1.Parce que la vie continue

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Elle regarde le rouge profond, parsemé d'étincelles créées par la lumière du soleil qui s'échappe de la fente légère entre les deux lourds rideaux de velours taupe aux fleurs noires de sa fenêtre. À son centre, un disque noir dilaté était perdu dans ses pensées, le tout baigné dans un nuage blanc d'où une goutte s'échappe.
Face à sa vérité, Akura efface la larme du dos de sa main. Elle ne peut pas se le permettre. La jeune fille détourne son regard sang du miroir vers la fenêtre. Gracieusement, comme un félin à son réveil, elle se lève et tire les deux rideaux en même temps. Elle retient un cri de douleur. Malgré la fraîcheur du mois de janvier, le soleil d'hiver est éblouissant, pas chaud, pas rassurant, non, aveuglant. D'un coup sec, elle recouvre la vitre pour faire cesser cette douleur insoutenable. Si seulement elle pouvait rien qu'une seule fois regarder l'étoile gigantesque, sans souffrir...
De toute façon, elle préfère l'obscurité. Elle y voit comme jour. Comme la chouette voit sa proie sous la lune en croissant. L'adolescente tourna à droite et sans hésiter, elle ouvre la porte donnant sur une salle de bain immaculée de marbre noir où les néon se réfléchissait. Au moins, la lumière artificielle est inoffensive, pour elle en tout cas. Dans ce silence plombant, l'eau s'écoula pour le rompre. Lentement, elle se rince le visage, sa peau blanche, comme la neige qui tombe doucement sur la campagne où seul un oiseau y a laissé ses empreintes. Elle laissa l'eau filer le long de ses doigts, tomber goutte à goutte dans le lavabo pour finir sa course dans les égouts. Elle essuie son visage avec une serviette d'une douceur comparable à celle du pelage d'un chat près du foyer. Elle relève son visage et fit face à nouveau à elle, à ses yeux.
Secouant la tête, elle ouvrit le miroir face à elle et prit sa brosse. Après un long brossage, elle avait relevé ses longs cheveux noir et soyeux en un chignon parfait. Pas un faux pas, se dit-elle, comme toujours, comme chaque jour depuis 2 ans déjà. Pour finir, elle ouvre un tiroir, en sort une boite qu'elle ouvre délicatement. Elle soupire, ferme une seconde ses yeux et avant de mettre ses lentilles, à présent d'un bleu ciel. Sa couleur avant le drame...
Déterminée, Akura rejoignit sa chambre, enfila son uniforme et mit sur son nez ses lunettes de soleil. Jetant un dernier regard sur son physique, ainsi formé. Bon niveau du corps, elle n'avait rien à se reprocher. Merci, bien. Elle ouvrit définitivement, les rideaux et sortit au balcon pour prendre l'air avant de vite faire demi-tour glacé par le vent nordique. S'échappant de sa chambre, elle descend gracieusement, une à une les marches pour rejoindre la cuisine. Attablée, une femme encore jeune, mais sous son châle gris et ces cernes de plusieurs mois, sa mère prenait en une gifle 10 ans. Akura mordit sa joue face à ce spectacle. En un éclair, elle se souvint de cette femme autre fois resplendissante dans sa robe verte tournoyant dans les bras de son père... Aujourd'hui assit juste à côté, le regard et le sourire froid, sa fille se souvient de ses câlins si chaleureux d'il y a deux ans. Face à ça, Akura se dit une fois de plus, qu'elle ne renoncera jamais à tout faire pour devenir ce qu'on attend d'elle, une fille parfaite et sans défaut. Les saluant, elle s'attable, tandis qu'un domestique s'activa pour la servir. Les mots échangés était pauvres et rares, de simple banalités.
Quand, le petit déjeuner fut fini, l'horloge afficha, 7h45 précise. Embrassant sa mère, saluant son père, Akura prit ses affaires pour s'apprêter à sortir. Jetant un dernier regard à son père, qui lui fit signe de sourire, Akura sortit pendant qu'un domestique lui ouvrit la porte et sortit. Pas un faux pas, car malgré toutes les difficultés, Akura veut à tout prix les surmonter car il faut que la vie continue comme avant. Elle n'en a pas le choix, parce que la vie continue....

The Red EyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant