Chapitre 12-1

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Je sus, à l'instant où le tissu rêche et grossier recouvrit mon visage, que c'était une mauvaise idée et que je n'y arriverais pas. Cela faisait à peine une seconde qu'elle recouvrait ma tête et j'avais déjà l'impression d'étouffer. Cette sensation réactiva presque instantanément le souvenir de mon cauchemar et ma respiration commença à s'accélérer. Mon cœur battait de plus en plus fort et un poids commençait à me comprimer la poitrine. Instinctivement mes mains cherchèrent les bords de la cagoule, pour l'arracher avant que je ne suffoque.

— Chuuut...calmez-vous, me dit calmement le professeur Lynch tout en attrapant mes mains avec douceur.

Ce geste, si différent de son empoignade brutale de tout à l'heure, me surpris et calma un peu ma panique, me permettant de respirer un peu plus librement. J'en profitais pour lui expliquer ce qu'il se passait et que je ne contrôlais rien, quand le tissu, attiré par ma brusque inspiration, vint se coller à mes lèvres me coupant une nouvelle fois la respiration. Je me mis aussitôt à suffoquer et à secouer la tête dans tous les sens pour essayer de déloger ce fichu sac de ma tête.

— Hayden calmez-vous. Vous ne faites qu'aggraver les choses, essaya-t-il de me raisonner cette fois d'une voix forte et autoritaire, en resserrant sa prise sur mes poignets.

J'avais beau savoir au fond de moi qu'il avait raison, j'étais trop paniquée pour être encore en état de réfléchir correctement. Mon instinct avait pris le dessus et lui me disait que si je ne dégageais pas mes mains de la poigne de fer qui les retenaient, j'étais morte ! Je me mis donc à me débattre de plus belle pour tenter de me libérer.

— Stop, ne faites pas ça ! Vous ne maîtrisez pas encore v...commença à me dire Lynch d'une voix inquiète au moment où j'arrivais à me dégager de son emprise et le poussais de toute mes forces pour l'éloigner de moi...et me retrouvais brusquement par terre.

Ma tête me faisait mal et mes poumons étaient en feu, je sentais que l'inconscience me guettait si je n'arrivais pas à respirer normalement. J'essayais une nouvelle fois d'enlever la cagoule mais mes gestes étaient de plus en plus gauche, la panique étant en train, lentement mais surement, de gagner la partie. Je savais que c'était idiot et que je n'étais pas vraiment en danger ni en train de m'étouffer, mais j'avais beau essayer de me calmer et de prendre de petites inspiration, l'air n'arrivait plus à pénétrer dans mes poumons. Je sentis des larmes d'impuissance commençaient à envahir mes yeux, quand les premières tâches jaunes envahirent mon champs de vision.

Puis brusquement une masse chaude s'abattit sur moi, m'enfonçant impitoyablement le dos dans le sol dur et caillouteux. Une main ferme se posa sur mon épaule pour la maintenir au sol...et l'instant d'après on arrachait enfin cette horrible cagoule de ma tête. Je pris aussitôt une grande inspiration douloureuse, essayant d'envoyer le plus d'air possible dans mes poumons, entre deux sanglots déchirant.

— Hayden...c'est fini. Prenez de petites inspirations...

— Je...j'...j'y arrive pas, arrivais-je difficilement à lui répondre dans un balbutiement rauque et paniqué.

— Hayden ! Ouvrez les yeux et regardez-moi, m'intima-t-il gentiment mais fermement.

C'est avec difficultés que j'essayais d'entrouvrir mes yeux gonflés. Mes paupières étaient lourdes et semblaient doublées de papier de verre. Cela m'aida néanmoins à me calmer et lorsque j'y parvins, ma respiration était plus calme, bien qu'encore un peu superficielle. La vue soudaine du visage du professeur Lynch à seulement quelques centimètres du mien, faillis ruiner tous mes efforts en me faisant violemment sursauter. Il se trouvait toujours à cheval sur moi, me maintenant fermement au sol.

— Lâchez-moi, arrivais-je à lui dire d'une voix hachée.

— Seulement quand je serais sûr que c'est sans danger. Je n'ai pas envie de retraverser la grotte en vol plané une seconde fois, merci bien ! Dit-il en me gratifiant d'une petite grimace ironique. Et je pense que vous non plus d'ailleurs ?!

— Quoi, mais...M'interrompis-je de moi-même en voyant la torche gisant à côté de la grosse stalagmite centrale à quelques mètres de là. J'étais tellement à l'ouest que je ne m'étais pas encore aperçut de la baisse de luminosité, pourtant flagrante, maintenant que j'y faisais attention.

— Bon sang, mais qu'est-ce qui m'arrive ? Lui demandais-je d'une voix de petite fille terrorisée qui me fit horreur.

Il me fixa droit dans les yeux un cours instant, comme si il s'apprêtait à me dire quelque chose. Puis finalement se contenta de me faire un petit sourire triste et de me lâcher. Je restais un instant là, allongée sur le dos, à pleurer en silence. Je crois que j'avais atteint la limite de ce que mon corps et mon cerveau pouvaient encaisser en si peu de temps. Je n'avais ni la force, ni l'envie de me relever. J'y fus quand même contrainte, lorsque Lynch me tira par le bras, me remettant sans ménagement en position assise. Je me contentais de rester là, l'air hagard à le regarder fixement, les larmes coulant toujours librement sur mes joues.

— Ce qui vous arrive...on ne sait pas exactement ce que c'est, commença-t-il à m'expliquer d'une voix résignée tout en s'asseyant lourdement à côté de moi en grimaçant. C'est une sorte de mutation qui ne touche que certaine personnes. Sans que l'on sache vraiment pourquoi d'ailleurs.

— Une mutation...génétique ? Vous voulez dire que ce n'est que le début ? Mais il n'y a pas moyen de l'arrêter, de...

— C'est infime Hayden, ne paniquez pas, me dit-il avec un petit sourire. Cela vous donne juste des aptitudes un peu différentes ou supérieur à la moyenne, rien de plus...

— Rien de plus ! Ça me paraît déjà bien suffisant comme ça, lui rétorquais-je d'une voix un peu plus assurée maintenant que mes larmes avaient enfin cesser de couler.

— Il faut juste apprendre à les contrôler...vous vous aurez au moins cette chance, murmura-t-il pour lui-même d'une voix sinistre.

— Comment ça ? Que voulez-vous dire par là, m'inquiétais-je en commençant à me redresser.

— Laissez tomber...Il est temps de partir maintenant. Nous avons déjà perdu assez de temps comme ça, dit-il de sa voix redevenu froide et autoritaire en se remettant sur ses pieds.

— Attendez ! Qu'est-ce qu'ils font aux gens comme moi d'ordinaire...ils...ils les tuent ? Et Elana...mon dieu, pourquoi m'avez-vous forcé à la laisser là-bas ? Il faut y retourner...il faut...

— Stop ! Rien d'aussi radical, je vous rassure et votre amie ne risque rien. Comme je vous l'ai déjà certifié une bonne douzaine de fois d'ailleurs, s'emporta-t-il en me lançant un regard agacé.

— Et comment pouvez-vous en être sûr ? Vous me demandez de vous faire confiance mais vous ne m'expliquez rien, l'accusais-je avec véhémence.

— Je ne vous explique rien, car vous avez toujours les réactions instinctives et disproportionnées d'une adolescente hystérique !

— Je ne suis plus une ado...

— Alors comportez-vous comme telle, bon sang ! Me cria-t-il d'un ton exaspéré, son visage courroucé à quelques centimètres du mien.

Je me retrouvais pendant quelques secondes sans voix, à le fixer bêtement les yeux écarquillés, tellement j'étais surprise et blessée par sa remarque désobligeante et son ton agressif. Puis je sentis une saine colère m'envahir, me donnant la force de me lever et de lui faire face.

Isolated SystemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant