Mon frère,
Je me souviens de toi. D'avoir voulu te prendre dans mes bras quand ça n'allait pas. Mais aujourd'hui, aujourd'hui, que j'ai le plus besoin de toi, d'entendre ta voix, d'être rassurer par tes paroles, de rire avec toi, tu n'es pas là. Et je me demande si tu m'as abandonné, si tu m'as laissé seule avec cette maladie qui me ronge. Avant, tout était parfait, nous étions heureux, mais il a fallu que je tombe malade sans avoir eu le courage de t'avouer mes sentiments. Et maintenant, je suis seule avec tout ce que j'éprouve pour toi et que je n'ai jamais osé t'avouer. Oui, je t'aime. Je t'aime. Toi, mon frère, mon protecteur, mon meilleur ami, mon confident.
Maintenant, je vais mourir dans quelques temps et je n'ai pas eu le courage de te l'avouer.
Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai toujours, mon frère.
Leeloo.
Sans réfléchir, je laisse tomber la lettre sur la moquette de ma chambre, prends ma veste en cuir noir et claque la porte de ma chambre. Je descends l'escalier qui dessert la chambre en quatrième vitesse, attrape en coup de vent les clés de ma Suzuki noire qui sont sur la table de l'entrée et sors. Au dernier moment, je manque de rentrer dans ma mère, qui entre les bras chargés de courses, principalement des vêtements pour moi.
- Je dois aller quelque part, maman, dis-je en courant vers le garage. Je te promets de tout t'expliquer quand je rentrerai.
Les derniers mots de sa lettre me détruisent petit à petit. Mes parents ne supporteraient pas une romance entre nous deux. Au moment où, après avoir coiffé mon casque intégral, je vais pour sortir ma moto du garage, la porte de celui-ci s'ouvre, laissant apparaître la Porches Cayenne de mon père, qu'il m'arrive parfois de conduire.
- Mon fils, tu sors? me demande-t-il en arrêtant la voiture à ma hauteur tandis que je ralentis la Suzuki.
- J'ai quelque chose d'urgent à faire, papa. Ne m'attendez pas pour manger, maman et toi. Je mangerais quand je rentrerais. Ne te fais pas de soucis pour moi. Je sais ce que je fais.
Et, sur ce, je fais claqué le masque de mon casque, signifiant ainsi que la discussion est close. Je sors ma moto, la redémarre et disparais dans les rues de Londres. Direction le London Hospital, d'où est partie la lettre que j'ai reçu.Dix minutes après avoir parlé avec mon père, je coupe le moteur de ma Suzuki et ôte mon casque, rongé par l'inquiétude. Je passe les portes automatiques et me dirige vers le bureau des admissions.
- Bonsoir, je viens voir mon amie, dis-je en souriant à l'infirmière-secrétaire derrière la vitre.
- Quel nom, jeune homme?
- Leeloo Snow, répondis-je tranquillement malgré la peur qui me tord les entrailles. Admise il y a plus d'une semaine.
C'était tout les renseignements que je possédais pour pouvoir la voir. Mais j'étais prêt à tout pour pouvoir la voir, inclus jusqu'à aller manipuler le personnel hospitalier. Soudain, sa lettre, celle qu'elle m'a écrite, semble peser des tonnes, aussi lourdes que des pierres. Je n'ai pas envie qu'elle m'annonce que Leeloo est morte et que les Snow ont déjà récupérés le corps de ma meilleure amie.
- Elle est dans la chambre numéro 22 au deuxième étage, jeune homme, me répond-t-elle en souriant. Bonne visite.
- Merci beaucoup, rétorqué-je en lui rendant son sourire mécanique avant de me diriger vers les escaliers.
Je pousse la porte battante, me glisse derrière et reste attentif, utilisant mon ouïe surdéveloppée pour savoir si quelqu'un serait susceptible de me voir.
- J'arrive Leel, murmuré-je dans le silence de la cage d'escalier vide.
Puis j'utilise ma capacité de vol pour me propulser jusqu'au deuxième étage. L'odeur de Marko et Sophia Snow me stoppe sur le palier, malgré celles, chimique, des produits d'entretien qui m'agressent.
Serais-je donc le seul de ses amis qui m'inquiète autant pour elle?
Sans plus chercher à savoir, je pousse la porte battante qui donne accès à l'étage et la franchis. Dans le couloir, j'entends des pleurs. La deuxième porte sur la droite est la chambre de Leeloo. Je frappe légèrement, craignant que ma meilleure amie soit endormie. À l'intérieur de la chambre, des bruits se font entendre puis la porte s'ouvre sur Marko, le père de Leel.
- Merci Leo, murmure Marko alors que je m'écarte pour le laisser sortir. Je sais qu'elle sera très heureuse de te voir quand elle se réveillera.
Je referme la porte derrière lui et lui fais face. On dirait qu'il a vieillit prématurément depuis que la maladie qui touche sa fille a été diagnostiqué. C'est horrible.
- Je t'en prie, Marko, répondis-je sincèrement. Suis-je donc le seul de ses amis qui est venu?
- Oui, me répond-t-il. C'était ce que nous voulions avec Sophia.
Soudain, une voix dans la chambre coupe toute réponse que je pourrais fournir. Étonnamment, depuis que je suis arrivé, je voulais l'enlacer, l'embrasser tendrement. Cela a toujours été présent sauf que ce n'est que maintenant que je m'en aperçois. Que j'en prends officiellement conscience.
- Leo, appelle Leeloo d'une voix douce à l'intérieur de la chambre. C'est toi?
- Oui, Leel, répondis-je d'une voix parfaitement contrôlée. Je suis là.
- Viens, m'ordonne-t-elle. Je veux te voir. Rejoins-moi.
Sa mère ouvre la porte sans un mot, et me laisse entrer. Je ne la vois pas encore, mais je devine son sourire dans sa voix. Je m'approche doucement et confirme mon impression : Même si c'est grave, elle sourie. Elle ne veut pas que je m'inquiète. Mais elle s'aperçoit que c'est trop tard. Je sais très bien que mon visage reflète tous les sentiments que je suis dans l'incapacité de formuler. La voir comme ça, tellement faible, mais tellement belle, me brise le cœur.
- Approche, voyons, ris-t-elle en voyant que je ne bouge pas. Je ne suis pas encore morte, Leo.
- Pourquoi tu ne me l'as pas dit? demandé-je en m'approchant du lit. Pourquoi me l'avoir cacher?
- Je ne sais pas, murmure-t-elle en tapotant le lit pour que je m'y assois. Au début, avant de me retrouver ici, je voulais t'en parler, je te le jure, Leo. Puis, j'ai décidé d'attendre, d'être bien sûr que ce que je ressentais, ce que j'éprouve pour toi quand tu es là, était de l'amour pur et pas simplement de l'amitié.
Je commence à m'assoir sur le bas du lit pour pouvoir m'y allonger ensuite et la prendre dans mes bras.
- J'ai tellement peur, Leo, murmure Leeloo en planquant son visage dans mon torse.
Je la serre contre moi en m'effrayant de la maigreur de son corps avant de glisser sous les draps pour la rejoindre. Soudain, ses mains, qui me caressaient le torse, se crispent sur ma chemise, à deux doigts de l'arracher, de la déchirer. Immédiatement, je tends la main pour appeler le bureau des infirmières, tout en la gardant dans mes bras. Quand celles-ci arrivent, je me détache, à contrecœur, d'elle et sors de son lit, puis de la chambre quand l'une des infirmières me le demande. Je m'appuie contre le mur attenant à sa porte et glisse contre, le cœur en miette. Une bonne dizaine de minutes passent avant que la porte ne se rouvre et que les infirmières en sortent.
- Elle est revenue. Et elle vous réclame, m'informe une infirmière en sortant. Ses parents ont insisté pour que vous restiez avec elle afin d'éviter toute tension, mais je vous prierai de ne pas trop la fatiguer.
Je la remercie d'un signe de la tête, me relève avant de me réintroduire dans sa chambre. Je me tourne pour refermer la porte en douceur et sens son regard dans mon dos. Je me retourne dans sa direction et laisse mon regard accrocher le sien. Un sourire éclaire mon visage quand je vois que, même si c'est toujours présent, la maladie ne se voit plus dans son regard pour le moment.
- Leo, chuchote Leeloo alors que je reprends ma place. J'ai cru que tu m'avais abandonné.
- Jamais, je ne pourrai te faire souffrir de la sorte, ma Leel, rétorqué-je immédiatement en la reprenant dans mes bras.
Je baisse la tête en direction de la sienne et vais pour l'embrasser tendrement, mais la porte s'ouvre subitement, me forçant à la relever.
- Les médecins nous ont prévenu. Nous avons donc décidé de te demander de rester avec elle pour la nuit. Évidemment, je pensais passer chez tes parents pour leur dire. Si tu acceptes, bien sûr.- Je reviens très vite, ma petite soeur, murmuré-je en l'embrassant sur le front. Soit forte et ne me laisse pas. J'ai besoin de toi.
Puis je sors de la chambre en abandonnant ma veste noire sur le corps de Leeloo. Je passe par les escaliers et me laisse tomber gracieusement entre les rambardes. Puis je sors de l'hôpital en courant avant de passer dans le parking pour récupérer ma moto.
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À la mort en mort vivant.
Ficção GeralUne jeune fille: Leeloo. Une maladie: Un problème d'écoulement de liquide céphalo-rachidien (ou cérébro-spinal) Une question subsiste : peut-elle survivre???