Les cheveux attachés, je file chercher mon sac dans la chambre et embrasse Marie, ma meilleure amie. L'université est à dix minutes de métro de mon appartement. Une journée chargée m'attend puisque je passe mes examens semestriels. L'air est frais, le soleil commence à se lever entre les bâtiments. Cette ville est beaucoup trop confinée pour moi. J'ai grandi près de la mer, la liberté à bout de bras. Des après-midi passés à rester allongée sur le sable avec lui. Des souvenirs, trop de souvenirs. Les portes du métro s'ouvrent devant moi et le monde s'engouffre à l'intérieur. Aucun moyen de respirer avec toute cette densité. J'observe les personnes autour de moi : des personnes âgées avec leur caddie ; des enfants, sac à dos pesant cinq kilos ; un homme en costume attire mon attention. Il a le regard vague, son corps est immobile. Le journal est soigneusement plié dans sa main droite. Sa chemise bouge quand il respire. Il a l'air absent, totalement hors de notre temps. Le métro s'arrête brusquement signe que nous sommes au premier arrêt. L'homme descend, absorbé par la foule, il disparaît de mon regard. Quelques minutes plus tard, je quitte le métro et arrive devant la fac. Je me dirige directement vers la bibliothèque universitaire rendre toutes les œuvres empruntées. Lire est une de mes grandes passions et il faut avouer que j'ai plus de temps depuis quelques mois. Plus jeune, je dévorais un livre par semaine. Mon père était heureux, il adorait me voir lire, on a ce trait en commun. Chaque semaine, il trouvait un nouveau bouquin à me faire découvrir, c'était notre truc. Mes parents me manquent, je ne rentre pas tout les weekends puisque j'ai pris un job étudiant dans une épicerie.
Vers douze heures, je file rejoindre Marie ainsi que Léa et Alice. Nous avons fait une colocation à quatre, histoire de réduire le loyer et de ne pas nous retrouver seules. Marie est ma meilleure amie, nous nous connaissons depuis plus de dix ans, elle a toujours été près de moi et il y a une ressemblance étrange entre nous. J'ai connu Léa et Alice durant ma première année à l'université au cours d'anglais. Léa était charmante, en revanche Alice, un peu trop sûre d'elle ce qui m'agaçait mais elle a bien changé. Le thème du jour c'est Paris. Les filles n'y sont jamais allées. Nous terminons nos examens à la fin de la semaine et nous partons vendredi pour la capitale. On a prévu trois jours sur place, histoire de visiter davantage de monuments. Sans vous le cacher, le but c'est aussi de faire le plus de magasins pour dépenser tout l'argent gagnés pendant trois mois. Je déteste Paris. Ma vie a basculé à Paris et le fait d'y retourner m'obsède chaque nuit. Je revis sans cesse cette scène horrible. J'espère que cette occasion d'y retourner m'aidera à oublier grâce aux souvenirs qui laisseront mes amies.
Etant en examen, mes horaires sont décalés et je termine plus tôt que Marie. Je décide de retourner à la bibliothèque pour travailler mes révisions.
- « Comment ce sont passés tes examens ma chérie ? »
Ma mère, Lisebeth. Chaque jour, je reçois un message de sa part. Ses petites attentions me touchent, je sais que je lui manque. Mon frère Tom vit toujours chez nous mais il n'a pas vraiment d'affinités avec ma mère. Tom est un solitaire capable de passer ses vacances enfermé dans sa chambre à faire je ne sais quoi. Il a eu dix-huit ans fin janvier mais ne l'a même pas fêté avec ses amis. Et pour l'anniversaire en famille, on ne l'a pas vu beaucoup non plus.
- « Je me suis pas mal débrouillée. Je termine demain soir, je vous appellerais. Embrasse papa et Tom. Bises. »
J'en profite pour envoyer un message à Marie par la même occasion pour lui dire de me rejoindre à la bibliothèque après son cours.
- Tiens, cadeau ! S'exclame Marie en me tendant un pain au chocolat. Je l'ai trouvé par terre, j'ai pensé que ça t'intéresserais
- Très drôle !
- Ça me détend, j'ai la haine franchement.
- T'as trouvé ton premier cheveu blanc, ta première ride ? Ah non, j'oubliais tu as déjà arraché ton premier cheveu blanc.
- La ferme Coleen, tu m'exaspères et pour ta gouverne les cheveux blancs tu en auras aussi, dit-elle en riant.
Avec Marie, rien n'est sérieux. Toujours un mot pour faire rire. Il n'y a qu'avec elle que je ris sincèrement. On avait douze ans quand on s'est connu, au collège plus précisément. Depuis ce jour on ne s'est plus séparées. Je trouve ça merveilleux de trouver une personne qui vous corresponde autant, qui pense, agit et réagit comme vous. Elle n'a pas eu la vie facile mais elle s'est toujours battue et c'est ce que j'admire chez elle. Ses parents l'ont ainsi dire abandonné à son entrée au lycée. Elle a du se débrouiller seule pour pas mal de choses ce qui fait sa maturité.
Nous quittons la bibliothèque et Marie me raconte qu'une de ses amies commence à l'agacer puisqu'elle ne travaille plus et lui demande tout ses cours. Nous partons vers le métro pour rentrer à l'appartement. C'était encore une journée banale aujourd'hui mais avec les examens, j'ai moins pensé à lui. L'occupation est un bon remède jusqu'au moment où mon cœur indique à mon cerveau qu'il me manque.
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The way you look at me
Cerita PendekColeen était heureuse, puis il a disparu sans crier gare. Elle survit dans l'espoir de le retrouver jusqu'au jour où elle rencontrera une personne qui l'a rendra vivante mais celui qu'elle aime ne s'avère plus aussi accessible qu'elle le pense.