Chapitre 2

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- Ahhhhh, ça brûle ! Vous vouliez me tuer ou quoi ?! hurla Erinn en sautant sur elle-même, espérant dissiper la chaleur du liquide.
- Je m'excuse, répondit l'homme maladroitement en se relevant. Je vois que vous avez un beau petit caractère, rajouta-t-il en ricanant.
- En effet, et vous feriez mieux de dégager de mon champ de vision avant que je ne vous demande de repayer le roman que j'ai acheté hier et que vous avez lamentablement trempé.

Elle prit le coin inférieur gauche de la couverture de son livre entre son pouce et son index, le souleva, et le regarda goutter sur la table. Il était complètement imbibé de chocolat chaud. Elle releva la tête, le jeune homme la fixait.

- Vous êtes encore là vous ? Je croyais vous avoir demandé de partir.
- Euh... je... pardon.

Il prit la chaise et fila à grandes enjambées. Erinn le regarda s'enfuir, honteux. " Quel idiot ! " pensait-elle, en secouant la tête de gauche à droite. Évidemment, étant partie pour la journée uniquement, elle n'avait pas de quoi se changer. De plus, elle ne rentrait pas avant la fin d'après midi, son train étant prévu pour seize heures quatorze. Heureusement, sa robe étant noire, la tâche se voyait peu. Elle n'avait de toute façon pas le choix que de rester ainsi vêtue, son sac étant trop petit pour contenir une robe roulée en boule et trempée de cacao. Elle termina son café et partit à la conquête d'un nouveau roman dans la librairie du coin.

Elle poussa la porte du magasin et fit résonner le carillon qui y était suspendu. Elle fit un signe de tête au caissier en chuchotant " bonjour ", laissant son regard s'émerveiller à la vue de tous ces livres et son nez s'enivrer de cette odeur singulière et commune à tous les vieux livres. Son regard se portait toujours sur les romans dont la couverture était colorée. C'est bête mais celle-ci se disait qu'ils finissaient toujours bien, ce qui effectivement, n'était pas toujours le cas. Elle finit par en trouver un à son goût et l'acheta.

- Huit euros s'il vous plait Mademoiselle.
- Tenez.

Elle glissa un billet de dix euros dans la main de la caissière et cette dernière lui rendit la monnaie avec un grand sourire. En même temps, la ville étant déserte, elle devait être une des premières clientes de la journée à être répartie avec un article...

- Merci bonne journée !
- À vous aussi. Au revoir.

Le carillon se remit à résonner et la porte claqua après qu'Erinn soit sortie. Elle s'arrêta ensuite dans une boulangerie et s'acheta quelque chose à manger. Assise sur un banc au milieu du parc de la ville, enfin si on pouvait le nommer comme tel, elle croquait dans son sandwich en observant les canards nager sur le lac. Puis elle fit encore deux ou trois magasins et il était l'heure pour elle de prendre son train. Elle attendant sur la voie de la gare. Il était inutile de préciser laquelle car dans un village comme celui-ci, il n'y en n'avait qu'une seule. C'était déjà presque miraculeux qu'il y en ait une. La voix de la SNCF se fit entendre et le train prit place devant Erinn la décoiffant. Elle remit sa mèche de devant derrière son oreille tout en sachant qu'elle allait retomber trente secondes plus tard, impuissante face au vent.

Elle entra dans le wagon numéro trois et alla s'installer à la place 78, côté fenêtre. Elle mit ses écouteurs dans ses oreilles et lança " Breakfast in America " de Supertramp sur son ipod. Le rythme la berçait. Elle ferma les yeux et s'assoupit sur son siège rouge vif, une main entre les cuisses, l'autre posée sur son genou droit. Elle dormit trois quarts d'heure puis se réveilla à cause de la voix de la SNCF qui criait dans le train l'arrivée en gare de celui-ci. Erinn descendait à l'arrêt suivant dans environ encore trois quarts d'heure. Elle regardait par la fenêtre les familles se retrouver, les couples s'embrasser, les hommes courir et les autres marcher partout sur les quais. Elle profita de l'arrêt du train pour aller chercher à boire dans le wagon-bar. Elle prit son sac à main et s'éloigna de la place 78. Elle passa à côté de nombreuses personnes. Certaines lisaient. D'autres dormaient. D'autres encore jouaient sur leur tablette tactile ou leur portable. Elle enclencha l'ouverture de la porte en poussant la poignée vers la droite.

À fleur de peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant