Juste un baiser

Chapitre 14

Les funérailles sont aujourd'hui.

Elle est morte. Et je n'ai rien pu faire pour que ça n'arrive pas sauf la supplier de rester, ce qui n'a pas été assez. Elle voulait partir, c'est ce qui est arrivé. Comme je l'ai déjà dit, le cancer, c'est aussi psychologique.

Encore une fois, je me regarde dans le miroir de ma chambre. J'ai mis une robe noire en dentelle que j'ai trouvée dans mes affaires. Je suis allée piquer dans son maquillage qui traine encore dans la salle de bain. Je n'ai même pas eu la force de mettre la moitié de ce que j'avais prévu. Je n'ai finalement mis que du mascara. Porter son maquillage me faisait trop mal.

Pendant quelques instants, en me regardant, je la vois. Je la vois dans mes yeux et dans mes cheveux. Je la vois dans ma bouche et mon nez. Elle me ressemblait plus que je pensais. C'est aujourd'hui que je remarque ça...

Quelqu'un cogne à ma porte de chambre et entre. C'est Will.

- La porte était débarrée, j'ai cru que..., commence-t-il.

- C'est correct.

Je m'assois sur mon lit et il vient me rejoindre. Il me prend dans ses bras et je m'y blottis.

- Tu aurais le droit de pleurer, tu sais?, dit-il.

- Je sais. Mais ça ne sort pas. Et je suis tannée de pleurer.

- Je comprends...

Il remonte mon menton et m'embrasse tout doucement. J'émets un léger sourire.

- J'aimerais juste que la peine s'arrête, dis-je.

- La peine nous fait sentir en vie, répond-il. Qu'on le veuille ou non, on est des humains, et une partie de nous aime être triste. C'est dur à expliquer... Mais ressentir de la tristesse est juste une façon de se prouver à nous-même que tout n'est pas perdu et que nous pouvons ressentir quelque chose, tu comprends?

- Pas vraiment..., dis-je en souriant.

- OK, laisse faire, je me comprends.

- Mais je comprends ce que tu veux dire par « ça nous fait sentir en vie »... La tristesse est le plus fort des sentiments. Peut-être après l'amour. Et le deuil.

- Le deuil rentre dans la tristesse, dit Will.

- C'est tellement dur, William... L'imaginer morte dans ce cercueil me brise le cœur. Juste à y penser, je souffre à un tel point...

- Dis-toi qu'elle est à un meilleur endroit maintenant. Elle est heureuse avec ton père au paradis et ils te surveillent d'en haut.

- Ou bien, mon père est en enfer, ripostai-je.

- Ne dis pas ça, Lily...

- Pourquoi pas, hein? Il était alcoolique, drogué et frappait sa femme. Je ne vois pas d'autre place pour lui que les enfers. Et de toute façon, le paradis et l'enfer, ça n'existe même pas. Tu meurs, c'est tout, il n'y a rien après.

- C'est vraiment ce que tu penses?, me demande-t-il.

- C'est ce que je crois.

- Personnellement, je pense que nous avons une toute autre vie après la mort. On a eu des vies antérieures, j'en suis certain.

- N'importe quoi, dis-je en riant.

- En tout cas, une chose est sûre... Tes parents, peu importe où ils sont, veilleront toujours sur toi. Ils seront toujours dans ton cœur.