A Travers Monde [BoyxBoy] ✔

Chapitre IV

Des ronds.

Encore des ronds.

Des bruits de sucions.

Encore des bruits de sucions.

Et un d'extase.

De profonde extase non partagée.

- Mi..lian..

Chut.

Tais-toi, tu me donnes la nausée.

Glissement de draps puis d'habits sur une peau.

La mienne, seule chose qui m'appartient encore.

Je sors de la chambre silencieusement, récupérant l'argent salement gagné, sur la table de nuit avant de le fourrer rapidement dans la minuscule poche de ce qui pourrait s'apparenter à un pantalon.

J'en ai marre, totalement marre de devoir gagner ma vie en me rabaissant autant.

Mais malheureusement, selon tous ceux que je crois, mon corps ne peut servir qu'à ça.

Fin, à la limite de la maigreur, sans aucune once de virilité, hormis l'absence de poitrine et mes attributs masculins.

Blonds, aux yeux d'un vert sale, comme de l'eau croupie et vaseuse.

Dégoutant.

Rabaissant.

Je sors pour la énième fois en cinq ans de 'carrière', de cet hôtel miteux, laissant le soin à mon client de payer la chambre.

Carrière, laissez-moi rire.

J'aurais très bien pu me passer de cette vie là, si je n'avais pas été vendu parce que l'on appelle communément, des parents.

Monstre.

Future trainée.

C'était mon magnifique quotidien de l'époque, avec aussi son lot d'insultes et de coups vicieux.

Ce qui ne me change pas réellement de la vie que j'ai maintenant.

J'ai pris l'habitude d'être rabaissé ainsi.

Faible ?

Oui.

Au début, je me rebellais, comme toute personne de mon âge, normalement constituée mais, j'ai vite compris que ça ne servait à rien, hormis augmenter les coups et les insultes que je recevais.

A vrai dire, ma vie n'a pas débutée ainsi, au début, mes parents étaient tout simplement adorables avec moi, comme tout parents normaux en somme.

Je ne manquais d'absolument de rien.

J'étais comme pourri gâté mais cette vie là, me satisfaisait pleinement.

Et puis ça à commencé, rarement pour finir quotidiennement.

Comme un vice, profondément ancré dans la peau.

J'ai commencé à avoir des visions qui entrainaient de violentes migraines, celles-ci semblaient vouloir réduire mon crâne et mon cerveau à l'état de poussières.

Ces migraines sont devenues une part entière de ma vie, comme une sœur non désirée, dont on ne peut pas se débarrasser, malgré tous nos efforts.

Mes parents m'ont donc envoyé voir un nombre conséquent de spécialistes, ils avaient de l'argent, énormément d'argent, ce qui me fait toujours me demander pour quelle raison, ils m'ont vendu.

Les spécialistes n'ont rien trouvé pour expliquer mon état et malgré tous mes efforts, ça à empiré.

Et ils ne l'ont pas supporté, j'étais un poids mort, considérablement lourd, qui faisait tâche dans leur popularité et dont il fallait absolument se débarrasser.

Ils ont fait croire à un accident de voiture car, après tout, ils sont assez fréquents chez ceux de mon âge.

Et je me suis finalement retrouvé à vendre mon corps pour rembourser une dette qui n'a pas lieu d'être, hormis que je sois logé et nourris pseudo-gratuitement parmi d'autres jeunes hommes dans mon cas.

Je traversais silencieusement le couloir en me massant les tempes, fronçant le nez et contractant ma mâchoire.

Ça me reprend, comme à chaque fois que je termine mon travail de la soirée.

Je me glissais lentement dans ma chambre avant de me dévêtir, enfilant par la suite des vêtements normaux, essayant au maximum de cacher mon corps, parcouru des centaines de fois par des mains avides.

Je quittais ensuite ma chambre, m'aventurant dans les rues vides de la ville qui m'a vu naître, le jour commence à pointer le bout de nez et moi je plisse le mien, lorsque je sens l'augmentation de la puissance de ma migraine.

Une odeur inconnue prend rapidement le dessus, ce qui me fait oublier quelques instants ma douleur, je la repère bien vite car, c'est l'odeur de l'alcool et de la pisse qui prédomine dans ces quartiers sales.

C'est une odeur fraîche et douce de vanille qui se rapproche lentement, doucement, silencieusement de moi, avant de m'entourer dans son étreinte, prenant ainsi doucement possession de mon être.

Stop.

Arrête-toi.

Arrête de raisonner, arrête de me brûler.

Arrête d'être toi.