porte tu m'fais quoi là ?!
- Bouge j'ouvrirais pas, renifla Assa de l'autre côté de la porte.
- J'reviens comme un chien là regarde c'que tu fais t'es sérieuse ?
- ...
- Assa ?
- ...
- OH J'TE PARLE !! cria-t-il en frappant contre la porte.
- MAIS LAISSE MOI PUTAIN ! hurla-t-elle en allant sous la douche.

Sans chercher à répondre, il envoya son poing dans le mur. Ils étaient énervé tous les deux, et dans cette situation, vallait mieux pas qu'ils soient l'un en face de l'autre. Ça pouvait aller loin.. Très loin.. La masse de muscle décida d'aller calmer ses démons en prenant sa douche lui aussi. Il alla dans la salle de bain de la chambre d'ami qui se situait juste en face, c'était son ancienne chambre. Emre ouvrit le placard et en sortit un jogging ainsi qu'un polo Lacoste™ qu'il balança sur le lit en se dirigeant dans la salle de bain.
Sous la douche, l'eau brûlante perlait sur son corps en lui donnant la sensation de se vider l'esprit.. Après s'être douché, Emre retourna dans la chambre d'Assa prendre son téléphone et appela sa mère.

- Allô ?
- Mayrig (maman en arménien)..
- Emre ?.. demanda-t-elle heureuse et surprise.
- *rires* Ça va ?
- Ça fait un an que je t'ai pas vu !
- *rires* T'abuse j'suis venu la semaine dernière..
- Et alors ? C'est pas assez.
- Ça va à la maison sinon ?
- Oui ça va, ta soeur va bien, ton frère court partout.. *en éloignant le téléphone d'elle* Nazar descend de la table avant que je te coupe les pieds !
- *rires* Il est terrible ce petit.. Et l'autre là ça va ?
- Ton père ? Ah, oui.. Ça va.. Et toi tu vas bien ? Tu comptes te marier quand Emre ? T'es vieux maintenant hein !
- *rires* Tu veux voir ma femme ?
- Bien sur que je veux voir la pauvre femme qui va devoir te supporter, dit-elle en rigolant.
- *rires* 'man !

Ils parlèrent ensemble encore quelques temps avant de finir par raccrocher. Encore une fois on aurait cru voir une autre personne non ? C'était un vrai coeur de lion face à sa reine.. Même après avoir raccroché on pouvait encore voir des focettes sur son joli visage viril. Un simple coup de téléphone à sa mère et il avait déjà oublié qu'il s'était disputé avec sa belle.. En parlant de cette dernière, elle était appuyée contre le mur séparant la chambre de la salle de bain, regardant l'arménien d'un petit air.

- Qu'est ce que t'as ? lui demanda-t-il en relevant son sourcil gauche.

Assa, simplement habillée d'un débardeur et d'un short de boxe, secoua la tête pour dire qu'elle n'avait rien. Emre la regarda dans les yeux et lança :

- Vas-y viens.

Les cheveux pris dans une tresse, la jeune femme se dirigea vers son homme et se nicha dans ses bras..

- J'arrive pas à pas le détester.. J'peux pas.. Ça fait plus de dix ans que j'carbure avec la haine contre lui. Il est parti on avait pas un rond, c'est du vu et revu, ma mère enchaînait les tafs j'ai arrêté l'école après le bac, j'voulais être infirmière à la base c'est le rêve de qui de finir vendeuse sérieusement ? À aucun moment il était là, jamais Emre, jamais.. lâcha-t-elle la voix tremblante.
- S'il revient vers toi aussi souvent, c'est qu'il est conscient de c'qu'il a fait nan ? Il essaie d'se racheter, rattraper l'temps perdu. C'est ta chair quoi que tu dises, quoi que tu fasses, tu l'sais ça ?
- Ouais mais..
- Mais quoi wesh ? Comment tu peux pardonner à un type qui indirectement a failli te tuer et pas à ton père ?
- T'as pas faillit me tuer..
- Assa..

Assa prenait du recul pour tout, mais pas ce qui l'affectait au plus profond d'elle-même et depuis bien longtemps.. Lorsqu'il s'agissait de son père elle n'avait plus de subtilité ni de recul. Pour ce sujet sensible, elle n'agissait qu'avec un seul et unique mot maître : la haine. Elle avait tellement de rancoeur et de rage envers lui qu'on pourrait croire qu'elle renfermait quatre vingt dix neuf démons en elle, et que le centième, c'était tout simplement elle.