Chapitre I

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Je ne sais pas pourquoi et je ne tiens pas réellement à savoir.

J'aime ma différence, même si elle semble si futile aux yeux des autres.

Je me nomme Dimitri Kerzhakov et j'ai dix-sept ans.

Je suis tout ce qu'il y a de plus normal aux yeux des autres mais, au fond de moi, je sens quelque chose de chimiquement différent.

Quoi ? Bonne question mais, quelque chose d'assez fort pour me rendre mal à l'aise dans mon propre corps.

J'ai quelques amis même si je suis d'un tempérament solitaire.

Ils ne savent pas Eux, je fais toujours et je continuerais à faire, comme si j'allais parfaitement bien.

Comme si je n'avais rien de différent.

De toute manière, qu'est ce que je pourrais bien leur dire, hein ?

Je me sens différent ? Non, ils me répondront : Normal, tu es ado et tu te cherches.

Et puis j'aurais l'air de faire un mélodrame.

Ce n'est pas une question d'orientation sexuelle, non bien sûr, quelle qu'elle soit, je m'en fiche, ça arrive, point.

Non, comme je le dis, c'est chimique, inscrit au plus profond de mes entrailles, depuis ma naissance.

Oui, oui. Je pourrais être hermaphrodite, souffrir de trouble de l'identité du genre, bien que je ne pense pas que ce soit une réelle souffrance, mais non, ce n'est rien de tout ça.

Mes parents m'ont déjà fait passer une batterie de tests, mais rien de visible, rien d'explicable.

Que du caché.

Et puis, si ce n'était que ça..Je pourrais m'y habituer, je suis certain que des personnes sont dans mon cas et le font, non sans difficulté, je le conçois mais avec un peu de volonté, ça règle, à mon humble avis, quasiment le problème.

Mais il y a cette Voix, oui, non, je ne fais pas parti de cette classe de personnes dites paranoïaques, même si je me le demande souvent.

Elle me conseille, me dit ce que je ne dois pas faire.

Une sorte de double personnalité ?

Non, j'ai aussi fait des tests pour ça.

Aux yeux de la science, je vais parfaitement bien, sauf que les médecins sont entièrement persuadés que je somatise.

J'ai grandis avec cette Voix et, je me rends compte que maintenant, je serais totalement incapable de me passer d'elle.

Elle est comme le frère que je n'ai jamais eu, une partie à part entière de moi-même.

Oui, c'est une voix masculine, enfin je ne sais pas, c'est une Voix, je ne peux pas la caractériser mais pour moi, elle est masculine, sûrement un reflet de ma personnalité, si elle est aussi torturée que le pense tous les spécialistes que j'ai consulté.


- Dimi !


Je tourne lentement la tête en direction de cette voix et mon regard tombe sur Serguei, mon meilleur ami.

Je ne sais pas si je peux le considérer entièrement comme mon meilleur ami, car après tout, il ne sait quasiment rien de moi et de mes troubles.

Je le vois en train de s'agiter comme un idiot, me faisant signe. Cette scène m'arrache un léger sourire, malgré le manque de réaction dont je fais preuve habituellement.

Instinctivement, mon 'masque' se revêtit de lui-même, me faisant devenir quelqu'un d'autre.

Un étranger, voilà, un étranger à moi-même.

Un être souriant, hypocritement, faisant comme si tout allait bien.


Nous nous dirigeons alors, ensemble, lentement vers notre salle de classe.

Sociable ? Oui je le suis mais, je me force.

Tout, au creux de moi, crie le contraire.

Les cours sont mon seul échappatoire, amusant non ?

N'importe quelle personne de mon âge affirmerait complètement le contraire mais, j'ai mes propres raisons.

Pendant le laps de temps que dure un cours, je n'ai pas besoin de porter ce 'masque', je ne parle pas, j'écoute et, ça me va admirablement bien.


La fin de la journée arrive rapidement, m'extirpant un soupir d'ennui.

Je me dépêche de revêtir mon masque, et je quitte l'enceinte du lycée, disant rapidement au revoir à Serguei, avant de me mettre à courir, de sorte à ne pas être en retard à mon cours de chant.

Incroyable non ?

Oui, je peux avoir une vie extrascolaire.

C'est la Voix qui m'y a forcé, moi, être trop manipulable que je suis.

Il m'a dit que je chantais bien, oui, vraiment.

Je passe pour un narcissique, non ?

C'est un peu comme si j'en venais à me dire, moi-même, que je chante bien.

Pathétique et pourtant réaliste.


Brûlure complète et néant, voilà ce que je ressens actuellement.

Un vide, remplit d'inconscience.

Non..Pas complètement, je sens la brûlure courir le long de mes veines et l'odeur de la chair brûlée.

L'odeur de la mienne.     

A Travers Monde [BoyxBoy] ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant