Double Je - Aaron (Tome 1)

Chapitre 2 - Aaron

Après l'effort, la récompense. Je peux maintenant me détendre sous le jet tonifiant de la douche. Au premier abord, je frissonne un peu au contact de l'eau glacée. Mes muscles sont encore chauds. Mais cette sensation désagréable s'évanouit très vite et je ressens alors le bien-être que je recherche systématiquement. Une fois entièrement mouillé et délassé, je tourne le robinet pour couper le débit.

J'entreprends de me laver et j'attrape mon gel douche au lait d'ânesse biologique. Je n'achète que les meilleurs produits car mon corps mérite le plus grand soin. J'en mets une noisette dans le creux de ma main et l'applique soigneusement sur ma peau. J'aime autant la délicate odeur qui s'en dégage que sa texture unique.

Une fois que je suis entièrement savonné, je me rince précautionneusement avec une eau légèrement plus tempérée. Un frisson de plaisir me parcourt le dos et, l'espace de quelques secondes, je ferme les yeux.

Puis, c'est au tour de mes cheveux. Comme le reste, je ne néglige pas cette partie de mon corps. Le shampoing que j'utilise est bien sûr lui aussi certifié naturel et, bien entendu, je ne l'achète pas à la supérette du coin. Il est vendu chez mon coiffeur, l'un des plus renommés de la ville.

Une poignée de minutes plus tard, je sors de la douche, me sentant revigoré. Je suis prêt à affronter la journée monstrueuse qui m'attend. Mon travail m'inflige une très grosse pression. J'ai énormément de responsabilités. J'aime les challenges. Que serait une vie sans le dépassement de soi ?

Après m'être entièrement séché, je fais quelques pas vers le lavabo. Je me lave les dents et, avant de me coiffer, j'enduis mon visage d'une série de crèmes très onéreuses. Je me rends alors dans mon dressing, entièrement nu. Là encore, je me regarde dans le grand miroir de la pièce et le reflet qu'il me renvoie me plaît tout particulièrement. Cependant, je sais que je n'ai pas vraiment le temps de m'admirer toute la journée. Je suis sûrement déjà très attendu.

Dans les placards et étagères, mes vêtements sont rangés avec une discipline exemplaire. J'ouvre un tiroir et attrape des sous-vêtements pour commencer. Puis, je pars en direction de la penderie pour choisir mon costume que je porterai dans la journée. À ce niveau, je suis plutôt très classique. Tous mes ensembles sont dans des teintes foncées. J'aime rester sobre dans mon travail. Mais, ils proviennent tous de grands couturiers. Sur ce point, je ne dérogerai jamais à la règle. Le meilleur mérite le meilleur.

Le gris anthracite me paraît parfait pour tes rendez-vous de la journée.

Il ne me reste plus qu'à choisir la chemise, la cravate, la ceinture et la paire de chaussures, puis je serai fin prêt.

Une fois cette tâche accomplie, je m'habille rapidement, nouant mon nœud de cravate à la perfection avant de quitter le dressing. Un passage éclair dans la cuisine pour boire un café serré et je quitte mon appartement. J'ai pris pour habitude de ne jamais déjeuner le matin. Certains me disent que ce n'est pas vraiment ce qu'il y a de mieux pour mon organisme mais je n'aime pas me sentir lourd en partant travailler. On réfléchit beaucoup mieux le ventre vide.

J'appelle l'ascenseur au bout du couloir et jette un coup d'œil à ma montre pendant que la lourde cage d'acier se rend à mon étage. Huit heures et quart. Je suis comme à mon habitude parfaitement dans les temps.

Une sonnerie retentit. L'ascenseur vient d'arriver et les portes s'ouvrent pour me laisser entrer. Je sélectionne le sous-sol et il se remet en route. Je lève les yeux pour regarder les étages défiler au fur et à mesure de ma descente.

Une nouvelle sonnerie. Je viens d'arriver au niveau du parking. Quelques pas supplémentaires et je rejoins ma voiture : une Lamborghini Gallardo noire. Je déverrouille les portières et m'installe à l'intérieur. Au moment où j'allume le contact, mes lèvres se parent d'un sourire. J'appuie un peu sur la pédale d'accélérateur, me délectant du bruit qui emplit mes oreilles. J'adore entendre ce moteur puissant rugir. Il représente pour moi l'une des meilleures mélodies au monde. Et puis, je sais que je ne passe pas inaperçu au volant de ce bolide.Mon adjoint, Jimmy, trouve que mettre autant d'argent dans un tas de ferraille est inutile. Je ne partage pas son opinion. Je vous le rappelle : le meilleur mérite le meilleur.

Après ce moment de plaisir intense, j'enclenche la marche arrière et me dirige vers la sortie du parking souterrain. Le portail détecte le badge installé dans ma voiture et s'ouvre automatiquement, me laissant sortir dans la rue.

Il y a déjà beaucoup de circulation à cette heure de la journée mais j'essaie au mieux de me frayer un chemin. Afin de me détendre, je mets de la musique classique. Les accords de contrebasses et de violons se mêlent à la puissance du moteur. L'ensemble m'enivre réellement.

Je regarde l'heure sur le tableau de bord. Je serai à mon travail à huit heures quarante comme à mon habitude. Toujours pile à l'heure.