Chapitre 6 : Flash

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                    L'épisode orageux de la veille s'était vite dissipé laissant la place à un soleil radieux, pris au piège au cœur d'une tempête de ciel bleu. Les pluies diluviennes et les coups de tonnerre retentissants ne faisaient déjà plus parler d'eux et, c'est ce qu'il y avait de bien par chez nous, sur le littoral, le mauvais temps ne posait jamais ses bagages très longtemps. L'électricité présente dans l'air avait disparu, emportant avec elle, les tensions qui nous opposaient mon frère et moi. En ce matin printanier, c'était tout un écosystème qui semblait s'épanouir, comme si, après avoir essuyé la colère de Dame Nature, la faune et la flore jouissaient d'une nouvelle force s'imprégnant dans chacune de leurs cellules. J'enfilai un vieux jeans troué et une paire de Converse, me préparant ainsi à la future escapade dans laquelle j'avais décidé d'entrainer Violette après les cours. Au moins, habillée ainsi, je passerai inaperçue au milieu de cette bande d'adolescents, pensais-je en me regardant dans le miroir. J'avalai rapidement un thé à la menthe, récupérai mon sac dans ma chambre et partis au lycée à pied afin de profiter de cette nouvelle journée à l'atmosphère douce et satinée. A peine arrivée au premier virage qui me faisait perdre de vue ma maison, j'entendis le vacarme retentissant du van de Tom. Il me doubla sans me regarder, toutes les rancunes de la veille ne s'étaient peut-être pas envolées avec le vent violent qui avait fait rage la journée passée. Un plus petit bruit de moteur parvint jusqu'à mes oreilles, c'était Violette chevauchant son Chappy. Elle venait me chercher, un deuxième casque se balançant au guidon de son deux-roues. Elle s'arrêta, posa un pied à terre et enleva son casque pour me dire bonjour. Elle avait les joues empourprées, il était clair qu'en croisant mon frère, la pigmentation de ses joues avaient viré au rose bonbon, couleur de l'amour par excellence et d'une certaine timidité envers l'élu de son cœur.

― C'est dingue ! Hier on se caillait sous la pluie et aujourd'hui, on pourrait presque sortir les maillots !

― Quand même pas, Vio ! Mais ça va venir, d'ici un mois, on pourra commencer à se lézarder au soleil. Ferme les yeux, lui intimai-je, humm, écoute ce silence et imprègne toi de la douce chaleur qui caresse ton visage.

― Je m'y vois déjà ! explosa-t-elle de rire, tu me fais bien démarrer la journée, c'est déjà ça ! Tu as vraiment un don...

― M'en parle pas ! avouais-je en mettant le casque sur ma tête et en grimpant derrière mon amie. J'ai des tas de choses à te raconter, tu n'as rien de prévu après les cours ?

― Non, pourquoi ?

― Tu verras ! Allez, en route, pilote ! lui ordonnais-je en tapant vigoureusement sur son casque.

La journée fut interminable, le lundi étant le jour le plus chargé de cours en tous genres. Ma baguette me démangeait, du moins une envie irrésistible de m'en servir à nouveau, m'avait persécutée toute la matinée et tout l'après-midi. Je n'en pouvais plus et sautillais sur ma chaise, comme si celle-ci m'envoyait de temps à autre de petites décharges électriques. La dernière heure de cours portait sur l'éducation sexuelle et apparemment, le sujet passionnait tous les étudiants : les filles gloussaient bêtement tandis que les garçons divulguaient à voix basse, leurs exploits fictionnels de mythomanes accomplis. Le spectacle, bien que drolatique et divertissant, m'ennuyait même si Mr Valentine faisait parti de ces rares professeurs bien sous tous rapports si vous voyez ce que je veux dire : jeune, beau, musclé et fort sympathique, si charmant, qu'effectuer cinq tours de stade ou sauter des haies nous paraissaient moins insurmontables, et les filles se disputaient les corps à corps au judo avec l'apollon. En bref, ne pas l'avoir comme prof de sport constituait la première cause d'absentéisme au cours d'éducation physique du lycée Saint - Exupéry. Mais en cet instant, il ne constituait pas ma première préoccupation. Je voulais ajouter ma touche personnelle à ce cours et plongeai la main dans mon sac à la recherche de mon nouveau jouet diabolique. Après tout, ils le méritaient, ils ne prenaient pas ce cours au sérieux. Je mettais ma future plaisanterie à venir, sur le compte de ma nature perfide de petite fée mal intentionnée. Cédric, un des adolescents en chaleur, se porta volontaire pour l'exercice du préservatif et du manche à balai. Il se dirigeait vers notre professeur, lorsque je fis tournoyer ma baguette une première fois depuis l'intérieur de mon sac de cours. Le pauvre garçon trébucha dans l'allée qui séparait les petits bureaux, un rire moqueur partit alors du fond de la classe et se propagea à toute l'assemblée. Je n'en avais pas fini avec lui, ni même avec tous les autres. Il exécuta l'exercice sans peine, signe d'un entrainement intensif dans sa chambre ou d'une pratique récurrente, ce qui l'excluait, dans ce cas, des fabulateurs de la classe. J'ordonnai à ma baguette un petit tour sur elle-même et le petit bout de latex se colla à sa main ce qui déchaina encore plus mes camarades pliés en deux. Le préservatif ne semblait plus vouloir partir de sa main, le malheureux avait beau la secouer dans tous les sens, rien n'y faisait, même notre professeur riait, gêné tout de même, sans pour autant aider l'élève en détresse. Il l'envoya à l'infirmerie tandis que les rires hystériques continuaient de plus belle. Le pauvre ! Il en avait pris au moins pour trois ans de commérages et de plaisanteries en tous genres, du moins jusqu' à son entrée à l'université. Violette me regarda, l'air accusateur, elle devinait qu'il se passait quelque chose d'inhabituel. Je lui faisais un clin d'œil lorsque la sonnerie annonçant la fin de la classe retentit. En me levant de ma chaise, j'exécutai un dernier tour de baguette qui allait dégrafer les soutiens-gorge des demoiselles et déboutonner les pantalons des jeunes hommes. Ils rigolaient tous de ce qu'ils venaient de voir et y allaient de leurs commentaires narquois lorsqu'un malaise se fit sentir en chacun d'eux y compris moi. Il me restait encore beaucoup de choses à assimiler car j'avais été victime du sort réservé à mes camarades. Je replaçai, en toute discrétion, mon soutien-gorge comme la majorité des filles de la classe lorsque quelqu'un me pinça le haut du bras.

Poussière d'étoiles, les nébuleuses diffuses      Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant