Nous volions depuis une petite demi-heure lorsqu'il m'entraina vers les eaux sombres de l'océan. Le passage étincelant finissait sa course juste au-dessous de nous. Je connaissais notre destination. Nous ne pouvons arpenter les autres chemins de Fée à moins d'y avoir été invité.
-Tu m'emmènes chez toi ? le questionnai-je toute excitée.
- Tu as deviné.
Il me regarda, l'air interrogateur et malicieux.
- Sais-tu nager ?
- C'est une blague ? m'énervai-je en haussant la voix.
Etant donné l'endroit où nous nous trouvions, crier ne posait aucun problème.
- Je prends ça pour un oui alors ! Tu es du genre sanguine, tu as raté ta vocation, tu devrais te trouver chez les filles du Feu !
- Je pourrais ainsi brûler cette langue qui ne dit que des conneries ! Bon, on y va ? m'impatientai-je, en lui tournant autour comme une abeille autour d'un pot de confiture.
Nous n'étions plus qu'à quelques mètres de l'eau qui bouillonnait. Des bulles illuminées remontaient à la surface mais aucune vapeur ne semblait s'échapper de ce bouillon d'eau de mer.
- On y va, on y va mais tu dois savoir que le premier passage...
- Est difficile je sais, l'interrompis-je exaspérée, et surtout pressée de vivre à nouveau, une expérience inédite.
- Oui mais c'est encore différent de ce que tu as constaté chez les tiens. Ici, le souffle peut te manquer. Il faut que tu fasses abstraction de ton besoin d'air et ça va aller comme sur des poulettes.
- Roulettes.
- Quoi ?
- Comme sur des roulettes, lui rétorquai en souriant.
Il me faisait rire à ne jamais employer le bon mot dans nos expressions, si chères à notre culture linguistique bleu blanc rouge.
- Oui, oui mais ne prends pas ça à la légère, jeune fille, je ne veux pas de problème avec Stella.
- Quel rapport ?
J'arrêtai net mon tournoiement empressé et posai sur mon ami un regard interrogateur.
- Je dois veiller sur toi, je te rappelle, et ce passage est délicat. Je ne voulais pas te le dire pour que tu ne stresses pas mais tu m'y forces : la première fois, les fées ont du mal à se contrôler et...
- Bon ben, accouche !
- Se noient, révéla-t-il gravement tout en baissant les yeux.
- Tu veux dire qu'elles meurent ? demandai-je abasourdie.
- Non ! répondit-il violemment.
Une nuée de paillettes bleutées explosa autour de lui, signe d'une flagrante montée d'adrénaline.
- Mais elles mettent des jours à s'en remettre et ta grand-mère va me tuer si ça t'arrive, alors tu fais ce que je te dis et pas d'imprudence.
Il débita ces mots à cent à l'heure puis se calma, rendant à son visage ses traits doux et chaleureux.
- Laisse-toi guider, abandonne-toi à l'océan. Ressens le, ne fais qu'un avec lui.
Il prit ma main tout en marmonnant que rien ne semblait m'effrayer et s'élança vers les eaux tumultueuses, noires et pailletées. J'entendis ses dernières paroles dans le brouhaha des vagues :
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Poussière d'étoiles, les nébuleuses diffuses Tome 1
FantasíaLe jour de ses seize ans, Maylis reçoit en cadeau un héritage ancestral, sous le forme d'un médaillon signé de caractères inconnus et serti d'un cristal aussi pur que l'air. Ce qu'elle est loin d'imaginer, c'est que sa vie entière va changer. Elle d...
