Cela faisait maintenant deux ans que j'étais enfermée dans mon ancien lycée avec tous les élèves qui y étaient scolarisés au moment de la mise en place de ce projet. Depuis que j'avais su pour Gwen dix-huit mois plus tôt, nous avions cherché un moyen de rendre la mémoire à tout le monde tout en continuant de nous entraîner comme de bons petits soldats obéissant à tous les ordres qui leur étaient donnés, comme si nous étions de parfaites coquilles vides. Ce fut après plusieurs mois de réflexion sur le pourquoi du comment de notre présence de souvenirs que nous étions arrivées à la conclusion qu'il fallait parler ou faire faire aux autres des choses qu'ils aimaient avant de devenir des marionnettes. Notre théorie avait été confirmée six mois plus tôt par le professeur Choukhov bien malgré lui. Par la suite, nous avions convenu d'une stratégie pour tous nos camarades en étant le plus discrètes possible. Gwen devait s'occuper petit à petit de ceux qu'elle connaissait pendant que moi, j'en faisais de même de mon côté. C'était pour ça que j'avais eu l'idée d'organiser un match de handball pour mon ancienne équipe et tous ceux qui en avaient fait. J'espérais vraiment que ça marcherait et que nos « tuteurs » ne découvriraient pas la supercherie trop vite. Il ne fallait pas se faire d'illusion, peu après que j'aurais proposé mon idée, le général ferait effectuer des recherches pour savoir d'où venaient les informations que je lui dirais avoir trouvées. Et il ne trouverait aucune source puisque tout venait de ma tête et qu'il n'y avait rien sur site, puisque supprimé ou enlevé. Mais d'abord, il me fallait une autorisation et c'était l'un des plus gros obstacles à mon plan. Elle pouvait très bien être donnée comme elle pouvait être refusée. Et dans le deuxième cas, mon idée tomberait à l'eau et il me faudrait trouver autre chose pour aider mes camarades.
Je me dirigeai vers l'ancienne administration qui leur servait désormais de quartier général pour planifier les missions ou la défense de l'établissement. Le bureau du plus haut gradé, et donc ma destination, se trouvait tout au fond du couloir, là où était la directrice autrefois. Une fois devant, je toquai à la porte et attendis qu'on m'invite à pénétrer la salle.
— Entrez, entendis-je rapidement.
— Bonjour monsieur. Veuillez pardonner mon intrusion, mais j'aurai une demande un peu particulière à vous faire.
— Et quelle est-elle ? s'exaspéra le général, visiblement plus intéressé par les papiers qui jonchaient son bureau.
— Je voudrais... non plutôt serait-il possible d'organiser un match de handball ?
— Et je peux savoir d'où te vient une idée aussi saugrenue, soldat ? réagit-il aussitôt, un mélange de surprise, de doute et de colère dans la voix.
— Je feuilletais les livres de la bibliothèque pour m'occuper pendant la pose lorsque je suis tombée sur un magazine qui abordait le sujet, brodais-je pour couvrir la vérité. Ça m'a intrigué, me poussant à faire quelques recherches. En lisant les règles, j'ai trouvé ce sport intéressant pour nous.
— En quoi cette discipline pourrait être intéressante pour nous, soldat ? questionna l'homme en face de moi, surpris, quoique qu'une pointe d'énervement se sentait dans ses paroles.
— Je me suis dit que cela améliorerait notre esprit d'équipe pour nos prochaines missions sur le terrain, mais aussi la confiance en notre groupe et les autres. De plus, cela permettrait également d'améliorer notre coordination à travers les techniques ou le déplacement dans le jeu de nos coéquipiers.
— C'est vrai que ce n'est pas une si mauvaise idée en fin de compte, accorda le général. Je vais faire une annonce, mais c'est à toi qu'incombera la tâche d'organiser le reste.
Il se leva, signe que l'entretient était fini. Je m'apprêtai à le saluer avant de partir lorsqu'il m'interpella de nouveau.
— Quel est ton nom, soldat ?
— 1304, chef. Merci, mon général, fis-je dans une révérence militaire.
Après ça, je ne perdais pas plus de temps et sortis de la pièce. Mon cœur avait du mal à se calmer devant le stress qu'il m'avait prodigué. Je croyais vraiment qu'il se doutait de quelque chose et qu'il refuserait pendant l'entretient. Je pensais même que c'était parti pour au début. Finalement, j'avais réussi à trouver les bons arguments pour le faire pencher de mon côté de la balance. Intérieurement, j'étais vraiment enthousiaste que ça commence. Cela faisait deux ans que je n'avais pas joué ni touché un ballon, et ça me manquait beaucoup. Pas autant que ma famille à laquelle je pensais tous les jours en me demandant si je les révérais un jour et ce qu'était ce coup de feu avant que je ne m'effondre, mais quand même un peu.
— Soldats, une de vos camarades, 1304, m'a proposé une idée des plus intéressantes. Elle se propose d'organiser un match de handball, une activité collective qui vous permettra d'améliorer votre travail d'équipe, votre coordination et votre confiance envers votre groupe, ce qui vous sauvera peut-être la vie lors d'une mission. Si vous voulez participer, rendez-vous au gymnase.
Je me dirigeai vers le gymnase pour la suite de mon plan après cette annonce aux haut-parleurs du chef. Je vis certains élèves faire de même dont les membres présents de l'équipe de mon ancien club et bien d'autres que je savais d'anciens joueurs.
Mon plan était une réussite pour le moment. Sincèrement, je ne pensais pas que cette idée en séduirait autant, cependant j'étais ravie. Il était vrai que je comptais avant tout sur leur curiosité, les activités autres que les entraînements étant extrêmement rares, mais aussi sur l'influence de leur subconscient qui je l'espérais, les pousserait à venir ne serait-ce que voir ce que c'était. Et la phase rassemblement pour le match était un franc succès.
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Just Remember
Science FictionUne armée de robots, voilà ce que veut chaque gouvernement. Un régiment facilement manipulable et qui obéit au doigt et à l'œil. Et cette troupe, mon pays a réussi à la fabriquer. En effaçant la mémoire de chaque enfant du pays, dans chaque ville e...